article | Esker hitzak | Jean Haritxelhar (1923-2013) | Notice | Dans le bulletin |
article | La langue basque | René Lafon (1899-1974) | Notice | Dans le bulletin |
n 60 3 periode n 38 2 trimestre 1973 j8vlletin bulletin trimestriel 0000009000000090000000000090009990090000900000000009000000 o o o o rene lafon professeur honoraire a l universite de bordeaux la langue basque o o v ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooqooqoooooooooooo j ayo n ne bhs le bulletin du musee basque fonde en 1924 3m9 periode a partir de 1964 publie des etudes relatives au developpement du musee des notices nombreuses et detaillees sur les objets qui entrent dans ses collections des chroniques permettant de suivre les diverses formes de son activite enfin la liste de ses acquisitions les notices constituent en particulier un vaste repertoire interessant l histoire les arts et traditions populaires de bayonne et du pays basque le bulletin est a ce titre echange avec les publications des societes savantes de france et de l etranger les articles publies dans le bulletin restent l oeuvre exclusive et personnelle de leurs signataires le comite du musee basque n est pas solidaire des theories ou opinions qu ils expriment conditions de publication l ensemble des fascicules paru dans l annee constitue un tome avec pagination suivie et table des matieres compte des cheques postaux societe des amis du musee basque bordeaux n 2718 14 adresser la correspondance a m le directeur du musee basque 64100 bayonne telephone 25 08 98 articles du bulletin abonnement france etranger 15 f 25 f mm umr e4i chateau neuf 15 place paul bert 64100 baiona bayonnf esker hitzak au debut du mois de mars mon predecesseur a la chaire de langue et litterature basques de l universite de bordeaux m rene lafon me faisait parvenir le tire a part d un long article sur la langue basque paru en anglais dans le volume 9 p 1744 1792 du grand ouvrage collectif current trends in linguistics les tendances actuelles en linguistique dans ma lettre de remerciements je lui demandais s il ne serait pas possible de publier l original fran ais de cet article dans le bulletin du musee basque aussitot m lafon s adressait au professeur thomas a sebeok professeur a l universite d indiana directeur de la publication qui accordait son autorisation j ecrivais ensuite a m peter de ridder directeur de la firme mouton publishers qui publie current trends et j obtenais aussi son assentiment grace au professeur thomas a sebeok et a m de ridder les lecteurs du bulletin du musee basque pourront connaitre la remarquable synthese de m lafon sur la langue basque en tant que directeur du bulletin et en mon nom personnel je tiens a dire a m lafon la joie que j eprouve a publier son article et j adresse au professeur thomas a sebeok ainsi qu a m peter de ridder l expression de toute ma gratitude jean haritschelhar cette etude a ete faite en 1968 et m lafon n y a apporte que quelques modifications de details langue basque la langue basque est la seule langue actuelle de l europe occidentale qui n appartient pas a la famille indo europeenne la seule survivante des langues parlees dans le sud de la gaule et dans la peninsule iberique avant les invasions indoeuropeennes tous les travaux de quelque valeur sur la langue basque a l exception d un livre du hongrois ribary 1877 ont ete ecrits dans des pays d europe occidentale espagne et france en premiere ligne puis angleterre allemagne autriche pays bas italie norvege pendant tres longtemps les etudes basques se sont faites dans des conditions tres differentes des etudes sur les langues classiques romanes germaniques etc qui etaient enseignees dans les universites pendant tres longtemps il n a existe nulle part aucune chaire de langue basque la premiere en date est celle de langue et litterature basques de l universite de bordeaux fondee en 1948 depuis lors des chaires et des centres d etudes ont ete crees en france a pau et toulouse en espagne a saint sebastien a salamanque a pam pelune a deusto pres de bilbao contrairement a beaucoup d autres philologues ou linguistes latinistes hellenistes germanistes indianistes etc les bascologues jusqu a une date toute recente se sont formes eux memes en etudiant la langue directement et dans les travaux de leurs predecesseurs souvent en s aidant de leurs conseils enfin en mettant a profit les connaissances et l experience linguistique qu ils avaient acquises sur d autres domaines philologie classique linguistique indo europeenne langues romanes langues causasiques tamoul eskimo langues amerindiennes peu de chercheurs vraiment qualifies se sont specialises dans la philologie et la linguistique basques c est que ces disciplines ne menaient a aucun poste dans l enseignement et n etaient d aucune utilite aux etudiants dans leurs examens et concours en france un progres a ete realise recemment depuis 1966 la langue basque peut etre choisie a l universite de bordeaux comme deuxieme langue vivante dans la preparation de la licence d enseignement 3 langue basque 59 introduction a remarques sur quelques travaux importants anterieurs a 1918 pendant longtemps on a decrit et analyse la langue basque en essayant de faire entrer sa declinaison et sa conjugaison dans les cadres de la grammaire latine grecque fran aise espagnole tout en repetant qu elle etait faite d une maniere tout autre que ses voisines geographiques l espagnol le fran ais et le gascon il ne faut pas sous estimer en bloc les travaux des basquisants d autrefois ils ont reuni des observations justes et signale des faits importants mais ils se sont trop peu soucies de definir d apres leur contexte ecrit ou oral la valeur exacte des formes nominales et verbales et de determiner leurs rapports morphologiques et syntaxiques de plus ils ont passe a cote de faits qu ils connaissaient sans doute mais qui n ont pas attire leur attention ainsi tout le monde savait que dans la conjugaison le suffixe ke sert a exprimer la possibilite du il l a duke il peut ou pourra l avoir on savait aussi que dans le dialecte souletin il sert a exprimer d une part le futur d autre part la probabilite du il l a duke il l aura il l a sans doute il doit l avoir mais personne ne s etait demande ce qu il pouvait y avoir de commun entre ces diverses valeurs et quelle pouvait etre la valeur primitive du suffixe en outre personne n avait note que meme dans la langue moderne ke peut avoir encore une autre valeur car dakarke signifie il le porte sans que l on considere un terme en regard de dakar il l apporte personne non plus n avait note qu au xvie siecle le present a suffixe ke s employait souvent notamment dans les proverbes pour exprimer une verite intemporelle personne n avait considere l ensemble de ces faits pour essayer de reduire ces significations a l unite de remonter a une valeur primitive et de determiner la place des formes a suffixe ke dans le systeme de la conjugaison v plus loin p 92 et lafon syst i p 446 454 pendant longtemps les erudits les grammairiens les philologues et meme parfois les linguistes qui ecrivaient sur la langue basque avaient comme souci majeur d aligner ou de presenter en tableaux le plus grand nombre possible de formes surtout verbales et de variantes car d abord la langue 60 langue basque 4 basque est tres riche en formes verbales et ces formes peuvent contenir de un a trois indices personnels de plus le basque existe a l etat de dialectes huit selon le prince louis lucien bonaparte divises eux memes en sous dialectes v plus loin p 108 son nom meme differe suivant les regions euskara heuskara euskera uskara uskera ilskara prononce uska eskuara eskara le gout exagere des details detournait l esprit de considerer l ensemble et a plus forte raison de chercher le systeme il en resultait des listes et des tableaux de formes provenant souvent de regions et d epoques differentes parfois inventees par des grammairiens qui manquaient d homogeneite et ne respectaient ni l opposition de la synchronie et de la diachronie ni la realite de la synchronie nous allons citer quelques exemples montrant les defauts qui entachent certains travaux importants et indiquer les precautions qu il faut prendre pour les utiliser les baskische studien 1893 de hugo schuchardt contiennent p 4 une remarque de trois ou quatre lignes qui est l une des plus profondes qui aient ete faites sur la structure du systeme du verbe basque mais dont on n a pas aper u la portee lafon syst i 504 car la typographie ne la fait pas ressortir et elle est comme perdue au milieu d une liste de formes de plus l illustre linguiste faisait a son sujet un rapprochement qui n est pas fonde avec le systeme du verbe arabe ce memoire tres important n a pas ete assez lu ni surtout assez utilise parce qu il est trop compact et que le lecteur ebloui par la richesse et la variete de la documentation a parfois peine a suivre l argumentation de l auteur une autre oeuvre tres importante est le verbe basque de bonaparte 1869 schuchardt s en est beaucoup servi le titre tres long porte le verbe basque en tableaux accompagne de notes grammaticales selon les huit dialectes de l euskara avec les differences de leurs sous dialectes et de leurs varietes recueilli sur les lieux memes de la bouche des gens de la campagne dans cinq excursions linguistiques faites dans les sept provinces basques d espagne et de france pendant les annees 1856 1857 1866 1867 1869 cet ouvrage inacheve est con u d une fa on assez bizarre et qui n est pas faite pour donner ou pour suggerer des idees d ensemble les observations initiales contiennent sans ordre logique des faits phonetiques morphologiques et lexicaux dont beaucoup sont importants mais qui ne sont pas systematises bonaparte ne tient pas compte du fait que le biscayen occupe une place a part dans l ensemble des dialectes basques les dialectes dits 5 langue basque 61 litteraires biscayen guipuzcoan labourdin et souletin sont mis au premier plan separes des autres on se demande souvent si les formes que l auteur donne pour eux sont celles de l usage courant des gens de la campagne ou celles de la langue litteraire en outre il parait invraisemblable que les gens de la campagne lui aient donne pour certains modes et temps rarement employes des series completes de formes comprenant toutes les combinaisons theoriquement possibles d indices personnels bonaparte d ailleurs reconnait lui meme note 1 au 14e tableau supplementaire que le labourdin vulgaire ne presente pas absolument toutes les formes qu il a enregistrees dans son 10e tableau preliminaire quoique le dialecte litteraire n hesite pas a s en servir enfin les deux tableaux ou il presente les voix les modes et les temps simples et les temps dits composes des quatre dialectes litteraires ne donnent en rien une idee claire et exacte du systeme verbal bonaparte s est efforce de dresser des inventaires le plus complet possible il etait arrive finalement a un total de 32 temps simples et 104 temps composes c est ce dernier inventaire que gavel et lacombe ont reproduit en 1937 dans leur grammaire 24 p 50 62 parce qu il est disent ils le plus detaille et le plus exact qui a leur connaissance ait jamais ete etabli il est a peine besoin de faire observer ecrivent les deux auteurs p 51 qu il est obtenu en tenant compte a la fois de tous les dialectes litteraires et de li arrague ecrivain du xvie siecle il en resulte qu aucune variete dialectale au moins dans son etat actuel ne presente integralement tous les temps qui figurent dans cette liste on voit combien ce culte du detail a ete tenace et comment il a conduit des bascolo gues qui comptent parmi les meilleurs connaisseurs de la langue basque a mettre sur le meme plan des faits de dates differentes et de lieux differents des pieces essentielles de la conjugaison et des variantes de faible interet enfin a ne pas voir les grandes lignes du systeme verbal c c uhlenbeck a publie en 1903 en allemand un memoire dont la traduction fran aise due a lacombe a paru en 1909 et 1910 dans la rieb et qui est un travail fondamental contribution a une phonetique comparative des dialectes basques l auteur a eu d autant plus de merite a le composer que le dictionnaire d azkue n existait pas encore aussi est il naturel que l on doive verifier un grand nombre des formes dialectales qu il cite mais on s etonne qu un linguiste de cette valeur n ait pas eu l idee de dresser ne fut ce que pour un ou deux dialectes des tableaux des voyelles et des consonnes comme on le faisait des cette epoque pour d autres langues de plus 62 langue basque 6 il n a pas suffisamment indique que certaines consonnes ne se rencontrent pas a la finale d autres a l initiale et que si l on considere l ensemble des dialectes c est a l interieur des mots entre voyelles que l on rencontre toute la serie des consonnes enfin il s est servi de termes inexacts et qui peuvent induire en erreur en parlant de n aspire de r aspire et de aspire car si ph th kh sont bien en basque des occlusives aspirees qui peuvent se rencontrer a l interieur et a l initiative des mots par contre les graphies nh rh et ih notent des groupes disjoints ou la frontiere syllabique passe entre n r ou et h et ne se rencontrent qu a l interieur des mots on ne peut pas sauf si l on procede a une description et a une analyse strictement synchroniques d un parler ou bien d un dialecte litteraire possedant une norme negliger les autres dialectes bonaparte a ete un initiateur incomparable en dialectologie basque et pour sa belle carte des sept provinces basques qui porte la date de 1863 mais qui a ete etablie en 1871 ou 1872 il doit etre tenu pour un des fondateurs de la geographie linguistique mais bien qu il connut mieux que personne les rapports entre les dialectes le tableau qu il en donne a la page iv de son verbe ne reflete pas du tout les affinites qui existent et qu il signale d autre part entre les dialectes de la moitie orientale du pays lafon pirineos en tout cas sa classification des dialectes sous dialectes et varietes est solide et toujours valable et l on doit regretter que azkue ne l ait pas suivie completement dans son monumental dictionnaire 1905 car il a cru bon d englober sous les sigles an et bn respectivement le haut navarrais septentrional et le meridional le bas navarrais occidental et l oriental de plus il rapporte au labourdin le parler de bardos qui appartient geographiquement au labourd mais qui est une variete tres originale du bas navarrais oriental la critique est aisee surtout a soixante ou meme cent ans de distance les defauts qu un bascologue d aujourd hui peut reprocher aux travaux dont nous venons de parler ne doivent pas faire oublier qu ils sont fondamentaux et qu ils constituent toujours des instruments indispensables b l etat des etudes sur la langue basque en 1918 aucun livre important sur la langue basque n a paru entre 1905 et 1920 entre le dictionnaire d azkue et les elements de phonetique basque de gavel mais on a beaucoup travaille dans 7 langue basque 63 l intervalle surtout grace a la revue internationale des etudes basques revista internacional de estudios vascos fondee en 1907 par julio de urquijo et georges lacombe tous deux basques elle a paru jusqu au debut de la guerre civile espagnole 1936 elle etait ouverte a toutes les branches des etudes basques mais elle a toujours fait une place de choix a la philologie et a la linguistique et elle leur a rendu des services inestimables on ne saurait trop remercier ceux qui l ont fondee et dirigee schuchardt uhlenbeck vinson lacombe urquijo gavel et nombre d autres y ont publie des articles et des comptes rendus de plus la rieb avait publie ou commence a publier en 1918 des textes basques anciens difficiles a se procurer et elle a ainsi permis aux philologues de les etudier onsa hilceco bidia 1666 de jean de tartas guero 1643 d axular les refranes y sentencias de 1596 avec un precieux commentaire de urquijo la fondation en 1918 de l academie de la langue basque euskaltzaindia ou sont entres des le debut des philologues et des linguistes a cote des ecrivains et des historiens a contribue au developpement des etudes sur la langue basque une large place est faite a ces etudes dans les seances de l academie et dans euskera la revue qu elle publie depuis 1920 64 langue basque 8 apres 1918 i comment l esprit structuraliste a penetre dans les etudes basques les bascologues d avant 1918 ont garde jusqu a la fin de leur vie chacun son tour d esprit et n ont pas ete touches par les idees structuralistes un seul fait exception uhlenbeck qui s est ouvert d une part aux conceptions nouvelles de la linguistique d autre part a la psychanalyse il ne faut pas cependant oublier que l on trouve parfois apres 1918 comme avant cette date des remarques sur des traits de structure dans des travaux d esprit traditionnel on sait que l expression de linguistique structurale est prise dans plusieurs acceptions