article | Thoniers basques dans les eaux tropicales | Albert Percier (-) | Notice | Dans le bulletin |
article | Coutumes funéraires à Iholdy (Basse-Navarre) | Jean Haritxelhar (1923-2013) | Notice | Dans le bulletin |
article | Les dolmens du pays de Cize | Bernard Duhourcau (1911-1993) | Notice | Dans le bulletin |
illustration | Carte des dolmens du pays de Cize | Notice | Dans le bulletin | |
article | Zuloaga | Ramiro Arrue (1892-1971) | Notice | Dans le bulletin |
article | Revue des revues (suite) (Année 1966) | Notice | Dans le bulletin | |
article | La Gascogne dans les registres du Trésor des Chartes. Ch. Samaran (bibliographie) | Eugène Goyheneche (1915-1989) | Notice | Dans le bulletin |
bulletin trimestriel p999999999990999gggg9ggggg99g9g99gg999gg0gg9999gg9999gg9g9 e1 o o o sommaire arts et traditions populaires thoniers basques dans les eaux tropicales a percier 97 coutumes funeraires a iholdy basse navarre j haritschelhar 109 etudes les dolmens du pays de cize 8 duhourcau 117 zuloaga r arrue 127 chroniques revue des revues annee 1966 138 bibliographie ch samaran la gascogne dans les registres du tresor des chartes e goyheneche 141 s o o o099gg0090090gggggg9ggg9g99g0gggg90ggggo000gg0g0gggg0ggggg k3s j ayo nne hke societe des amis du musee basque chateau neuf 64100 bayonne 05 59 25 45 84 samb baionaawanadoo fr le bulletin du musee basque fonde en i924 3ms periode a partir de i964 publie des etudes relatives au developpement du musee des notices nombreuses et detaillees sur les objets qui entrent dans ses collections des chroniques permettant de suivre les diverses formes de son activite enfin la liste de ses acquisitions les notices constituent en particulier un vaste repertoire interessant l histoire les arts et traditions populaires de bayonne et du pays basque le bulletin est a ce titre echange avec les publications des societes savantes de france et de l etranger les articles publies dans le bulletin restent l oeuvre exclusive et personnelle de leurs signataires le comite du musee basque n est pas solidaire des theories ou opinions qu ils expriment conditions de publication l ensemble des fascicules paru dans l annee constitue un tome avec pagination suivie et table des matieres compte des cheques postaux societe des amis du musee basque bordeaux n 27i8 i4 adresser la correspondance a m le directeur du musee basque 64 bayonne b p telephone 25 08 98 articles du bulletin abonnement france etranger 10 f 15 f thoniers basques dans les eaux tropicales conference prononcee le 21 janvier 1967 a l institut oceanographique de paris il y a une dizaine d annees la production thoniere de l ocean atlantique etait de 150 000 tonnes environ quelque sept annees plus tard ce chiffre est double alors que jusqu en 1955 la peche thoniere se cantonne dans les eaux temperees et mediterraneennes a partir de cette date une nouvelle pecherie va etre exploitee celle des eaux tropicales deux pays sont responsables de cet essor le japon qui lancera ses palan griers pour exploiter la province oceanique a la palangre derivante 1 technique qui n a reellement jamais pu etre adoptee par d autres pecheurs de son cote la france arrive sur les tropiques a la meme epoque mais dirige son activite vers les pecheries de thon de surface exploitees par la methode de peche a l appat vivant2 cette methode qui a totalement bouleverse l industrie thoniere europeenne on la doit a saint jean de luz je voudrais ce soir vous retracer l histoire de cette activite maritime relativement recente et vous informer des efforts accomplis par les pecheurs basques saint jean de luz occupe parmi nos ports de peche oceanique une place tout a fait a part isole par la longue cote des landes des ports du golfe de gascogne saint jean de luz a toujours eu une physionomie particuliere 1 palangre derivante methode de capture pour les thons de profondeur ligne de 80 a 100 kilometres de long mouillee en plein ocean a 30 metres de la surface 2 peche a l appat vivant methode de capture pour les thons de surface le thonier transporte du petit poisson vivant en vivier un banc de poisson est repere le bateau s en approche et attire le thon en jetant a la mer a pleines poignees les sardines anchois sardinelles qu il transporte dans ses viviers 98 son histoire n est qu une suite d aventures ou l on voit les marins du pays dedaigneux des metiers de routine se lancer avec fougue dans une activite nouvelle y apportant leur dynamisme leur finesse leurs facultes d adaptation terre neuvas avant l epoque des grandes decouvertes ils naviguent en flotille vers les eaux americaines baleiniers audacieux ils doivent se defendre contre leurs collegues anglais et se feront supplanter par les hollandais qui en les embauchant leur subtiliseront la technique de traitement du lard des cetaces a bord des bateaux technique inventee par sopite corsaires au xviiie lorsque la peche deviendra difficile ils y gagneront sans