differentes les linguistes qui travaillent actuellement sur la langue basque adoptent meme s ils ne s y referent pas la conception qu e benveniste definit en ces termes la langue forme un systeme de la base au sommet depuis les sons jusqu aux formes d expression les plus complexes la langue est un arrangement systematique de parties elle se compose d elements formels articules en combinaisons variables d apres certains principes de structure probl de ling gener p 21 aucun des bascologues qui ont adopte le point de vue structuraliste ou s en sont inspires n a voulu s abstraire de la signification des mots et des formes et definir le rapport entre la forme et le sens en termes de comportement aucun ne semble repousser comme entachees de teleologie les notions d equilibre et de tendance il est fort douteux en effet que la notion de tendance puisse etre eliminee de l etude des manifestations de l activite humaine on ne peut pas non plus bannir de la linguistique celle d une hierarchie entre les elements de la structure a condition cela va sans dire de la definir d une fa on precise et qui n ait rien d anthropomor phique au point de vue methodologique l esprit structuraliste est de nature a rendre aux bascologues un tres grand service il les delivre de la tyrannie du detail source de stagnation de la crainte qu on eprouve parfois devant la multitude et l enchevetrement formidable des faits de langage car sur le fond confus des donnees brutes se degageront les traits essentiels de la structure offrant pour la recherche ulterieure un cadre 9 langue basque 65 adequat a l objet ces remarques d a martinet sur les services que la linguistique structurale peut rendre aux recherches de grammaire comparee travaux 1956 p 21 s appliquent parfaitement aux etudes sur la langue basque multiforme par ses dialectes mais une par sa structure si l on met a part le veteran qu etait uhlenbeck 1866 1951 qui porta toujours un vif interet a la linguistique generale les idees structuralistes ont ete introduites dans l etude du basque par des linguistes qui a cause de leur age ne sont entres en ligne que dans le second quart de ce siecle l michelena des ses premiers travaux environs de 1950 se montre impregne d esprit structuraliste en 1951 un chef d ecole structuraliste a martinet s attaque aux questions du consonantisme basque de son etat primitif et de l accent plus tard en etudiant la construction ergative et les structures elementaires de l enonce il cite les faits basques et il en donne une interpretation personnelle il est d avis que le basque appartient a un type de langue qui ignore le syntagme sujet predicat et qui construit regulierement ses enonces par determinations successives d un predicat d existence tout se ramene en basque selon lui a la relation determinant determine en 1956 h vogt publie des remarques sur la structure formelle du verbe basque l auteur du present chapitre qui s etait engage dans les etudes caucasiques et basques en 1926 a vecu la periode ou la linguistique structurale est nee qu il lui soit permis de dire ici comment il s est lance dans ces etudes et dans quel esprit il les a menees ma formation a ete celle d un professeur de philosophie ce qui m a oriente de bonne heure vers la linguistique c est d une part la lecture faite a la fin de 1918 de l aper u d une histoire de la langue grecque de a meillet et d autre part la reflexion sur le probleme des rapports des categories mentales et des categories grammaticales je lus ensuite le cours de linguistique generale de f de saussure je n en saisis pas toute la portee mais je retrouvai dans sa definition de la langue opposee a la parole l essentiel de la definition que durkheim avait donnee du fait social de plus la distinction que saussure etablit entre le synchronique et le diachronique me rappela celle qu auguste comte fondant la physique sociale ou sociologie etablissait entre le point de vue statique et le point de vue dynamique je n avais jamais suivi les cours de meillet et de vendryes mais je vis applique dans leurs livres et dans leurs articles le principe proclame par saussure et par eux memes de l accord indispensable entre la philologie et la linguistique d autre part plusieurs 66 langue basque 10 annees avant la naissance du structuralisme meillet avait affirme l importance des notions de systeme et de structure dans une notice sur la linguistique ecrite en 1915 pour un recueil intitule la science fran aise a l occasion de l exposition de san francisco meillet dit parlant de f de saussure toute langue est un systeme rigoureusement articule grace a lui on a ete amene a voir comment tout se tient dans le systeme d une langue dans son introduction a l etude comparative des langues indo europeennes il termine ses remarques generales sur les elements morphologiques par cet alinea d une seule phrase on ne remarque pas assez a quel point tout se tient dans la structure d une langue 6e ed 1924 p 155 dans l avant propos de la 7e edition refondue 1934 la derniere qui ait paru de son vivant il fait allusion au developpement que les vues de saussure ont entraine a geneve et a prague l alinea cite plus haut est devenu cette affirmation de principe p 187 tout se tient dans la structure d une langue deux lectures determinerent d une fa on decisive mon orientation d une part celle des langues du monde par un groupe de linguistes sous la direction d antoine meillet et de marcel cohen 1924 d autre part celle d un compte rendu de meillet consacre au livre d alfredo trombetti le origini delia lingua basca dans bsl t xxvi 1925 p 273 je vis que personne en france n etudiait les langues caucasiques du sud d autre part je fus frappe par les lignes ou meillet signalait comme deux taches urgentes qui attendent les jeunes linguistes courageux la constitution de la grammaire comparee des langues caucasiques et de celle des langues couchitiques que trombetti considerait comme les plus proches parentes de la langue basque je decidai d etudier le georgien puis les autres langues caucasiques du sud qui forment un groupe bien delimite et assez homogene je m en ouvris par lettre en 1926 a m cohen qui d accord avec meillet m y encouragea il me conseilla de me tourner aussi vers le basque pour pouvoir juger de la valeur de la theorie de marr sur la parente du basque et des langues caucasiques en septembre 1926 je rencontrai a larrau haute soule le caucasologue russe nicolas iakovlev professeur a l institut oriental de moscou qui envoye a paris en mission par son gouvernement etait alle passer quelques jours dans ce village basque de montagne afin d y faire quelques observations il me donna des conseils me dit qu il ne fallait pas borner mon etude aux langues caucasiques du sud et qu il convenait meme de commencer par celles du versant nord de type plus archaique l abkhaz puis 11 langue basque 67 le tcherkesse il me dit l importance des idees de baudouin de courtenay apres son retour en russie il m envoya ses tablicy fonetiki kabardinskogo jazyka moscou 1923 ou je vis pour la premiere fois presente en tableau le systeme des phonemes d une langue parlee observee sur place le kabarde ou tcherkesse oriental l auteur s inspirait des idees de baudoin de courtenay qui assignait aux phonemes une valeur differentielle et fut par la un precurseur de la phonologie j etudiai donc a la fois le georgien le kabarde et le basque j abordai cette derniere langue de deux fa ons je lus des textes des livres des articles en premier lieu l admirable commentaire linguistique que schuchardt a fait en 34 pages de la traduction par li arrague 1571 de la parabole du fils perdu primi tiae linguae vasconum d autre part j appris sur place le parler de larrau gavel et lacombe me donnerent des renseignements et des conseils enfin les articles de nicolas troubetzkoy notamment sur le consonantisme des langues caucasiques me permirent de m initier de bonne heure a la phonologie et de suivre son developpement ii initiation a la langue revues hugo schuchardt 1842 1927 a publie vers la fin de sa longue carriere deux travaux courts mais importants primi tiae linguae vasconum einfiihrung ins baskische 1923 dont nous avons parle un peu plus haut et das baskische und die sprachwissenschaft 1925 dont meillet a rendu compte dans bsl t xxvi 1926 p 18 22 brefs exposes de la langue basque et de ses caracteres generaux c c uhlenbeck la langue basque et la linguistique generale in lingua i 1947 p 59 76 on peut mesurer le chemin parcouru en linguistique basque depuis l article du meme savant caractere de la grammaire basque paru dans rieb t ii 1908 p 505 534 g lacombe la langue basque in les langues du monde nouvelle edition 1952 p 255 270 ce chapitre a ete redige entre 1938 et 1940 la bibliographie a ete mise a jour jusqu a fevrier 1953 par r lafon compte rendu par r lafon in brsvap ix 1953 p 299 334 r lafon quelques traits essentiels de la langue basque in brsvap vii 1951 p 13 24 plusieurs revues d etudes basques ont publie ou publient des articles et des comptes rendus sur la langue et des textes soit anciens soit modernes la revue internationale des etudes basques a continue a paraitre jusqu en 1936 un index alpha 68 langue basque 12 betique par noms d auteurs de tout ce qui a ete publie dans les t i a xx 1929 a paru en 1930 le boletin de la real sociedad vascongada de amigos del pais san sebastian remplace la rieb depuis 1945 euskera bilbao 1920 1935 et a partir de 1956 est le recueil periodique des travaux et actes de l academie de la langue basque gure herria gh notre pays ustaritz basses pyrenees depuis 1921 le bulletin du musee basque bayonne fonde en 1924 eus ko jakintza ej connaissance des choses basques bayonne de 1947 a 1957 en 1967 a paru le 1er fascicule de l anuario del seminario de jilologia vasca julio de urquijo consacre a la philologie et a la linguistique basques dirige par manuel agud et luis michelena cette revue paraitra a raison d un ou deux fascicules par an en 1969 nait la revue fontes linguae vasconum patronnee par la institucion principe de viana et le consejo cultural de navarra le bulletin de la societe de linguistique de paris bsl a publie autrefois et publie souvent depuis 1947 des articles et des comptes rendus touchant la langue basque via domi tia vd qui parait a toulouse depuis 1952 publie souvent des articles de linguistique de philologie et de dialectologie basques avec cartes la revue de l enseignement superieur paris a publie un article de r lafon la linguistique basque et caucasique avec une bibliographie 1967 n 3 4 p 56 66 iii les grammaires basques comme la langue basque est divisee en dialectes tous ceux qui ont ecrit avant ou apres 1918 une grammaire basque ont choisi pour base un dialecte ou il existait une norme assez bien definie c est a dire un dialecte dit litteraire le plus souvent un dialecte central le labourdin ou le guipuzcoan plus rarement un des deux dialectes marginaux le biscayen ou le souletin tous ces dialectes ont en effet servi a ecrire des oeuvres litteraires on a d ailleurs oublie que le cizain sous dialecte du bas navarrais oriental avait servi au xvie siecle a ecrire une des plus belles oeuvres de la litterature basque les poesies de bernard dechepare quoi qu il en soit les grammaires qui ont ete publiees ne sont pas homogenes car elles signalent aussi des faits de la langue parlee et aussi parfois des faits d autres dialectes de plus un structuraliste peut leur reprocher meme quand elles consacrent un chapitre aux traits generaux de la langue de ne pas mettre en relief la structure du systeme ses symetries et ses dissymetries 13 langue basque 69 il convient de citer la lengua vasca de i lopez mendiza bal 1949 qui a pour base le guipuzcoan et la gramatica vasca dialecto vizcaino de pablo de zamarripa y uranga 1928 1955 la grammaire basque de gavel 1929 est consacree aux parties du discours autres que le verbe bien que voulant etre surtout pratique elle contient des vues theoriques importantes c est le labourdin litteraire qui constitue la base de l expose mais le souletin y est souvent cite parfois aussi le biscayen le t ii qui devait etre consacre au verbe et pour lequel gavel s etait adjoint comme collaborateur lacombe est reste inacheve il n en a ete publie que 80 pages en 1937 la grammaire basque du chanoine pierre lafitte 1944 1962 est excellente l auteur est un des meilleurs ecrivains basques actuels n etant pas linguiste et il le dit il n a pas cherche a faire oeuvre de linguiste son livre repond a une intention pratique et normative l auteur veut definir le bon usage et degager les normes d une langue litteraire qui se constitue depuis soixante ans sur la base du labourdin avec melange de nombreux elements navarrais et meme des traces de souletin elle tend a devenir commune a presque tout le pays basque continental l auteur l appelle navarro labourdin litteraire l esprit de cette grammaire est donc fort eloigne de celui de la linguistique structuraliste malgre cela elle est indispensable a tout bascologue meme averti et aux linguistes qui veulent savoir avec precision comment la langue basque est faite et comment elle fonctionne les cadres ou les faits sont ranges meme si on les discute n empechent pas de saisir la valeur exacte des formes car l auteur qui a une connaissance profonde de la langue a illustre son expose d un tres grand nombre d expressions et de phrases qu il a traduites avec exactitude de plus il a aper u deux traits importants de la structure du verbe l opposition du present et du groupe passe eventuel et l opposition des formes nues sans caracteristique selon son expression et des formes a suffixe ke 415 417 iv les sons phonologie prosodie versification quand on veut classer les travaux qui ont ete faits sur le domaine des sons en basque on se heurte a une difficulte sans doute certains portent sur l ensemble des dialectes et certains autres ne visent qu a faire connaitre ce qui se passe dans un dialecte voire dans un parler local ces derniers doivent etre ranges sous la rubrique dialectologie mais 70 langue basque 14 il en est qui bien que consacres a un dialecte ou meme a un parler local ont une portee plus grande et font connaitre des faits de structure ou d evolution communs a plusieurs dialectes le classement est alors arbitraire nous les rattacherons a cette section et non a celle qui est reservee a la dialectologie la periode posterieure a 1918 a ete marquee par la publication de deux grands ouvrages elements de phonetique basque d henri gavel en 1920 et fonetica historica vasca de luis michelena en 1961 h gavel 1878 1959 etait ne en normandie il fut romaniste avant de devenir bascologue et il le resta il connaissait a fond entre autres langues romanes l espagnol et le gascon son epouse souletine etait tres attachee a son dialecte qui etait en honneur dans son milieu familial gavel etait devenu rapidement un des bascologues les plus autorises il etait epris de precision et de rigueur quand il se risquait a presenter une hypothese il ne cachait jamais ce qu elle pouvait avoir de douteux son livre qui est sa these de doctorat es lettres est le premier expose d ensemble qui ait ete fait de la phonetique basque et il est fondamental l auteur ne neglige aucun dialecte sans doute il ne systematise pas les faits a la maniere des phonologues mais il est souvent facile de traduire dans le vocabulaire de la phonologie les faits qu il expose il convient de citer parmi les travaux parus dans les annees suivantes azkue fonetica vaca 1919 qui contient des faits dialectaux interessants c c uhlenbeck zur ver gleichenden lautlehre der baskischen dialekte berichtigun gen 1923 qui complete et corrige son premier memoire t navarro tomas pronunciacion guipuzcoana 1925 les deux livres de phonetique instrumentale de l abbe jean larras quet souletin 1928 avec figures traces et palatogrammes etudes phonologiques la fonetica historica vasca de l michelena est caracterisee par deux innovations importantes l application du point de vue phonologique a l ensemble du domaine basque la consideration de formes tres anciennes de la langue basque langue aquitaine et langue vasconne basque medieval ce livre remarquable ne pretend pas remplacer le memoire de uhlenbeck et l ouvrage de gavel mais il les depasse et en meme temps l auteur integre ce qu ils contiennent de positif a ses propres conceptions inspirees des principes de la phonologie il s appuie sur tous les travaux anterieurs de quelque importance le livre contient de la phonologie synchronique et de la diachronique mais il ne les 15 langue basque 71 mele pas l auteur cite beaucoup de faits inedits tires de son propre parler celui de renterla guipuzcoa il tient compte de tous les dialectes le haut navarrais septentrionnal et le meridional ainsi que le souletin et le roncalais y occupent beaucoup plus de place que dans aucun ouvrage anterieur ii examine tous les grands problemes y compris celui de l accent qui est aborde de front et dans toute son ampleur pour la premiere fois c est aussi la premiere fois qu un bas cologue utilise dans un ouvrage de phonetique basque la langue des aquitains et des vascons qui est de l avis de tous les specialistes une forme ancienne de la langue basque ainsi que les noms communs adjectifs et noms propres basques contenus dans des documents medievaux l histoire du pho netisme basque commence ainsi un peu avant l ere chretienne et apres un trou de quelques siecles reprend au moyen age la plupart des travaux mentionnes dans ce qui suit sont anterieurs au livre de michelena et y sont cites et utilises a phonologie synchronique traits essentiels du systeme basque l ensemble des par lers basques possede les cinq voyelles i e a o u qui sont autant de phonemes et qui servent aussi a former les diphtongues ei ai oi eu au les traits les plus frappants du systeme consonantique sont l existence d une r apicale dite forte notee rr entre voyelles distincte phonologiquement de l r dite douce comme en espagnol de mi chuintantes distinctes a la fois des sifflantes pures et des chuintantes celles ci toujours mouillees enfin dans les parlers basques fran ais d occlusives aspirees variantes des occlusives sourdes le basque ne possede pas la spirante labio dentale sonore correspondant a la sourde celle ci ne semble pas se rencontrer dans des mots vraiment basques sinon dans quelques mots expressifs plusieurs consonnes peuvent etre mouillees n l t d conservent alors leur articulation fondamentale mais r douce se mouille en ii la sifflante pure sourde notee z la mi chuintante notee s et les affriquees sourdes correspondantes lorsqu on les mouille se transforment en chuintantes notees respectivement x et tx aux quatre sibilantes non mouillees deux spirantes et deux affriquees correspondent deux mouillees une spirante et une affriquee chuintantes la mouillure a souvent une valeur affective diminutive ou caressante zokho coin xokho petit coin coin familier mais il n en est pas toujours ainsi jan mange jo frappe jaun seigneur monsieur dont l initiale se prononce en labourdin comme un d mouille n ont aucune valeur affective 72 langue basque 16 ce d mouille ne provient pas d ailleurs ici d un ancien d ordinaire dans d autres dialectes l initiale de ces mots se prononce comme un jod ou comme une jota espagnole ou comme un j fran ais mais mouille aspiration v lafon melanges gavel la spirante h et les occlusives aspirees ne se rencontrent que dans le basque parle au nord des pyrenees c est le seul point a propos duquel la frontiere politique qui est ici une frontiere naturelle constitue une limite linguistique il faut distinguer le cas de h initial celui des occlusives ph th et kh et celui des sequences nh ih rh ou la frontiere syllabique passe entre n l r et h v plus haut p 62 h initial est dans certains dialectes un phoneme qui s oppose a zero initiale vocalique hala ainsi ala ou les occlusives aspirees sont des variantes phonetiques des sourdes ordinaires on ne trouve nulle part un ekharri distinct de ekarri porte apporte c est l un ou l autre suivant les parlers et parfois meme selon les sujets parlants qui s oppose a egarri altere soif ces aspirees ne sont pas primitives comme le montrent par exemple bortha porte de lat porta aphirila avril de aprilis enfin il n y a pas de mots ou de formes grammaticales qui se distinguent par la presence d un h apres n l ou r alhor champ est une variante de alor aucun mot basque dans aucun parler ne se termine par une labiale m p b ni par une occlusive sonore ni par f ni par h ni par la consonne notee j un mot basque ne commence jamais par une r douce ou forte lorsque le basque emprunte des mots commen ant par r il la fait toujours preceder d une voyelle prothetique le plus souvent e ou a et elle est forte errege roi arrapostu errepostu reponse aucun mot basque ne peut contenir de consonne double entre voyelles les occlusives sourdes ne subissent pas d alteration les occlusives sonores sont sujettes a devenir des spirantes qui sont alors de simples variantes des occlusives et meme a disparaitre la voyelle il du type de u dans fr lune ne se rencontre devant consonne ou en fin de mot qu en souletin mais non en roncalais et dans le bas navarrais oriental du pays de mixe et de bardos les sequences ua iii s observent dans quelques parlers bas navarrais orientaux et occidentaux tous les parlers basques n ont pas exactement le meme systeme phonologique celui du labourdin litteraire moderne lafon etudes p 11 21 comprend les cinq voyelles et les cinq diphtongues indiquees plus haut et les vingt phonemes 17 langue basque 73 consonantiques suivants les labiales p et ph b m la labio dentale f les apico dentales t et th d n j notant d mouille la laterale l les vibrantes apicales r et rr les sifflantes z et tz les mi chuintantes 5 et ts les chuintantes mouillees x et tx les dorsales k et kh g la laryngale h n t et l mouilles n ont pas rang de phonemes le plus riche et le plus complexe des systemes phonologiques basques est celui du souletin courant sauf qu il a perdu ses r douces intervocaliques et par suite l opposition phonologique de r douce et de r forte hari fil est devenu hai monosyllabique et harri pierre est reste tel quel lafon hommage a martinet accent et intonation nous nous bornerons a donner quelques indications sur les faits souletins dans les autres dialectes il n y a pas d accent de mot a place fixe la fin de la phrase assertive au moins dans les dialectes basques fran ais est marquee par une descente de la voix la melodie de la phrase n a d ailleurs ete etudiee que d une fa on insuffisante l accent souletin est un accent d intensite et en meme temps de hauteur sa place est fixee par des regles il est en principe sur l avant derniere syllabe il se deplace au cours de la flexion de plus il est place sur la derniere syllabe dans certaines formes verbales des formes allocutives de tutoiement et quelques formes de pluriel dans quelques uns des mots dont la derniere syllabe contient une diphtongue et dans des mots d emprunt exemples mendi montagne mendia la montagne mendietan dans les montagnes du il l a die ils l ont forme indifferente die et dme id formes allocutives de tutoiement di at je l ai di agii nous l avons formes allocutives de tutoiement zia vous etes resp ziade zide vous etes pl zuha arbre de ziihain uhaitz gave riviere mais hogei vingt les sequences ia ua surtout en syllabe finale sont souvent reduites a i u meme dans l usage litteraire de la langue ce qui accroit beaucoup le nombre des oxytons men dian dans la montagne leihuak les fenetres semia bezala comme le fils giinian nous l avions banuak je vais alloc masc deviennent mendin leihuk semi bezala giinin banuk dans les cas enumeres ci dessus la forme pleine coexiste avec la forme contracte mais il n en est pas toujours ainsi par exemple eliza l eglise se distingue par la place de l accent de eliza eglise ici il est facile de voir que eliza provient d une forme pleine eliza a qui n est pas employee la place de l accent sur la derniere syllabe indique donc souvent qu une contraction de voyelles a eu lieu on 74 langue basque 18 peut ainsi reconstituer des formes anciennes non attestees l etude de l accentuation actuelle vient alors en aide a la phonologie et a la morphologie diachroniques ainsi il est certain que ginen nous etions en regard de gindte nous serions repose sur gina en ou le suffixe du passe figurait sous la forme en les finales souletines d ergatif de genitif de datif et d instrumental pluriel ek en er ez proviennent de l addition de suffixes atones e k en er e z a un suffixe de pluriel ag qui constituant l avant derniere syllabe du mot portait l accent la finale ak atone du nominatif pluriel n est autre que ag sans rien de plus dont le g est devenu sourd en fin de mot la place de l accent a parfois une valeur distinctive morphologique eliza eglise eliza l eglise bi gizunen de deux hommes bi gizunen des deux hommes die et die ils l ont forme indifferente forme allocutive masc zia vous etes zia il etait alloc masc idik ergatif indefini de idi boeuf idik variante de idiak nominatif pluriel et erg sg l unite accentuelle est le plus souvent le mot mais il arrive que certains mots ne portent pas d accent p ex et a et qui est normalement paroxyton est atone dans zu eta ni vous et moi dans ikhusi dit je l ai vu l auxiliaire dit est souvent atone l accent contribue a individualiser les mots ainsi dans la phrase ikhusi dit zue alhaba haen amaeki j ai vu votre fille avec sa mere litt vu je l ai de vous la fille d elle avec la mere lab litteraire ikhusi dut zure alhaba haren amarekin la place des accents permet de delimiter un syntagme dont les elements sont faciles a identifier et quatre mots mais il n en est pas toujours ainsi on a souvent l impression que le mot se termine avec la syllabe accentuee et que la syllabe atone qui la suit par consequent sa derniere syllabe est rattachee au mot suivant la fin de la phrase parait parfois coupee en ha en amaeki de meme les syntagmes larraneko uhaitza le gave de larrau larrd e larrau alhabden begiak les yeux de la fille sont parfois articules autrement larrahe ko uhaitza alhaba em begiak ces faits de coupure et de demarcation n ont jamais ete signales il convient de les etudier avec precision de mesurer les pauses et d etablir les courbes melodiques comment en souletin la descente de la voix qui marque la fin de la phrase se combine t elle avec l accent de hauteur cette question n a jamais fait l objet d etudes precises nous ne pouvons presenter que des observations personnelles faites sans instrument soit la phrase ikhusi dit zue alhaba 19 langue basque 75 j ai vu votre fille l a final est prononce sur une note plus basse que le u de zue si alhaba cesse d etre le dernier mot comme dans la phrase ikhusi tit zue alhaba eta arreba j ai vu votre fille et votre soeur ce n est plus l a final de alhaba mais celui de arreba qui est prononce sur une note plus basse dans la phrase ikhusi dit zue alhaba haen amaeki l e du dernier mot est prononce sur une note plus basse que les deux a accentues qui precedent la syllabe finale atone ki est prononcee a la fois avec moins de force que e et sur une note encore plus basse nous avons observe des faits identiques ou analogues aux faits souletins dans des parlers geographiquement voisins du domaine bas navarrais oriental pays de mixe et bardos l accentuation du roncalais sous dialecte du souletin en voie d extinction concorde sur quelques points avec celle du souletin et en differe sur d autres michelena michelena a rassemble et etudie dans les chapitres 20 et 21 de sa fonetica beaucoup de faits importants de diverses epoques et de divers dialectes on souhaite qu il poursuive ses recherches et qu il en tire une theorie de l accent et de sa genese dans l ensemble des parlers basques b phonologie diachronique sur toute question de phonologie diachronique il faut se reporter au livre de michelena la consideration des formes aquitaines vasconnes et medievales lui a permis en particulier de jeter un jour nouveau sur certaines questions p ex celles de l et de n intervocaliques la sonorisation des occlusives sourdes initiales les origines de h et des occlusives aspirees la syllabation l accent questions qui se tiennent ont fait l objet de travaux importants de martinet et de michelena dans des articles dont le plus ancien remonte a 1934 lafon a montre que le passage de u a u devant consonne sauf r douce et s et en fin de mot dans le dialecte souletin et dans quelques parlers voisins est l effet le plus frappant d une tendance a la palatalisation de la sonante u qui s est manifestee dans la moitie orientale du domaine basque et plus particulierement dans la region du nord est p ex en regard de zu vous su feu banu si je l avais nuen je l avais eskua la main du labourdin et des parlers basques espagnols de l ouest on a dans certaines regions de l est zu su banu nuin niin nian eskuia eskuia eskua eskia gauza chose de lat causa est devenu gaiza cette tendance est a son maximum de force en soule elle est de plus en plus 76 langue basque 20 faible a mesure que l on s eloigne vers l ouest elle est due au contact du basque avec des langues possedant la voyelle u gascon proven al en navarre de la deuxieme moitie du xie siecle jusqu au xive v versification le chant c est a dire la poesie chantee tient une place importante chez les basques les vers basques aujourd hui comme autrefois sont composes presque toujours pour etre chantes et cela le plus souvent sur des airs traditionnels julio caro baroja dit avec raison los vascos p 477 on ne con oit pas un vers basque sans musique si elementaire qu elle soit a moins qu il ne s agisse d une oeuvre savante d un auteur qui a subi directement et nettement l influence de la litterature ecrite espagnole ou fran aise les vers basques riment mais on ne recherche pas la rime riche ou rare parfois il y a simple assonance les vers ont en principe un nombre de syllabes fixe il en existe plusieurs types entre autres 8 plus 7 syllabes 7 plus 6 7 plus 7 le decompte des syllabes donne souvent des indications interessantes sur la prononciation on voit ainsi p ex qu en cizain a l epoque de dechepare 1545 comme aujourd hui on pronon ait le nominatif singulier semia le fils tantot avec trois syllabes tantot avec deux que l on elidait des voyelles finales devant un mot commen ant par une voyelle et que l on supprimait des r douces entre voyelles apres quoi l on contractait deux voyelles en une seule ou l on en faisait une diphtongue les poetes souletins usent largement du choix qu ils peuvent souvent faire entre des formes pleines et des formes contractes il peut y avoir la matiere a statistiques j haritschelhar de saint etienne de baigorry a publie a partir de 1961 d importants articles sur la structure des vers basques comparee a celle des vers espagnols fran ais et gascons il a fini de rediger en septembre 1968 ses theses de doctorat es lettres consacrees au paysan poete souletin etchahun 1786 1862 et qui apportent beaucoup de nouveau sur la technique de la poesie populaire basque et la transmission orale parfois avec l appui de cahiers des chansons il a bien voulu nous donner les precisions suivantes on a tendance a croire que dans une chanson le basque apprecie beaucoup plus les paroles que la melodie certes le poete cherche avant tout a dire quelque chose mais il le fait par l intermediaire de la musique on peut meme dire que la musique est a la base meme de l expression poetique en 21 langue basque 77 general le poete populaire ne cree pas la melodie il se saisit d un timbre ancien pour composer une chanson nouvelle l indication de timbre est chose relativement recente elle date du milieu du xixe siecle cependant a l instar de la chanson fran aise la chanson basque nous conduit dans le dedale des faux timbres qui dans la mesure ou on peut les saisir et les connaitre nous permettent d etablir une chronologie des chansons qui sont pour la plupart indatables on peut remarquer aussi que parfois des chansons peuvent changer de timbre les melodies basques se caracterisent par l emploi d intervalles courts une certaine preference accordee au mineur une evidente simplicite et aussi chose importante par le syllabisme les musicologues ont decele de nombreux emprunts etrangers principalement au xviiie siecle cependant la chanson basque existait bien auparavant et parmi celles qui nous sont parvenues il en est qui datent du xive et du xve siecle toute etude de la metrique basque doit se faire par une etude conjointe du vers de la strophe et de la musique qui en general a preside a la creation poetique mais elle est rendue difficile par l absence de chronologie et par le caractere essentiellement mouvant de cette litterature orale vi morphologie en dehors des grammaires la morphologie a ete etudiee par azkue dans morfologia vasca 1925 livre de 930 pages ou il a utilise les resultats de ses enquetes et de ses lectures de textes l expose est souvent confus et manque d ordre le but de l ouvrage a dit lacombe bsl t xxvi 1925 2e fasc p 274 n apparait pas nettement ce n est ni une grammaire comparee des differents dialectes ni une grammaire historique d un dialecte determine ni une description d un parler pris a part mais un peu de tout cela a la fois de plus l auteur ne se soucie pas de degager les grandes lignes du systeme mais ce livre contient une foule de renseignements et de citations ainsi qu un grand nombre de formes verbales surtout biscayennes dont certaines conservent un trait archaique et dont d autres revelent une tendance a l innovation sa lecture est indispensable le basque est une langue ou les mots se laissent souvent analyser sans difficulte et ou l on aper oit nettement des marques qui s ajoutent aux racines aux themes et a d autres marques en d autres termes il procede souvent par agglutination parfois cependant l addition des marques aux racines 78 langue basque 22 aux themes a d autres marques a donne lieu a des changements phonetiques qui ont fait apparaitre des formes non previsibles irregulieres mais la comparaison des dialectes et l etude des textes des differentes epoques permettent parfois de reconstituer des formes plus anciennes que celles qui sont attestees des formes ou l on voit bien les marques qui s ajoutent regulierement a des formes nues ou deja marquees la conjugaison utilise des prefixes et des suffixes la declinaison seulement des suffixes les elements morphologiques qui servent a la conjugaison sont differents de ceux qui servent a la declinaison la derivation se fait surtout au moyen de suffixes les prefixes n y jouent qu un role restreint a la racine uhlenbeck a etudie les differents types de structure des racines basques dans son memoire de 1942 traduit en fran ais sous le titre les couches anciennes du vocabulaire basque ej 1947 la racine s emploie parfois a l etat nu sans prefixe ni suffixe c est ce qui arrive pour les noms racines au nominatif indefini pour quelques radicaux verbaux et pour des formes verbales de 2e pers du sg de verbes intransitifs dont la racine commence par une voyelle ni moi su feu ur eau hitz parole mot harri pierre har prendre oa tu vas va soul aigu viens deux racines l une verbale l autre nominale peuvent etre homophones ainsi har prendre et har ver v lafon brsvap 1950 les mots racines termines par e ou par o changent parfois cette voyelle en a ainsi de luze long on tire luzatu allonger de zilho trou zilhatu trouer c est le seul type d alternance que les racines basques presentent b les categories sur les categories de genre et de nombre v lafon bhi 1947 vd 1954 et 1957 c la declinaison elle ne comporte aucune distinction de genres grammaticaux tous les substantifs et adjectifs se declinent de la meme fa on au moyen de suffixes casuels qui s ajoutent au theme et de postpositions qui s ajoutent au theme ou a une forme pourvue d un suffixe casuel 23 langue basque 79 la declinaison en labourdin litteraire n a pas change depuis l epoque des plus anciens textes tableau des suffixes casuels e voyelle de liaison entre deux consonnes r consonne intercalaire entre deux voyelles noms communs et adjectifs noms propres declinaison definie declinaison indefinie singulier pluriel 1 nominatif zero zero a ak 2 ergatif e k e k a k ek 3 datif r i r i ar i ei eri er 4 1er genitif r en r en ar en en 5 unitif r ekin r ekin ar ekin ekin 6 2mc genitif e ko e ta ko e ko eta ko 7 instrumental e z e z a z ez 8 inessif e n e ta n a n eta n 9 latif e ra t e ta ra t e ra t eta ra t 10 ablatif e tik e ta rik e tik eta rik 11 partitif r ik r ik n existe pas en souletin les finales de pluriel ek er en ez sont accentuees l adjectif epithete se place apres le substantif et re oit seul le suffixe casuel s il y a plusieurs adjectifs seul le dernier se decline exemples etxe maison berri neuf etxe berri maison neuve etxearen de la maison etxe ber riaren de la maison neuve etxe berri handiaren de la grande maison neuve le syntagme forme par un substantif suivi d un ou de plusieurs adjectifs epithetes se comporte donc comme un substantif unique la declinaison de tout nom commun ou adjectif comporte trois jeux de formes qui constituent ce qu on appelle l indefini le singulier et le pluriel la declinaison definie a deux nombres singulier et pluriel s oppose a la declinaison indefinie qui ne distingue pas les nombres le nominatif indefini est le theme meme du nom harri pierre s harria la pierre harriak les pierres harriz bethe peut se traduire par plein de pierre ou par plein de pierres avec un nom de nombre on emploie l indefini sauf s il s agit d un 80 langue basque 24 ensemble determine lau harri quatre pierres iau harriak les quatre pierres la rencontre d une consonne finale de theme et d une autre appartenant au suffixe casuel n est pas admise on intercale un e entre les deux d autre part dans la declinaison des noms propres et dans la declinaison des autres noms a l indefini les rencontres de voyelles dans les memes conditions ne sont pas admises on intercale une r douce seme fils gen indef seme r en contre gen sg seme aren et gen pl seme en en labourdin litteraire l addition des suffixes casuels du singulier et du pluriel au theme se fait sans que celui ci subisse d autres modifications que les deux suivantes un theme termine par a perd cet a devant un suffixe commen ant par a ou e lorsqu un theme est termine par e et que le suffixe commence par e les deux e peuvent se contracter en un seul mais dans la plupart des autres dialectes le contact d une voyelle finale de theme et d un a ou d un e appartenant au suffixe donne lieu a des changements phonetiques seme semia le fils ze ru ciel zeria ou zeriia le ciel en souletin l addition des suffixes casuels provoque en outre des deplacements de l accent zelii ciel zeliiko du ciel zetta le ciel eliza eglise eliza l eglise dans les autres dialectes sauf en biscayen eliza se prononce de la meme fa on au nominatif indefini et au nominatif singulier les suffixes casuels s ajoutent directement au theme nu dans la declinaison des noms propres de lieux et de personnes ce qui conserve un etat de choses ancien dans celle des noms communs et des adjectifs ils s ajoutent tantot au theme nu tantot au theme pourvu d une marque au pluriel la marque e n apparait clairement qu en souletin parce qu elle y porte l accent en syllabe finale on y distingue p ex l ergatif pluriel gizunek de gizun homme de l ergatif indefini gizunek ailleurs l ergatif pluriel ne se distingue en rien de l indefini gizonek mais la comparaison avec le souletin montre que l e de l indefini gizonek est une voyelle de liaison gizon e k tandis que l e du pluriel ek appartient a la finale de l ergatif pluriel ek par opposition a ak du singulier et a k de l indefini la meme remarque vaut pour les finales du premier genitif et de l instrumental ce systeme n est pas homogene et l on peut y distinguer diverses couches travaux de bonaparte vinson van eys schuchardt gavel lacombe lafon bsl li 1960 p 192 199 ta etait sans doute a l origine un suffixe de derivation dont 25 langue basque 81 on ne connait pas la valeur exacte a ar est le theme du demonstratif de 3e personne e accentue en souletin provient de ag e v plus haut p 74 eta qui se rencontre dans beaucoup de toponymes est sans doute le pluriel du suffixe collectif latin etum l unitif etait a l origine un syntagme signifiant en compagnie de le suffixe tik dans certains dialectes ti n est autre que le suffixe ti qui sert a former des adjectifs on lui a ajoute presque partout le k du partitif le suffixe ko qui peut s ajouter non seulement au theme nu mais aux suffixes de l instrumental de l inessif et du latif servait primitivement a former des complements de noms qui sont parfois traites comme des adjectifs il a ete integre a la declinaison il ne peut pas se joindre a des noms designant des etres animes le partitif avait a date ancienne valeur d ablatif et servait a exprimer l endroit d ou l on vient le souletin et le biscayen ont conserve des traces de cet emploi un nom ou un syntagme nominal au genitif en en en e ou en ko constitue un nouveau nom ou syntagme susceptible de se decliner gizonarena celui de l homme gizonenak ceux des hommes en basque un cas actif ou ergatif toujours marque s oppose au nominatif non marque comme tel on met au nominatif le sujet des verbes qui expriment un etat ou un changement d etat ou une activite qui ne porte pas sur un objet exterieur mais avec les verbes qui expriment une action qui comporte la distinction d un agent et d un patient c est le patient que l on met au nominatif l agent se met a l ergatif haurra hemen dago l enfant reste ici haurrak ikusi du gizona l enfant a vu l homme gizonak ikusi du haurra l homme a vu l enfant trois cas de la declinaison sont en relation fonctionnelle avec des indices de personne contenus dans les verbes le nominatif l ergatif et le datif d indique le sujet dans dago il reste et le patient dans du il l a dans cette derniere forme l agent de 3e per du sg est caracterise par l absence de marque suffixe zero gizona dagoka haurrari aldean l homme reste a cote de l enfant signifie litteralement l homme lui reste a l enfant au cote ka signifie a lui le partitif remplace le nominatif indefini des noms communs et des adjectifs dans les propositions negatives et interrogatives ez dago hemen haurrik il ne reste pas d enfant s ici la declinaison des pronoms personnels et surtout celle des demonstratifs presentent des particularites 82 langue basque 26 pronoms personnels lre sg ni gen ene 2e sg hi i gen h ire lre pl gu gen gure 2e resp zu ancien pl devenu sg resp gen zure 2e pl zuek gen zuen trois demonstratifs a valeur personnelle haur hau au lat hic hori ori iste hura lira bise a ille le demonstratif de 3e pers est employe egalement comme ana phorique les themes des autres cas du singulier sont du type h on h orr h ar c est le demonstratif de 3e pers qui a fourni a la declinaison definie la marque a ar de plusieurs cas du singulier interrogatifs nor qui zer quoi dans la vieille langue ils servaient aussi comme indefinis on quelque chose on trouve a et la des restes d anciens systemes p ex un suffixe de pluriel t zu dans batzu quelques en regard de bat un et un suffixe d ablatif partitif r ean en vieux biscayen d le verbe la complexite du verbe basque contraste avec la simplicite de la declinaison une forme verbale basque peut contenir jusqu a trois indices de personne et en outre la marque du role qu elle joue dans la phrase les grandes lignes de la conjugaison sont simples mais le detail est souvent tres complexe l auteur du present chapitre a commence vers 1936 un depouillement complet des formes verbales contenues dans les textes du xvie siecle et il s est efforce de definir la valeur des diverses marques qui peuvent s ajouter aux racines ou a d autres marques et d etablir le systeme qu elles constituent il l a fait sans aucune idee precon ue d origine romane cau casique ou autre il a tenu compte des remarques de vendryes sur la fragilite de la distinction des categories d actif et de passif de transitif et d intransitif le tangage p 125 il a cherche a montrer comment ces marques se combinent ou s excluent et quelles sont celles qui commandent les autres par la suite dans plusieurs articles il a precise et corrige sur quelques points les idees qu il avait exposees dans son livre de 1943 le systeme du verbe basque au xvie siecle il a 27 langue basque 83 cesse de traduire les formes verbales de la 2e classe par des formes fran aises passives car cette fa on de proceder que schuchardt avait pratiquee et recommandee en raison de sa conception passive du verbe transitif basque lui a paru injustifiee en outre il a cherche a determiner dans quelle mesure les formes de la 3e personne de la non personne comme l appelle e benveniste s alignent sur celles de la personne lre ou 2e et dans quelle mesure elles s en ecartent pour comprendre la structure et le fonctionnement du systeme verbal basque il faut examiner les points suivants 1 opposition de deux classes de verbes 2 formes personnelles et formes non personnelles 3 formes simples et formes composees 4 formes nues a les indices de personnes i sujet ii patient et agent iii objet de reference iv interlocuteur pris a temoin il existe deux types d indices de sujet ainsi que de patient et d agent qui caracterisent deux groupes de formes par contre les indices d objet de reference et de personne prise a temoin sont communs aux deux groupes b le suffixe du passe 5 morphemes sans role syntaxique s ajoutant aux formes nues a suffixe d intermination ke te teke b prefixes ai votif et albait prescriptif 6 morphemes a role syntaxique s ajoutant aux formes nues et aux formes pourvues du suffixe d indetermination a suffixe relatif n b suffixe la c prefixe ba d prefixe bait 7 tableaux des modes et des temps 8 signification de l opposition des deux groupes de formes exemples de formes verbales personnelles lte classe rac go rester radical ego 1er groupe nago je reste ago tu restes reste dago il reste 84 langue basque 28 2e groupe bego qu il reste nengoen je restais bise egoan ailleurs zegoen zagon il restait banengo si je restais nengoke je resterais 2e classe rac kar apporter porter amener rad ekar 1er groupe dakart je l apporte dakar il l apporte nakar il m amene nakark tu m amenes 2e groupe bekar qu il l apporte nekarren je l apportais nenkarren tu m amenais banekar si je l apportais nekarke je l apporterais 1 les deux classes de verbes les verbes basques se divisent selon leur comportement syntaxique et la structure de leurs formes personnelles en deux classes on les appelle communement intransitifs et transitifs mais ces deux termes n ont pas en basque la meme signification que p ex en latin et dans les langues romanes les verbes de la lre classe ne contiennent pas d indice d agent et ne peuvent pas se construire avec un substantif ou un pronom a l ergatif ceux de la 2e classe contiennent un indice d agent et un de patient et peuvent se construire avec un ergatif ceux de la lre expriment des etats des changements d etat des actions qui ne portent sur aucun objet etre rester devenir aller marcher tomber parler ils contiennent toujours un indice personnel qui est un prefixe a valeur de nominatif et ils se construisent avec un substantif ou un pronom au nominatif qui est leur sujet ils peuvent contenir en outre un suffixe a valeur de datif qui indique par rapport a qui ou a quoi ce qui se passe a lieu objet de reference suivre est le fait d un sujet au nominatif et d un objet de reference au datif les verbes de la 2e classe expriment des actions qu un etre ou un objet agent exerce sur un autre patient ils expriment des proces a deux poles ils contiennent un indice d agent a valeur d ergatif et un de patient a valeur de nominatif ils peuvent etre accompagnes d un nom a l ergatif et d un autre au nominatif toutefois certains verbes de cette classe contiennent toujours un indice de patient de 3e per du sg qui designe quelque chose d indetermine et ne sont jamais accompagnes d un nom au nominatif ainsi iraun durer et iraki bouillir ce qui dure ce qui bout est a l ergatif la duree et l ebullition sont traitees comme des actions portant sur quelque chose de non personnel et d indetermine comme d une part les prefixes personnels de patient sont identiques a ceux de sujet et que d autre part les formes personnelles des verbes transitifs se construisent avec l ergatif comme leurs participes passes qui ont valeur passive 29 langue basque 85 schuchardt en a conclu que le verbe transitif basque est de nature passive en effet d indique la 3e pers dans dakusa il le voit comme dans da il est et l on peut ajouter l ergatif haurrak de haur enfant a dakusa comme au participe passe ikusi vu donc comme haurrak ikusi gizona signifie l homme vu par l enfant haurrak dakusa gizona l enfant voit l homme signifie en realite l homme est vu il est vu par lui par l enfant mais cette interpretation passive du transitif basque se heurte a de graves objections d abord le basque possede des formes que l on peut appeler passives et qui sont toutes composees au moyen des auxiliaires etre et devenir a la forme simple dakusa il le voit et a la forme composee equivalente ikusten du litt il l a en vision correspond ikusten da litt il est en vision qui peut signifier il est vu ou on le voit ou il se voit or on ne peut pas ajouter a cette derniere forme un substantif ou un pronom a l ergatif designant l agent dakusa il le voit et daroa il le fait aller ne contiennent comme elements significatifs que la racine kus roa et le prefixe de patient de 3e pers d a est une voyelle de liaison l a final de dakusa n a pas de valeur morphologique on dit dakus dans certains dialectes ces formes de la 2e classe sont superposables a dago il reste da il est formes de la lre racines go a si l on compare dakusa il le voit a dakusat je le vois dakusak tu le vois il saute aux yeux que l agent de 3e pers du sg n est pas marque peut on en conclure que le verbe kus voir est con u ou construit passivement et que dakusa signifie exactement il est vu par lui et dakusat il est vu par moi non le fait que d exprime le patient et non l agent n implique nullement que les formes de la 2e classe ou il figure soient passives on n a pas le droit de poser en principe que ce qui n est pas actif est passif que l on pense aux langues ou c est un moyen et non un passif qui s oppose a l actif cela etant les verbes de la 1 classe expriment des proces qui ne comportent pas la distinction d un agent et d un patient ceux de la 2e classe expriment des proces qui la comportent une marque n est necessaire hors du verbe que quand le proces concerne deux etres ou objets qui s opposent et qu il faut distinguer ce n est pas le cas pour les verbes de la lre classe leur sujet n a donc pas besoin d etre marque avec les verbes de la 2e ce qu il importe de marquer surtout a la non personne c est l agent celui d ou emane l action on le met a l ergatif pour en distinguer le patient il suffit alors de ne pas marquer celui ci il est donc 86 langue basque 30 traite hors du verbe comme l est le sujet d un verbe de la lrc classe il est naturel qu il soit exprime egalement dans le verbe par les memes indices que le sujet d un verbe de la lre classe on s explique du meme coup que les formes a agent de 3e pers du sg soient superposables aux formes de la lre classe a sujet de meme personne la 3e pers du sg etant la non personne elle peut n etre pas marquee dans le verbe puisqu elle l est si l agent est exprime hors du verbe par le suffixe de l ergatif on realise ainsi une economie de marques en faisant des formes personnelles de la 2e classe exactement superposables a des formes de la lre quand il faut exprimer la personne proprement dite lre ou 2e ou le pluriel de la non personne on ajoute a ces formes superposables des suffixes marquant la personne de l agent ou le pluriel 2 formes personnelles et formes non personnelles les premieres qui varient selon les modes et les temps peuvent contenir de un a quatre indices personnels elles sont tres nombreuses les formes non personnelles dans les dialectes basques fran ais y compris leurs sous dialectes du versant sud des pyrenees sont pour la plupart des verbes au nombre de trois le participe passe le radical verbal et le substantif verbal marcher ebili ebil ebilte voir ikusi ikus ikuste prendre hartu har hartze le participe passe et le substantif verbal se tirent du radical au moyen de suffixes i tu celui ci emprunte au latin te tze c est sous la forme du participe passe que l on cite les verbes et qu on les range dans les dictionnaires le participe passe et le substantif verbal se declinent comme n importe quel adjectif ou substantif le radical verbal est indeclinable il exprime l idee verbale pure et simple il peut etre employe comme verbe avec diverses valeurs modales qui dependent du contexte p ex indicatif intemporel infinitif de narration imperatif ou comme adjectif attribut accompagnant un verbe auxiliaire ebil dadin qu il marche subj litt qu il devienne marchant har dezan qu il le prenne litt qu il le fasse pris il a une valeur tantot active tantot passive sa diathese est ambivalente c est du radical verbal que l on tire certaines formes personnelles on peut dire qu il ne se decline pas mais qu il se conjugue quand le participe passe est termine par n ki ou o il n y a pas de radical distinct du participe celui ci cumule les deux emplois d autre part le biscayen le guipuzcoan et le haut navarrais septentrional et meridional ignorent au jour 31 langue basque 87 d hui dans la conjugaison la distinction du radical et du participe on dit ebili dadin artu dezan le radical des verbes denominatifs est identique aux substantifs ou adjectifs d ou ils sont tires car on obtient leur participe passe en ajoutant a ces substantifs ou adjectifs le suffixe tu et si l on retranche ce suffixe du participe on retrouve le substantif ou l adjectif d ou l on etait parti de handi grand gizon homme gure notre gen de gu nous diziplina discipline on tire les participes handitu grandi gizondu devenu ou rendu homme guretu devenu ou rendu notre diziplinatu discipline les radicaux correspondants sans tu sont identiques aux mots qui avaient servi de point de depart 3 formes simples et formes composees les formes personnelles sont les unes simples ou fortes les autres composees ou periphrastiques les premieres consistent en un seul mot les autres se composent d une forme personnelle de l un des quatre auxiliaires etre devenir avoir faire et d une forme non personnelle du verbe principal participe passe sous la forme du theme nu ou du genitif en en ou en ko radical verbal ou a defaut participe passe substantif verbal pourvu du suffixe n inessif il existe des formes de passe surcomposees comme en fran ais du type ebili izan naiz j ai eu marche en labourdin littteraire moderne en dehors des auxiliaires il n y a plus que huit verbes qui possedent quelques formes simples il y en avait une cinquantaine au xvie siecle mais des cette epoque beaucoup d entre eux n en possedaient qu un petit nombre les plus riches et de beaucoup en formes simples etaient les quatre qui servent d auxiliaires dans tout dialecte basque quand on connait la conjugaison des auxiliaires on sait conjuguer presque tous les autres verbes c est suivant des regles simples que les formes non personnelles du verbe principal se combinent aux formes personnelles des auxiliaires celles ci sont tres nombreuses beaucoup d entre elles ne se laissent pas prevoir exactement certaines sont franchement anomales on peut dire que la conjugaison de presque tous les verbes basques est reguliere mais qu elle se fait au moyen de quatre verbes qui presentent un grand nombre d irregularites 4 formes nues nous entendons par la les formes qui ne contiennent que la racine ou le radical et les indices personnels plus quand il y a lieu le suffixe du passe l adjonction de la particule affirmative ba ou de la negation ez ne modifie pas 88 langue basque 32 leur nature dakit et badakit je le sais ez dakit ou eztakit je ne le sais pas a les indices de personne il existe deux types d indices personnels de sujet et d agent patient les deux groupes de formes simples qu ils caracterisent respectivement s opposent d une fa on tres nette par leurs significations les indices du 1er type caracterisent le present de l indicatif et tout ce qui n exprime ni un commandement portant sur la 3e personne ni une eventualite ni le passe les indices du 2e type figurent dans les formes qui expriment ces trois dernieres notions le suffixe du passe n ne peut figurer que dans des formes qui contiennent des indices du 2e type cette opposition entre les deux groupes s exprime en outre assez souvent mais non toujours par le timbre de la voyelle qui dans beaucoup de formes precede la racine i indices de sujet ce sont toujours des prefixes 1er type 2me type pronom pers ls n n en n in ni 2s zero h h en h in hi i lp g g en g in gu 2r z z en z in zu 3 d zero z l b dans les textes du xvie et du xviie siecle l indice de 2e du sg est le plus souvent zero mais du cote basque fran ais le pronom est hi dans l etat actuel des recherches on ne sait pas si l initiale de ce pronom et l indice etaient h une autre consonne dorsale laryngale ou zero on a forme de nouvelles 2e pers du pl en ajoutant des suffixes de pluriel aux anciennes formes devenues des formes respectueuses du singulier le prefixe d qui exprime la non personne sans distinction de nombres ne rappelle rien la marque en in est inexpliquee en parait plus ancien le z du 2e type n est sans doute pas primitif il doit provenir de zen zan il etait la forme ancienne etait zero l est peut etre un reste de ahal al possible b est sans doute la consonne initiale du pronom et adjectif ber meme pour former le pluriel de la 3e pers on ajoute des suffixes de pluriel la 3e pers va avec les deux premieres dans les formes du 1er groupe elle s en separe dans celles du 2e 33 langue basque 89 ii indices de patient et d agent 1er groupe de formes elles sont faites comme des formes de la lre classec mais elles contiennent en outre la marque de l agent qui est un suffixe le patient y est exprime par les prefixes qui indiquent le sujet dans les verbes de la lrc classe si l on designe ces indices par s la racine par r et les suffixes d agent par a on peut representer respectivement les formes du 1er groupe de la lrc classe et de la 2e par les sigles s r et s r a suffixes d agent ls 2s masc fem 3s lp 2r 2p 3p d t t i cons k k n zero gu zu zue zero plus te e 2e groupe de formes il faut distinguer plusieurs sous groupes correspondant aux cas suivants patient de lre et de 2e pers patient de 3e agent de 3e patient de 3e agent de lrc et de 2e les formes a patient de lrc et de 2e pers sont faites comme les formes de la lrc classe mais elles contiennent en outre un suffixe d agent qui est le meme que dans les formes correspondantes du 1er groupe si l on designe par s les indices de sujet de lre et de 2e pers du 2e type on peut representer respectivement les formes a sujet patient de lre et de 2e pers du 2e type par les sigles s r et s r a exemple nenkarren il m amena agent suffixe zero patient et agent de 3e ces formes en biscayen ne contiennent au preterit aucune marque personnelle ekarren il l apportait ailleurs ze karren elles etaient primitivement tirees du radical mais parfois la voyelle e du radical a ete remplacee par a zakarren sous l effet d actions analogiques ekarren est exactement superposable a egoan zekarren a zegoen il restait et bekar qu il l apporte a bego qu il reste dans les formes a prefixes z et b l agent de 3e du sg est non marque patient de 3e pers et agent de lre ou de 2e ici le mecanisme se deregle on obtient ces formes en ajoutant au radical pour 90 langue basque 34 indiquer l agent les prefixes n h ou zero parfois g z le plus souvent gen gin zen zin qui lorsqu ils sont ajoutes a la racine expriment le patient nekarren je l apportais dans nakusan je le voyais zenakusan vous le voyiez rac kus la voyelle e du radical a ete remplacee par a ces formes ne sont superposables a aucune autre forme de la lre ni de la 2e classe l agent de 2e pers du sg etant ici exprime par un prefixe on ne distingue plus le masculin du feminin h uen tu l avais les formes d imperatif a patient de 3e pers et agent de 2 occupent une place a part on les tire du radical en y ajoutant le suffixe d agent ekark apporte le iii indices d objet de reference il existe en basque des formes verbales qui contiennent un suffixe personnel indiquant a qui le proces est destine ou par rapport a qui ou a quoi il a lieu ce suffixe exprime la personne grammaticale du complement d attribution ou d objet de reference si ce complement est exprime hors de la forme verbale sous la forme d un substantif ou d un pronom il est au datif donc ce suffixe a valeur de datif les suffixes personnels a valeur de datif sont identiques aux suffixes personnels d agent ou ne presentent avec eux que de legeres differences parfois ku au lieu de gu ils sont parfois precedes d un element non personnel k ou ki qui a subi des modifications variees a la 3e pers du sg tandis que l agent n est pas marque suffixe zero le complement d objet de reference l est toujours les indices a valeur de datif sont les memes pour les deux classes de verbes et pour les deux groupes de formes exemples nagok je reste par rapport a toi nagok aldean je reste a ton cote aldean signifiant a cote forme de la lre classe a deux indices personnels dautak tu me l as forme de la 2e classe a trois indices personnels sauf de tres rares exceptions les formes de la 2e classe qui contiennent un indice a valeur de datif ont un patient de 3e pers iv interlocuteur pris a temoin la conjugaison basque comprend tout un jeu de formes que l on appelle allocutives et qui constituent un de ses traits les plus originaux elles existent dans tous les dialectes quand on s adresse a une personne que l on tutoie on emploie obligatoirement dans la langue litteraire comme dans la conversation courante en proposition independante ou principale assertive des formes qui contiennent en plus des indices personnels necessaires un suffixe de 2e pers du sg masculine ou feminine k ou n suivant le sexe de cette personne ces formes qui indiquent 35 langue basque 91 que l on prend la personne a qui l on s adresse a temoin de ce qu on dit contiennent un indice personnel de plus que les formes ordinaires correspondantes c est a dire deux ou trois lre classe ou trois ou quatre 2e classe ces suffixes allocu tifs ne sont en relation fonctionnelle avec aucun cas de la declinaison ils ne peuvent etre employes que dans des formes qui ne contiennent pas deja une marque de 2e pers du sg ou du pl du sujet du patient de l agent ou de l objet de reference exemples lre classe niagok niagon je reste diagotak diagotan il me reste 2e classe diat l indice masc a disparu dinat je l ai ziaukutek ziaukuten il nous l ont forme indifferente daukute le soule tin et une partie du bas navarrais oriental possedent en outre des formes allocutives respectueuses que l on doit employer lorsqu on parle a une personne que l on ne tutoie pas elles contiennent un suffixe qui est identique au pronom personnel de 2e resp ou en provient et qui n indique pas le sexe de l interlocuteur soul dik din dizu forme indifferente du ainsi en basque la distinction du masculin et du feminin qui est absente de la declinaison se fait dans la conjugaison au moyen de suffixes pour exprimer le sexe de celui ou de celle a qui l on parle elle est certainement ancienne les suffixes k sans doute de g et n ne rappellent rien d autre dans la langue pas plus que le suffixe t sans doute de d de lre pers du sg la distinction du masculin et du feminin ne se fait pas quand la personne a qui l on parle est sujet ou patient puisqu elle est alors indiquee par un prefixe depuis que la 2e pers du sg a pris un caractere familier pour que la distinction des genres soit exprimee dans une forme verbale il faut que le sujet parlant tutoie celui a qui il parle de ce fait la distinction des genres qui a date ancienne exprimait seulement le sexe de celui a qui l on parle indique aussi qu on le traite avec familiarite on ne tutoie au feminin que des femmes ou des enfants de sexe feminin lorsqu on s adresse a un animal ou a une chose on le traite au masculin b le suffixe du passe ce suffixe n en an ne figure que dans des formes qui contiennent des indices personnels du 2e type ou qui comme bise egoan il restait ekarren il l apportait sont tirees du radical et ne contiennent aucune marque personnelle il est identique a l n qui sert de marque a certains participes passes le trait le plus frappant du systeme verbal de la langue 92 langue basque 36 basque est que les formes simples qui expriment un fait passe ne sont pas faites comme celles qui expriment un fait present ou futur mais comme celles qui expriment une eventualite ou encore un commandement concernant la non personne en d autres termes un fait passe n est pas mis sur le meme plan qu un fait present ou futur mais sur le meme plan qu une eventualite ou qu un commandement a la 3e personne en basque passe et reel s excluent ce qui est passe n est plus reel ce qui est reel n appartient pas au passe le passe est un ex reel le passe ex reel et ce que l on envisage seulement comme eventuel ou comme commande a la non personne ont en commun dans cette conception un caractere de non realite les proces sont rapportes a deux plans de pensee celui du reel formes du 1er groupe present ou futur et celui du non reel formes du 2e groupe commandement concernant la non personne eventuel passe le parfait toujours compose sartu da il est entre ikusi du il l a vu exprime que le resultat d une action passee est acquis au moment ou l on parle passe projete sur le plan du present on peut appliquer au parfait basque cette affirmation d e benveniste problemes p 244 le parfait etablit un lien vivant entre l evenement passe et le present ou son evocation trouve place par contre le preterit du parfait ou plus que parfait sartu zen il etait entre il entra ikusi zuen il l avait vu il le vit expriment comme l imparfait un passe qui n a plus rien d actuel un passe mort 5 morphemes sans role syntaxique s ajoutant aux formes nues a suffixe d indetermination ke te teke ce suffixe qui se presente sous trois formes equivalentes peut en principe s ajouter a toutes les formes simples nues c est a dire aux formes suivantes 1er groupe indicatif present futur 2e groupe imperatif 3e pers eventuel preterit le nombre des formes fondamentales des verbes basques est ainsi theoriquement double mais en fait a date historique aucun verbe basque ne possede toutes les formes nues ou a suffixe ke theoriquement possibles ainsi l eventuel nu est rare la plupart des verbes notamment etre et avoir l ignorent il est remplace par l eventuel a suffixe ke qui lui est d un emploi courant par contre l imperatif a suffixe ke est inconnu de la plupart des dialectes le suffixe ke exprime une indetermination qui peut porter sur la date ou le proces a lieu ou sur son degre de realisation une diminution de la force ou de la precision de ce 37 langue basque 93 qui est dit dago signifie il reste maintenant ou habituellement ou d une fa on permanente dagoke peut signifier il reste mais non uniquement au moment considere verite intemporelle et aussi il restera et il peut ou pourra rester en souletin diike peut signifier il l aura ou il doit l avoir probabilite dans le present et zukian il l aurait eu ou il devait l avoir probabilite dans le passe l eventuel a suffixe ke legoke qui remplace un eventuel nu qui n existe pas ou n existe plus signifie il resterait ou il pourrait rester les formes simples a suffixe ke de ekarri apporter porter expriment souvent l idee de porter sans consideration de terme b prefixes ai et albait ou albeit ils s ajoutent uniquement a des formes nues d eventuel aihinz plut au ciel que tu fusses cf inzen hinzan tu etais albeitzinekite sachez cf zinekiten vous le saviez elles constituent des modes que l on appelle respectivement votif et prescriptif le 1er mode dont on connait un petit nombre de formes dans les textes anciens et dont quelques traces subsistent en souletin sert a exprimer une eventualite souhaitee le second qui etait plus frequemment employe ne se rencontre plus apres le xviie siecle il servait a exprimer des prescriptions ai est sans doute identique a l interjection qui figure en bis cayen et en guipuzcoan dans les syntagmes de type ai baletor ah s il venait plut au ciel qu il vint albait n est autre que la particule albait qui s emploie en biscayen en guipuzcoan et en haut navarrais avec le sens de autant que possible le plus possible 6 morphemes a role syntaxique s ajoutant aux formes nues et aux formes pourvues du suffixe d indetermination la subordination d une proposition a une autre est marquee le plus souvent par un suffixe ou un prefixe qui s ajoute a sa forme verbale personnelle soit nue soit a suffixe ke autre que d imperatif les marques a role syntaxique sont au nombre de quatre le suffixe relatif n le suffixe la les prefixes ba et bait le prefixe ba si s ajoute tres rarement a des formes a suffixe ke les morphemes a role syntaxique seront etudies plus bas on peut ajouter d autres suffixes aux suffixes n et la dans la vieille langue on se sert parfois du prefixe alba si possible les formes marquees syntaxiquement peuvent s employer aussi en proposition independante ou principale avec des valeurs differentes 94 langue basque 38 7 tableaux des modes et des temps langue du xvie siecle formes simples lafon syst i 496 499 formes composees ii 117 119 pour l imperatif v bsl t lxiii langue moderne labourdin litteraire et souletin lafon ej 1951 et 1952 8 signification de l opposition des deux groupes de formes l opposition qui domine le systeme des formes simples du verbe basque se manifeste avec la meme nettete dans celui des formes a auxiliaires elle frappe par les faits suivants 1 le premier groupe comprend des formes exprimant un fait actuel habituel ou permanent ou un fait futur ou le resultat presentement acquis d un fait passe il comprend aussi les formes d imperatif qui n interessent pas la non personne elles sont le plus souvent identiques aux formes correspondantes de l indicatif present les formes qui expriment un passe sans prolongement ni repercussion dans le present en d autres termes un passe mort evenement eventualite ou possibilite passee ou resultat passe d un fait passe appartiennent au 2e groupe 2 chacun des deux groupes comprend des formes exprimant la possibilite celles du 1er groupe expriment une possibilite qui fait l objet d une affirmation ferme il peut ou pourra celles du 2e la possibilite d une eventualite ce qui fait l objet d une affirmation attenuee ou une possibilite passee et qui n est plus 3 le 1er groupe comprend les formes qui expriment une hypothese envisagee d une maniere ferme dans le plan de la realite soit pour le moment present soit pour l avenir le 2e groupe celles qui expriment une hypothese envisagee dans un plan autre que celui de la realite c est a dire a titre d eventualite ou dans le passe 4 le votif le prescriptif et les formes d imperatif concernant la non personne appartiennent au 2e groupe l opposition entre le present et le preterit de l indicatif n a donc pas en basque une signification purement temporelle un fait passe n est pas mis sur le meme plan qu un fait present ou a venir mais sur le meme plan qu un fait dont on envisage ou souhaite l accomplissement eventuel zen zan il etait qui etait qui s emploie comme une sorte d adjectif signifiant defunt appartient au meme groupe de formes que baliz s il etait d ou l on a tire balizko imaginaire hypothetique erretor zena le defunt cure balizko oleak burdinarik ez proverbe biscayen du xvie siecle phrase sans verbe la forge 39 langue basque 95 imaginaire ne fait pas de fer ce qui est passe d une part et d autre part ce dont on envisage ou souhaite l eventualite possedent en commun le caractere de non realite ce qui etait ou fut n est pas l imaginaire n est pas l eventuel n est pas selon le systeme basque les etats et les proces sont rapportes a deux plans de pensee differents celui du reel et celui du non reel l opposition qui le domine est celle de l etre et du non etre vii syntaxe voir l article d e lewy la 4e partie de la grammaire de lafitte le chap iii de la 3e partie de lafon syst et ses articles posterieurs en basque les phrases peuvent se composer d une seule proposition ou de deux ou plusieurs propositions soit juxtaposees soit unies par des conjonctions de coordination ou d une proposition principale et d une ou plusieurs subordonnees les deux traits les plus importants de la syntaxe basque sont 1 l expression des rapports syntaxiques par des marques ajoutees aux formes verbales personnelles et non par des mots independants pronoms et conjonctions de subordination 2 certaines regles concernant l ordre des mots quelques unes ne souffrent aucune derogation d autres definissent un ordre normal il peut y etre deroge pour mettre un mot ou une proposition en valeur lafitte 100 120 des calques de constructions fran aises espagnoles et gasconnes se sont introduits en basque mais leur domaine est assez restreint souvent la structure des phrases basques est si differente de celle des phrases romanes qu aucune imitation ni aucun melange n est possible exemples syntagme substantif plus adjectif epithete v plus haut p 79 ikusi dugu etxea ederra da nous avons vu la maison elle est belle ikusi dugun etxea ederra da la maison que nous avons vue est belle ce qui correspond au pronom relatif fran ais que est le suffixe n ajoute a dugu nous l avons ni1 baino2 zaharrago3 da4 gizon5 hura6 cet6 homme5 est4 plus age3 que2 moi1 ago est le suffixe de comparatif les basques bilingues disent quand ils comparent l ordre des mots en basque et en fran ais ou en espagnol qu en basque on met la charrue devant les boeufs en basque comme ailleurs on delimite une phrase au moyen de deux criteres formels independants 1 elle est produite entre deux pauses 2 elle a une intonation specifique finale qui varie d ailleurs suivant qu elle est assertive ou 96 langue basque 40 p ex exclamative interrogative suspensive cf benveniste problemes p 154 128 129 sur l intonation finale en basque v plus haut p 73 et 74 75 une phrase peut se composer d un seul mot variable ou invariable ona c est bon badakit je le sais errazu dites le emeki doucement on peut classer ainsi les propositions i propositions independantes et principales a sans verbe b sans forme verbale personnelle c avec forme personnelle i sans marque syntaxique nues a suffixe ke a prefixe ai ou albait ii portant une marque qui est en principe syntaxique ii propositions subordonnees a a verbe non personnel h a verbe personnel portant une marque syntaxique une proposition independante ou une principale peut ne contenir aucun verbe une subordonnee en a toujours un une forme verbale personnelle nue ou pourvue seulement du suffixe ke ou du prefixe ai ou albait ne peut etre que dans une proposition independante ou principale il en est de meme d une forme allocutive car regulierement seules les formes personnelles nues ou a suffixe ke sans rien de plus d indicatif et d eventuel peuvent etre des formes allocutives sur les propositions sans verbe ou a forme verbale non personnelle v lafon bsl 1951 et duny petre gh 1963 i a radical verbal employe avec valeur d imperatif zuhauk ikus voyez vous meme avec valeur d infinitif de narration konkorrek kanta mainguek dantza dibarrart les bossus de chanter les boiteux de danser recit dans un autre contexte cette phrase pourrait signifier que les bossus chantent que les boiteux dansent dans norat itzul de quel cote se tourner le radical exprime l idee verbale sans aucune determination i b ellipse de l auxiliaire jaun aphezek etsortatzen karitate egin dezen etchahun messieurs les cures exhortent a faire litt pour qu on fasse la charite la forme complete est etsortatzen tie ici propositions independantes et principales avec forme verbale personnelle sans marque syntaxique amorioa 41 langue basque 97 itsu da eta eztazagu zuzena dechepare l amour est aveugle et ne connait pas le droit nahi nuke etxe bat je voudrais une maison aihinz hotz edo erakin li arrague traduction de l apocalypse 3 15 utinam frigidus esses aut calidus othoitzerik eginen duzuenean albeitzinarrate hunela li quand vous prierez dites ainsi i c ii a la suite d une evolution fonctionnelle qui etait deja commencee au xvie siecle les formes personnelles marquees syntaxiquement ont pris dans certains cas des valeurs nouvelles et ont ete employees dans des propositions independantes ou principales suffixe relatif aizen qui es de aiz tu es peut signifier sois aizen han li sois la goazen allons une forme de subjonctif comme jan dezagun peut signifier pour que nous mangions ou mangeons on emploie les formes a suffixe relatif dans les propositions exclamatives zoin eder den comme c est beau suffixe la au xvie siecle aizela pouvait signifier tandis que tu es que tu es ou sois ongi aizela sois bien aujourd hui la defense s exprime au moyen de formes composees telles que eztezazula har ne le prenez pas qui existaient deja au xvie siecle prefixe ba si le suppositif eventuel peut servir a exprimer des souhaits ou des regrets a ethor baledi ah s il venait plaise a dieu qu il vienne jakin banu si j avais su le prefixe bait indique qu une forme verbale est en relation avec une autre mais dans la vieille langue il s employait dans des propositions independantes ou principales reliees a une autre independante ou principale par la conjonction de coordination eta et baina errak solament hitza eta senda turen baita ene muthilla li mais seulement dis le mot et mon gar on sera gueri l addition du prefixe bait a la forme verbale introduite par eta indique que ce qu on va dire ne s accomplit pas seulement apres ce qui a ete dit mais qu il y a un lien logique entre les deux v lafon bsl 1966 p 223 225 lafitte 774 ii a propositions subordonnees a verbe non personnel v lafitte ch xxii xxiv et xxxv en particulier 872 formes des propositions subordonnees nous citerons seulement quelques syntagmes radical eztaki norat itzul il ne sait pas de quel cote se tourner interrogation indirecte 98 langue basque 42 participe passe eginen duzu nik erran bezala vous ferez comme j ai dit l agent est indique par le pronom a l ergatif nik si l on veut employer une forme verbale personnelle il faut ajouter la forme a agent de lrc pers et suffixe relatif dudan et l on peut alors supprimer nik erran dudan bezala dans les propositions qui expriment une comparaison bezala comme est place a la fin sor lekua utziz geroz jainko ona urrikaldu da bethi ene nigarrez depuis que j ai quitte le lieu de ma naissance litt depuis le lieu de naissance quitte le bon dieu a toujours eu pitie de mes larmes geroz est un adverbe signifiant ensuite le participe passe est a l instrumental indefini la phrase est tiree d une chanson du poete elissamburu mais ce syntagme appartient aussi a la langue courante soul gii hundtuz geoz ebria bethi ai diizu depuis que nous sommes arrives ici il pleut sans cesse hundtu est un participe tire de l adverbe hiina ici avec mouvement pour exprimer qu une action a lieu avant une autre on peut se servir de la postposition ondoan construite avec une forme verbale relative ou avec un participe passe sans suffixe casuel joan den ondoan kantatu dugu apres qu il est parti nous avons chante aitak ikusi ondoan harenganat laster egin zuen quand son pere l eut aper u il courut a lui mais on emploie souvent une autre tournure le participe passe suivi de la conjonction eta et qui lui est alors rattachee dans la prononciation et qui dans les textes ecrits lui est souvent jointe par un trait d union hura joan eta aitak ikusi eta cette construction est tres facile a expliquer on est parti de phrases telles que edan eta kantatu dugu nous avons bu et chante pour mettre en relief le second verbe et mieux marquer l ordre chronologique des actions on a detache eta de kantatu et on l a lie a edan on est ainsi passe de la coordination a la subordination le passage est deja realise comme le montre la ponctuation dans cette phrase de li arrague le 23 16 beraz gaztigatu eta largaturen dut apres l avoir chatie je le libererai ii b subordonnees a verbe personnel les formes verbales personnelles des propositions subordonnees portent des marques syntaxiques qui s ajoutent aux formes nues et aux formes a suffixe ke sauf evidemment a celles d imperatif elles sont au nombre de quatre qui s excluent mutuellement elles sont de nature et d origine variees deux n et la sont des suffixes qui n ont pas d existence independante les deux autres qui sont des prefixes 43 langue basque 99 sont employees d autre part comme particules affirmatives on peut ajouter a n et a la d autres suffixes en particulier les formes a suffixe n dites relatives peuvent se decliner comme des substantifs on ne peut rien ajouter au prefixe hait on ne peut ajouter a ba que al qui exprime la possibilite d ou le prefixe alba 1 le suffixe n en an avait primitivement pour role essentiel et il l a garde de transformer une forme verbale personnelle assertive en un determinant de caractere nominal qui se place devant un substantif a la maniere d un autre substantif ou d un pronom au genitif dans ikusi dugun etxea ederra da la maison que nous avons vue est belle ikusi dugun est le determinant de etxea comme aitaren du pere dans aitaren etxea la maison du pere on appelle souvent ce suffixe n suffixe relatif parce qu il joue en basque un role analogue a celui du pronom relatif dans les langues qui en ont un une forme verbale relative peut se decliner tout comme un substantif au genitif aitarena celui celle du pere ikusi duguna celui celle ce que nous avons vu le suffixe d instrumental etant az on dit mintzo naiz aitarenaz je parle de celle du pere mintzo naiz ikusi dugunaz je parle de celle que nous avons vue certains pensent que le suffixe relatif est identique au suffixe du genitif c est possible mais il y a deux difficultes d abord la forme fondamentale du suffixe relatif est n et celle du suffixe du genitif des noms est en de plus quelques pronoms ont un genitif en e qui est certainement ancien comme le basque n admet pas les consonnes doubles les formes verbales terminees par le suffixe du passe n servent aussi comme formes relatives l opposition entre formes relatives et formes non relatives est donc alors neutralisee c est seulement le contexte et dans la langue parlee l intonation qui permettent de decider si ikusi nuen gizona signifie j avais vu l homme ou l homme que j avais vu p ex dans la phrase ikusi nuen gizona gaztea zen l homme que j avais vu etait jeune nous ne pouvons pas exposer les emplois tres varies que l on fait des formes relatives pourvues de suffixes casuels l un des plus frequents est celui du suffixe relatif plus le suffixe de l inessif singulier avec la signification de quand lorsque litt dans le moment que ikusi dugunean haurra rekin zen quand nous l avons vu il etait avec l enfant le suffixe complexe neko signifie des que ikusi duguneko abiatu gare des que nous l avons vu nous sommes partis 100 langue basque 44 le suffixe complexe nez equivaut a si introduisant une interrogation indirecte eztaki ikusi dugunez il ne sait pas si nous l avons vu le suffixe n est devenu une marque de dependance la forme verbale qui le contient a cesse souvent d etre un determinant place juste avant le determine pour etre un verbe de proposition subordonnee qui peut etre place apres le verbe principal la relation determinant determine a fait place alors a la relation proposition principale proposition subordonnee un exemple simple montre comment on a pu passer de la structure determinant determine celui la precedant immediatement celui ci a la structure principale subordonnee sans ordre impose dans la vieille langue les formes simples d indicatif present a suffixe relatif pouvaient avoir valeur d indicatif ou de subjonctif den de da il est pouvait signifier qui est qu il est ou qui soit qu il soit pour dire je crois qu il est la on a du dire d abord han den uste dut litt j ai i croyance uste qu il est la et pour dire han den nahi dut litt j ai i volonte nahi qu il soit la han den etait le determinant de uste et de nahi et den prenait naturellement une valeur finale quand il etait le determinant de nahi plus tard le substantif a ete joint au verbe comme dans les locutions verbales usuelles uste dut je crois et nahi dut je veux ce qui etait primitivement un determinant a ete traite comme un complement de ces locutions verbales et place apres elles sans doute par imitation de l ordre qui est habituel dans les langues romanes uste dut han den je crois qu il est la se dit encore aujourd hui la construction determinant determine s est conservee dans des syntag mes ou usiez instrumental ou ustean inessif est precede d un participe ou d un radical verbal enganatu ustez croyant tromper hura bil ustez croyant le gagner le decider lafitte 489 d et 875 nahi dut han den je veux qu il soit la ne se dit plus aujourd hui car den ne s emploie plus avec valeur finale on emploie a sa place le subjonctif izan dadin la construction de nahi avec un determinant place juste devant lui s est conservee dans ikusi nahi desireux de voir hura ikusi nahia naiz je suis desireux de le voir aujourd hui tous les parlers basques possedent un subjonctif distinct de l indicatif toutes ses formes sont composees et l auxiliaire porte toujours la marque n elles ne peuvent se decliner le seul lien qui les unisse aux formes relatives est la finale n elles ne fonctionnent plus comme des formes relatives les formes relatives s emploient avec divers mots aux 45 langue basque 101 quels elles sont preposees p ex artean pendant que litt dans l intervalle bezala comme nahiz bien que instrumental de nahi volonte han agoen artean pendant que tu es la erran dudan bezala comme j ai dit nahiz ez den gaztelua maite dut nik sor lekua elissamburu bien que ce ne soit pas un chateau j aime le lieu de ma naissance 2 le suffixe la il a deux emplois 1 il sert a exprimer qu un proces est simultane a un autre et constitue une circonstance de celui ci c est une sorte de gerondif a marques personnelles 2 il sert dans le discours indirect a exprimer des assertions ou des ordres il equivaut en gros tantot a fr comme tandis que tantot a que introduisant une proprosition completive et construit avec l indicatif ou avec le subjontif dans ce deuxieme emploi comme le dit schuchardt pri 105 il a n comme concurrent et leurs spheres d action ne sont pas faciles a delimiter mutuellement exemples tires de textes du xvie siecle verbe ekarri amener produire porter eta lurra izigarri oro ikharatu rik zuhamuyek dakartela odolezko izerdi dech i 312 313 et la terre tout entiere sera formidablement ebranlee les arbres produisant une sueur de sang erioa manatzen du ezdn fait a gaberik hilak oro dakazela aitzinera bizirik elantik harat eztukela bothererik jagoitik dech i 239 241 il ordonne a la mort d amener sans faute devant lui vivants tous les morts disant qu a partir de ce moment elle n aura plus de pouvoir ilkhi zedin jesus kampora elhorrizko koroa zakarkela li jn 19 5 jesus donc sortit portant la couronne d epines zakarkela est un preterit a suffixe ke v plus haut p 93 aujourd hui comme autrefois erraiten du ongi kantatzcn duzula il dit que vous chantez bien assertion s oppose a erraiten du ongi kanta dezazula il dit que vous chantiez bien ordre ce suffixe la est le meme qui a servi a former les adverbes nota comment hala ainsi bertzcla autrement tires de no qui ha theme du demonstratif de 3e personne bertze autre il a du servir primitivement a faire d une forme verbale personnelle une sorte de complement circonstanciel de maniere la fonction originelle de ce suffixe est encore sensible dans cette phrase de li arrague jn 6 19 ikhusten dute jesus itsas gainez dabilala ils voient jesus cheminer sur la mer uident iesum ambulantem supra mare dabila signifie il chemine dabilala lui cheminant la meme phrase peut servir aussi a rendre la phrase fran aise ils voient que jesus chemine sur la mer on est 102 langue basque 46 passe facilement de la premiere signification a la seconde d une sorte de gerontif personnel complement de maniere a un verbe de subordonnee completive on peut ajouter au suffixe la deux suffixes nominaux ik et ko le premier est celui du partitif aujourd hui le gerondif defini plus haut est le plus souvent en larik abiatu zen khantatzen zuelarik il partit en chantant on emploierait plutot dabilalarik que dabilala pour traduire la phrase de l evangile citee plus haut le suffixe ko qui a ete integre a la declinaison mais qui servait primitivement a former des complements de nom peut s ajouter a une forme verbale pourvue du suffixe la il la transforme alors en complement de nom guan ninduan etxera gauza hortan akabo zelako espe rantzan elissamburu je m en allai chez moi avec l espoir que c en etait fini avec cette affaire le suffixe complexe lakotz lakoz signifie parce que ezta jin eri delakotz il n est pas venu parce qu il est malade naissance d un subjonctif distinct formellement de l indicatif dans la vieille langue la conjugaison simple ne distinguait formellement comme modes que l indicatif mode de l enonciation le suppositif et l imperatif il n y avait pas de subjonctif distinct de l indicatif on employait des formes a suffixe n et la tantot avec valeur enonciative tantot avec valeur finale dans la conjugaison composee une distinction se dessinait pourtant entre le subjonctif et l indicatif elle est complete aujourd hui le basque s est donne un subjonctif distinct de l indicatif en se servant de l opposition d aspect qui existait entre les verbes employes comme auxiliaires etre et avoir ne comportent pas de terme tandis que di devenir et za faire en bise gi en comportent un dans la vieille langue tandis que sartzen den ne pouvait signifier que qui entre qu il entre indicatif sar dadin pouvait signifier non seulement qui vient ou viendra a entrer indicatif mais encore pour qu il entre subjonctif dans la premiere acception sar dadin pouvait se decliner dans la seconde il ne le pouvait pas sartzen dela ne pouvait signifier que comme il entre tandis qu il entre qu il entre indicatif et sar dadila ne pouvait exprimer qu un ordre en style indirect ou en proposition independante ou principale un commandement ou un voeu aujourd hui le type sartzen den dela est un indicatif sar dadin dadila un subjonctif 3 le prefixe ba si le basque a deux sortes de formes verbales a prefixe ba les unes ont valeur assertive et figurent dans une proposition independante ou principale les 47 langue basque 103 autres expriment une condition et ne peuvent figurer en principe que dans des subordonnees on les appelle formes de suppositif il existe un badut qui signifie je l ai comme dut et un autre badut qui signifie si je l ai le premier ba est une particule affirmative qui a comme bai oui une existence independante jinen da ba il viendra oui les formes assertives et celles de suppositif se distinguent par les trois caracteres suivants 1 la negation ez peut s ajouter a une forme suppositive mais non a une forme assertive 2 ba suppositif ne peut pas s ajouter normalement a des formes allo cutives 3 il n existe generalement pas de formes nues ou a prefixe affirmatif ba qui correspondent a celles du suppositif eventuel les formes qui figurent dans le tableau qui suit signifient respectivement je l ai si je l ai banu si je l avais forme nue ba affirm ba suppos dut badut badut diat alloc badiat n existe pas n existe pas n existe pas banu ez dut eztut ez dut eztut ez badut ezpadut on fait assez souvent preceder les formes de suppositif de la particule baldin ou balin parfois suivie de eta dont l etymologie n est pas claire les formes de suppositif appartiennent les unes au 1er groupe les autres au 2e les premieres expriment des hypotheses envisagees d une maniere ferme dans le plan de la realite pour le moment present ou pour l avenir les formes de suppositif du 2e groupe expriment des hypotheses portant sur des eventualites ou sur le passe amorosek badagite behin bere nahia handiago jiten zaie bertze nahikaria dech ii 45 46 si les amoureux font une fois leur volonte il leur vient plus grand le desir d autre chose gizonek utzi balitzate elaidite faltarik dech iii 2 si les hommes les laissaient tranquilles les femmes ne commettraient pas de fautes sosa balinbazuen gastatzen zuen s il avait de l argent il le depensait le suppositif suivi de ere aussi meme equivaut a la fois a fr meme si et a quoique bien que eri bada ere lan egiten du peut signifier meme s il est malade il travaille ou quoiqu il soit malade il travaille le ba conditionnel n etait autre a l origine que le ba affirmatif certaines phrases permettent de saisir comment on 104 langue basque 48 est passe de l affirmation categorique a l affirmation hypothetique dechepare qui pense a ses ennemis qui l ont fait emprisonner s adresse a dieu en ces termes xiii 33 34 nik eniak badakuskit ene gaitzaz bozturik zure eskuiaz dakus kidan heiek gaztigaturik badakuskit peut signifier je les vois ou si je les vois comme l edition originale ne contient aucune ponctuation a l interieur des strophes on peut entendre je vois mes ennemis rejouis de mon malheur que je les vois chaties de votre main ou si je vois mes ennemis rejouis de mon malheur que je les vois chaties de votre main 4 le prefixe bait d ou dans certaines regions beit et bit indique aujourd hui comme autrefois que la forme verbale qui en est pourvue est en relation avec une autre forme verbale il marque un rapport de dependance entre propositions lafon bsl 1966 eria baita ez da jinen comme il est malade il ne viendra pas aita hil zaio aspaldi eria bai tzen il a perdu son pere qui etait malade depuis longtemps les ecrivains basques qui ont eu a traduire des phrases latines fran aises ou espagnoles a proposition relative se sont servis concurremment des formes a suffixe relatif et des formes a prefixe bait bien qu elles soient de natures differentes et qu elles caracterisent des structures de phrase differentes les formes a prefixe bait s emploient souvent precedees des interrogatifs indefinis nor et zer ou des adverbes et des conjonctions qui en sont tires nor zer equivalent alors a celui qui ce qui nor baitago nitan eta ni hartan hark ekharten du frutu anhitz li jn 15 5 qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruit on pourrait dire aussi nitan dagoenak eta ni hartan ekharten du frutu anhitz on en est venu a imiter servilement les phrases fran aises et espagnoles a relatif et substantif antecedent en se servant de nor zer zein lequel comme de pronoms relatifs ikusi dut haur bat zeinek hamar urthe baituke j ai vu un enfant qui doit avoir dix ans on devrait dire selon le veritable usage basque ikusi dut hamar urthe dukeen haur bat ou ikusi dut haur bat hamar urthe dukeena en employant la forme relative dukeen en souletin et en roncalais on emploie les particules bait bai baiko apres un participe passe avec la signification quand pour quand des que soul zu fin bait eginik duket je l aurai fait pour votre arrivee heriua da laztuko phiztii rik ikhusi baiko gizona jujamentuko traduction recente du dies irce par le chanoine g eppherre la mort s epouvantera aussitot qu elle aura vu l homme ressuscite pour le jugement 49 langue basque 105 ces particules servent a souligner l assertion exprimee par le syntagme qui les precede et en meme temps a delimiter ce syntagme la premiere phrase citee plus haut voulait sans doute dire primitivement vous bien arrive je l aurai fait de plus dans une biographie en labourdin du xixe siecle on trouve bai precede d une forme verbale personnelle et signifiant des que xilinxa tintin aditzen zen bai akhabo jos tetak des que l on entendait la clochette tinter les jeux etaient finis texte publie par p arradoy dans gh 1967 p 145 la proposition principale ici est sans verbe on forme des indefinis en ajoutant bait et ses variantes aux interrogatifs norbait quelqu un zerbait quelque chose ces interrogatifs dans la vieille langue pouvaient etre employes aussi comme indefinis l adjonction de bait leur ote tout caractere interrogatif ce bait est identique au prefixe verbal bait considerons la phrase de li arrague citee plus haut nor baitago nitan eta ni hartan hark ekharten du frutu anhitz qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruit on con oit aisement que nor baitago puisse provenir d un plus ancien nor bait dago signifiant quelqu un certes demeure on a du avoir primitivement deux propositions juxtaposees entre lesquelles on ne devait marquer qu une pause assez breve et sans laisser tomber la voix apres hartan en lui quelqu un certes demeure en moi et moi en lui celui la porte beaucoup de fruit l evolution en a fait une phrase de deux propositions dont la premiere est subordonnee a la seconde les deux syntagmes norbait dago quelqu un demeure et nor baitago celui qui demeure sont deux formes differenciees d un plus ancien norbait dago ou bait pouvait indifferemment avec valeur affirmative dans les deux cas etre attache au pronom ou au verbe l emploi des formes verbales a prefixe bait dans des propositions coordonnees a une autre par eta et remonte sans doute a l epoque ou bait etait encore une particule destinee a souligner une affirmation et a faire ressortir le mot ou le syntagme qu elle accompagnait ainsi les deux prefixes verbaux a role syntaxique du basque ba si et bait marque de dependance reposent sur deux particules affirmatives dont la seconde est derivee de la premiere les travaux publies depuis quelque vingt cinq ans ont montre que la syntaxe du latin et des langues romanes n a exerce sur le basque qu une influence reduite a cause de la difference profonde qui existe entre les structures des deux langues et que cette influence a ete plus forte sur la langue 106 langue basque 50 des lettres que sur le parler quotidien surtout sur celui des gens qui ne connaissent ou ne pratiquent que le basque v lafon bsl 1957 1958 et 1967 viii vocabulaire les revues ont publie un grand nombre d articles de longueur et d importance tres variees sur le vocabulaire beaucoup ont un interet surtout dialectologique mais quelques uns ont une portee plus grande des dictionnaires ont paru le dictionnaire basque fran ais du p lhande 1938 est tres important bien qu il ne comprenne que les dialectes du versant fran ais j larrasquet a donne dans le basque de la basse soule orientale 1939 un lexique precieux de ce parler il corrige quelques erreurs de lhande et surtout il indique outre la graphie adoptee aujourd hui la prononciation effective avec la place de l accent le lexique fran ais basque d a tournier et p lafitte 1954 est utile le lexique du basque d eibar par t echebarria 1965 1966 complete notre connaissance de ce parler qui appartient au sous dialecte bis cayen du guipuzcoa le dictionnaire manuscrit dit de landucci 1562 publie par m agud et l michelena en 1957 fait connaitre un dialecte presentant des affinites avec le biscayen mais distinct de celui ci et qui se parlait sans doute en alava dans la region de vitoria ils l appellent meridional comme les dictionnaires d azkue et de lhande sont epuises il conviendrait de les reediter peut etre en les corrigeant et les completant tache ardue et longue en attendant l das sance j haritschelhar et p lafitte ont commence les travaux preparatoires a l etablissement d un lexique basque fran ais ou l on trouverait l essentiel du vocabulaire mais il faudra de toute fa on s atteler a la preparation d un grand dictionnaire basque fran ais espagnol et ulterieurement d un dictionnaire etymologique de la langue basque la seule etude d esprit structuraliste qui ait ete ecrite sur le vocabulaire basque est l article de uhlenbeck cite plus haut p 78 il serait tres utile d examiner dans cet esprit ce qui est dit de la formation des mots dans la morfologia d azkue et dans la grammaire de lafitte on trouve par exemple dans azkue 594 598 des observations interessantes sur les mots a redoublement notamment sur ceux dont le deuxieme element est pourvu d un m initial comme erran merran racontar de erran dit part passe et nahas mahas pele mele de nahas ensemble sans ordre 51 langue basque 107 certains mots sont communs a tous les parlers basques d autres ne sont employes que dans certains dialectes ou dans un seul dialecte ou meme dans un seul parler local l etymo logie d un grand nombre de mots est inconnue a notre avis le basque possede des mots provenant d un fonds qui lui est commun avec les langues caucasiques auxquelles il est apparente il a emprunte beaucoup de mots a des langues variees langues non identifiees ou mal connues qui etaient parlees autrefois dans les pyrenees dans les alpes et en sardaigne langues chamito semitiques germaniques celtiques surtout latin ensuite tout au long de son histoire le basque a puise largement dans les langues romanes au contact desquelles il vivait l espagnol le fran ais ainsi que leurs dialectes voisins du pays basque notamment le gascon enfin le proven al parle en navarre de la 2e moitie du xie siecle jusqu au xive on peut citer notamment les travaux de bertoldi uhlenbeck anthropos 1940 1941 schuchardt gavel et plus recemment de rohlfs michelena tovar bouda hubschmid lafon toponymie et anthroponymie l onomastique basque englobe desormais l etude des noms vascons et aquitains on trouve un historique des recherches dans l article de lafon dans onoma 1954 et une bibliographie plus recente a la fin de son article de riono 1965 le grand initiateur que fut il y a pres de cent ans achille luchaire n etait pas un bascologue mais un historien onoma signale chaque annee sous les rubriques france et espagne les travaux sur l onomastique basque l michelena a publie un livre tres important apelli dos vascos 2e ed 1955 avec bibliographie et index on y trouve aussi beaucoup de toponymes luis de eleizalde mort en 1923 avait commence a publier en 1922 des listas alfabeti cas de voces toponomasticas vascas incompletes mais tres utiles les mots allant jusqu a pozuzarreta ont paru dans la rieb dernier fascicule en 1936 et le reste dans deux fascicules de brsvap xix 1963 p 241 273 et xx 1964 p 103 159 il importe de poursuivre ces travaux il faudrait etablir un corpus des inscriptions ou figurent des noms aquitains et vascons et des passages des auteurs anciens ou de tels noms sont cites il importe aussi de continuer a relever et a publier les mots basques qui figurent dans des documents d archives anterieurs au xviie siecle ix dialectologie cartes textes si l on tient compte du fait que le biscayen occupe une place a part dans l ensemble des dialectes basques et que le 108 langue basque 52 dialecte meridional du xvie siecle aujourd hui disparu presentait des affinites avec lui on peut figurer les relations entre les huit dialectes autrefois sans doute neuf au moyen du schema ci dessous en considerant leur situation geographique et en indiquant leurs affinites par des traits continus biscayen guip labourdin meridional du xvie s h nav mer b nav or soul chaque dialecte basque fran ais a un sous dialecte qui est parle au sud de la chaine les relations que ces sous dialectes presentent avec les dialectes du nord de la chaine entre eux et avec le haut navarrais septentrional et meridional sont etudiees dans l article de lafon paru dans pirineos 1955 on ne possede aucune analyse structurale d un parler local ni d un dialecte basque comme descriptions de parlers on peut citer l etude de rollo sur le biscayen de marquina celles de larrasquet sur le basque de la basse soule orientale son propre parler celles d azkue sur le roncalais celles de michelena sur le roncalais et sur le salazarais dans vd g bahr guipuzcoan d origine disparu au cours de la deuxieme guerre mondiale avait publie des listes de formes verbales provenant des diverses regions ou le dialecte guipuzcoan est parle rieb a partir du t xvii lafon a etudie dans vd 1959 et 1963 quelques formes et quelques traits du verbe dans le souletin de larrau on parle depuis longtemps d etablir un atlas linguistique et ethnographique du pays basque le travail preparatoire a enfin commence j haritschelhar p lafitte j allieres l michelena mlle a m echaide j allieres romaniste specialiste de l enquete linguistique et ethnographique sur le domaine gascon et qui s est tourne vers le basque a depouille des traductions d un texte fran ais qui avaient ete faites en 1887 dans toutes les localites du pays basque fran ais et il en a porte les resultats sur des cartes accomplissant ainsi un travail d un grand interet 53 langue basque 109 beaucoup de textes dialectaux chansons recits contes ont ete recueillis et publies notamment par schuchardt azkue le p donostia j m de barandiaran l dassance p duny petre j haritschelhar ce dernier a publie en 1969 une edition critique avec traduction des chansons du poete souletin etchahun des textes anciens difficiles a se procurer ont ete mis a la disposition des philologues et des linguistes par j de urquijo qui a donne dans la rieb des reproductions photographiques de plusieurs oeuvres classiques le guero d axular moins une centaine de pages les poesies de dechepare les proverbes et les poesies d oihenart il a publie dans la meme revue les refranes y sentencias de 1596 avec un commentaire fort utile il a edite les textes basques de garibay en les faisant preceder d une importante introduction le brsvap a publie grace au seminario de filologia vasca et a son animateur l michelena une traduction en biscayen de la doctrina cris tiana par betolaza 1596 nous avons pu ainsi publier dans le brsvap une traduction fran aise des poesies de dechepare et de celles d oihenart et des notes critiques et explicatives sur ces deux ouvrages ainsi qu une etude sur la langue de dechepare et des remarques sur le verbe dans betolaza on doit a michelena le precieux recueil textos arcaicos vascos 1964 ou sont rassembles et annotes des textes difficiles a se procurer on lui doit aussi l anuario del seminario de filologia vasca julio de urquijo 1er fasc en 1967 x le probleme des origines de la langue basque les exposes les plus recents sont ceux de lafon conference de 1951 article de brsvap 1953 article de r i ono 1965 depuis 1918 une decouverte tres importante a eu lieu manuel gomez moreno a reussi a lire l ecriture ibere 1er article en 1922 deux faits sont acquis le basque continue la langue des aquitains et des vascons il ne vient pas de l ibere d autre part surtout depuis quelque vingt cinq ans la comparaison du basque et des langues caucasiques a progresse on a etabli que le basque s est parle dans l antiquite sur une aire beaucoup plus etendue qu aujourd hui deux villes aux deux extremites de la chaine des pyrenees portaient chacune un nom basque a l ouest tout pres de la cote atlantique gr oiaso gen oiasonos lat oiarso aujourd hui oyar zun entre la frontiere fran aise et saint sebastien a l est 110 langue basque 54 tout pres de la cote mediterraneenne entre perpignan et la frontiere espagnole iliberri qui signifie en basque ville neuve cela etant non seulement en aquitaine mais encore dans l aude et meme dans le gard on trouve dans des inscriptions latines quelque 300 noms de personnes de divinites de populations qui ne sont ni latins ni celtiques et dont beaucoup sont identiques ou semblables a des mots basques de plus ausci le nom du peuple qui habitait la region d auch se retrouve dans celui de la langue basque euskara au sud de la chaine les vascons occupaient le territoire de la navarre actuelle une bande de terrain qui comprenait oyarzun et une partie des provinces de saragosse et de huesca la documentation est beaucoup plus maigre qu au nord de la chaine mais plusieurs noms de villes et de personnes dont certains sont attestes en 90 av j c ont un aspect nettement basque une inscription latine trouvee en 1960 a lerga navarre dans une region ou l on parlait encore basque au xvie siecle contient le nom sahar qui en basque signifie vieux enfin beaucoup plus a l est en catalogne on a trouve recemment une pierre portant le nom de l iunius iaurbeles ce dernier mot est un compose qui signifie en basque seigneur noir l aquitain et le vascon nous sont ainsi connus par des documents qui vont du iiie siecle avant notre ere au iiie ou au ive de notre ere nous ne possedons aucune phrase ni aucun syntagme dans l une ni l autre de ces langues nous ne connaissons aucune forme verbale uniquement des noms en fonction de nominatif de datif ou plus rarement de genitif non flechis ou flechis comme des noms latins mais le systeme phonologique de l aquitain et du vascon est fort semblable a celui du basque historiquement connu et l on voit bien comment celui ci continue celui la cf plus haut p 61 et 75 de plus l aquitain possedait quelques suffixes de derivation que l on retrouve en basque il ne fait aucun doute que l aquitain et le vascon peu differents l un de l autre sont une forme ancienne de la langue basque si l on ajoute que des toponymes basques se rencontrent a l est du pays des aquitains et de celui des vascons en cer dagne en catalogne et jusqu a la cote mediterraneenne iliberri on peut affirmer qu il y a deux mille ans on parlait basque de l atlantique a la mediterranee dans les pyrenees et dans les plaines qui s etendent a leur pied et meme sans doute au moins par endroits non loin de la vallee du rhone on ne peut plus dire comme humboldt l avait fait on trouve des noms de lieux basques dans toute la peninsule mais il est vrai que l on rencontre des noms de lieux d aspect 55 langue basque 111 basque en andalousie et dans le sud est de l espagne certains mentionnes chez les auteurs anciens d autres attestes seulement a l epoque moderne lafon congres des sciences ono mastiques 1955 il se peut que certaines coincidences soient fortuites ou qu elles s expliquent par des mouvements de populations posterieurs a la reconquete mais le cas de iliberri ville de betique qui occupait l emplacement de l actuelle grenade n est pas douteux il reste a l expliquer historiquement l etude de la langue ibere a beaucoup progresse apres 1918 surtout grace aux savants espagnols les travaux de gomez moreno de j maluquer de motes et en lrance de m lejeune qui contiennent des references a d autres travaux sont cites dans la bibliographie on decouvre assez souvent de nouvelles inscriptions il faudra etablir un ou plusieurs corpus des inscriptions iberes et mettre a jour le precieux lexico de las inscripciones ibericas 1951 d a tovar mais pour ces taches comme pour beaucoup d autres on aurait besoin d un nombre beaucoup plus grand de chercheurs l ibere a ete en usage dans la region cotiere d enserune entre narbonne et beziers a alicante il s est etendu aussi vers l interieur par la vallee de l ebre jusqu a lerida et sara gosse il a ete egalement en usage dans la region qui s etend d alicante a cordoue les inscriptions iberes que nous possedons appartiennent a la periode comprise entre le ive siecle peut etre le ve avant j c et le debut de l ere chretienne j maluquer de motes quelques unes sont en caracteres grecs mais la plupart sont dans une ecriture originale syllabique pour les occlusives sans distinction de sourdes et de sonores la plupart des signes dont elle se sert sont d origine grecque certains peuvent etre aussi d origine semitique certains sont d origine inconnue cette ecriture va de gauche a droite dans toute la region cotiere mais dans le sud est de l espagne elle va generalement de droite a gauche et elle presente quelques signes particuliers on sait lire les textes en langue ibere mais on ne les comprend pas aucun n est bilingue et on ne parvient pas a interpreter l ibere a l aide du basque on a des phrases en ibere mais non en aquitain ou en vascon quinze siecles separent les textes iberes les plus recents des plus vieux textes basques et l on ne sait pas ce qu etaient la morphologie et la syntaxe basques du debut de l ere chretienne toutefois le systeme phonologique de l ibere presente beaucoup de ressemblances avec celui de l aquitain et du vascon de plus certains mots iberes contiennent des elements morphologiques 112 langue basque 56 ba ke ai qui font penser au basque mais on n a pas le droit de les identifier aux elements basques homophones tant que l on ignore leur signification et celle des mots ou ils figurent l ibere possede un suffixe en qui marque tres probablement l appartenance et qui est identique par sa forme au suffixe basque du genitif il possede aussi un suffixe ar tar qui indique que quelqu un est originaire d une ville ou d un pays ou membre d une certaine famille et qui rappelle le suffixe aquitain et basque ar tar de meme valeur enfin une quarantaine de mots iberes sont identiques ou semblables a des mots basques p ex bels qui rappelle aq beles belex bsq beltz noir argi qui rappelle bsq argi lumiere brillant clair cet ensemble de concordances ne semble pas pouvoir s expliquer par le hasard ni par l emprunt mais il n autorise pas a penser que le basque historiquement connu est une continuation de l ibere car s il venait de l ibere cela reviendrait a dire que l aquitain et le vascon formes anciennes du basque contemporaines de l ibere sont de l ibere or bien que l on ne possede pas de phrases aquitaines et vasconnes on peut comparer des mots iberes et des mots aquitains et vas cons de la meme epoque iie et 1er siecles avant j c mots iberes figurant dans maluquer nos 180 204 et 324 513 on observe alors un melange de concordances et de differences celles ci etant plus nombreuses que celles la qui fait penser a deux langues mais non a la meme langue p ex aiunescer tar 189 contient sans doute le suffixe tar escer rappelle bsq esker gauche mais aiunescer ne rappelle rien la finale wi demonstratif article postpose nominatif frequente en ibere ne rappelle rien en basque la premiere partie de ib argi sabam argi se trouve a la fois en basque et en ibere mais on ne trouve ni en aquitain ni en vascon ni en basque aucun mot termine par m par contre on connait deux exemples de m final en ibere sabam et bortoloikekobam n 17 ullastret ive siecle av notre ere qui ne rappelle rien en basque on ne peut donc pas identifier l aquitain et le vascon formes anciennes du basque a l ibere dans l etat actuel des recherches il parait impossible de penser que le basque vient de l ibere mais il semble permis de supposer qu il existe entre les deux langues un lien de parente moins direct et moins proche que celui de filiation ni avant ni apres 1918 on n a reussi a etablir des correspondances phonetiques regulieres ni des concordances morphologiques precises d ou l on puisse conclure a la parente du basque et des langues chamito semitiques les seules langues qui pretent a des rapprochements faits 57 langue basque 113 selon les regles de la methode comparative avec le basque sont les langues caucasiques l idee de la parente du basque et de ces langues a ete defendue par schuchardt trombetti winkler marr puis par uhlenbeck dumezil bouda et lafon c est surtout a partir de 1923 que l on a produit des arguments precis les langues caucasiques au nombre d une quarantaine et de structures tres diverses se divisent en deux grands groupes celui des langues du versant nord les plus nombreuses et les plus variees comprend lui meme le groupe du nord ouest abkhaz tcherkesse ou adyghe oubykh et l ensemble forme par les langues du centre langues tchetchenes ou nakh et les langues du nord est ou du daghestan avar lak dargwa etc le groupe des trois langues du versant sud ou langues kart veles georgien mingrelo laze ou zane et svane presente une unite sensible le travail comparatif a dans ces vingt dernieres annees beaucoup progresse a l interieur de tous les groupes et des sous groupes on peut s en rendre compte en lisant le chapitre de aert h kuipers caucasian dans le volume i p 315 344 de current trends et le grand ouvrage collectif ib erij sko kavkazskie jazyki par un groupe de linguistes sovietiques sous la direction d e a bokarev et de mme k lomta tidze publie a moscou en 1967 mais il reste encore une tache considerable a faire on est loin d avoir des vues comparatives satisfaisantes sur l ensemble des langues caucasiques aussi l application de la methode comparative au basque et aux langues caucasiques se heurte t elle a de grandes difficultes d autant plus que les langues caucasiques ne sont connues qu a partir du siecle dernier sauf le georgien dont on possede des textes a partir du vie siecle ces langues ont des systemes phonologiques varies tous beaucoup plus riches en consonnes que le basque par contre aucune ne connait l opposition de r douce et de r forte parmi les traits caracteristiques communs a toutes les langues caucasiques l un des plus importants est l existence de deux modes d articulation des occlusives et des affriquees avec occlusion complete de la glotte et sans occlusion de celle ci ces langues possedent des supraglottales sourdes appelees aussi glottalisees dont l emission est accompagnee d un coup de glotte et des infraglottales les unes sourdes aspirees les autres sonores on est en presence de triades telles que t j t d c c z le basque ignore les glottalisees et ses sourdes aspirees ne sont que des variantes phonetiques des sourdes ordinaires v plus haut p 72 malgre ces difficultes on a pu etablir quelques correspondances phonetiques basques caucasiques ainsi aux sifflantes ou chuintantes glottalisees le plus souvent affriquees rare 114 langue basque 58 ment spirantes des langues caucasiques correspond en basque une mi chuintante s ou ts et aux sifflantes ou chuintantes non glottalisees spirantes ou affriquees sourdes ou sonores des langues caucasiques correspond en basque une sifflante pure z ou tz bsq su feu en basque ts initial s est reduit a s lak c u tcherk mas e avec prefixe ma feu ge c v bruler avec des correspondants en c dans presque toutes les langues caucasiques bsq t zu ancien suffixe de pluriel v plus haut p 82 abkh c a affriquee sifflante labialisee suffixe de pluriel oub c a suffixe marquant l exces bsq zu vous aujourd hui respectueux mais anciennement pluriel cauc du nord ouest s0 vous et formes de types hi tu i
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