doute une forte reputation de terribles combattants mais helas ils y perdront le gout de la peche lointaine de l aventure en temps de paix et le xixe siecle verra saint jean de luz sur son declin bien que ce port soit en 1896 le premier port de peche artisanale qui adopte la mecanisation sur ses petites unites les basques ne retrouveront une activite conforme a leur temperament qu au milieu du xxe siecle lorsque pousses par le dynamisme d une equipe jeune ils se lanceront dans l aventure thoniere lorsqu ils deviendront les champions europeens de la methode de peche a l appat vivant cette methode pour eux n est pas nouvelle mais les anciens n ont pas su l adapter il faudra la redecouvrir en se faisant les eleves des pecheurs americains de californie eux memes eduques par les plus remarquables pecheurs du monde les japonais l aventure commence en 1947 la peche traditionnelle a la sardine est mauvaise le port vit difficilement l hiver i ete les equipages se lancent timidement a la peche aux thons a la traine3 et ce avec une fa on de faire bien plus proche de l esprit de la plaisance que de la peche professionnelle on est fier de s etre battu pendant une heure avec un thon rouge de quatre vingts kilos mais on n estime pas la peche du thon blanc ou l on ne peut mettre en valeur ses talents de fin pecheur deux armateurs mm pommereau et elissalt se rappelant la vieille technique de la peche a l alecia4 et pourvus des documents decrivant la methode californienne s allient avec un equipage jeune et dynamique et se lancent dans des essais de peche a l appat vivant 3 peche a la traine methode de capture pour les thons de surface peche traditionnelle en france jusqu a l introduction de l appat vivant le thonier remorque plusieurs lignes ecartees du bateau a l aide de tangons l hame on est garni d un leurre autrefois en barbes de mais aujourd hui en crins synthetiques 4 peche a l alecia l alecia etait un filet tournant de petites dimensions mais en fil fort pour la capture de l anchois lorsque le bateau avait encercle un banc d anchois le filet etait garde le long du bateau et servait alors de vivier pour une peche rappelant la methode a l appat vivant 99 sous les quolibets et les sarcasmes on installe un vivier de fortune sur le pont du sardinier deboires difficultes techniques manque d experience les promoteurs connaissent la les habituelles causes de decouragement ils poursuivent s accrochent et gagnent en 1948 la ruee vers le thon commence on s equipe de viviers on construit de nouveaux bateaux en allongeant les coques traditionnelles que l on charge de reservoirs les unites de peche deviennent de veritables bateaux citernes des tankers cependant le bateau traditionnel des luziens cette coque si gracieuse dans ses lignes si legere dans sa construction ne peut convenir pour des unites plus importantes plus gorgees de viviers car le probleme est la transporter le plus possible de petits poissons vivants sardines anchois chin chards jusqu aux pecheries eloignees de germon5 il faut un autre modele on a emprunte aux californiens leur methode de peche on copiera aussi leurs unites mais la copie ne sera pas fidele tant s en faut la ligne exterieure rappellera le tuna clipper americain mais les amenagements sont une simple transposition des installations faites sur les coques traditionnelles on ne sent pas le besoin d assurer la conservation du poisson par congelation une simple refrigeration par la glace est suffisante on pense a saint jean de luz que l on voit grand puisqu en quelques annees des petits sardiniers de 12 15 metres de 15 20 tonneaux avec 60 80 cv on passe aux clippers de 22 24 metres de 100 tonneaux pousses par 350 cv en realite on voit trop petit les baby clippers car en comparaison des thoniers americains ce sont des petits sont des unites exclusivement thonieres capables de transporter 600 a 800 kilos d appat vivant dans les 30 a 40 metres cubes d eau embarquee et 25 a 30 tonnes de poisson glace ces unites donnent entiere satisfaction dans le golfe de gascogne ou malheureusement la peche ne dure que l espace de l ete le capital investi ne peut dormir huit mois de l annee il faut chercher une activite hivernale occuper les nouveaux pecheurs car la jeunesse basque a retrouve le chemin de la mer en 1955 mis au courant des resultats du service des peches du senegal sous l impulsion de postel6 aiguillonnes a l idee que les bretons sont deja sur place et risquent de leur enlever la decouverte de les priver de leur aventure les 5 pecheries eloignees de germon jusqu en 1950 les basques capturent le germon ou thon blanc pendant l ete lorsque les bancs de poisson penetrent profondement dans le golfe de gascogne ils preferent s attaquer au thon rouge plus cotier avec la peche a l appat vivant ils rejoignent les thoniers bretons sur leurs pecheries traditionnelles situees a l exterieur du golfe de gascogne grossierement sur une ligne finistere fran ais cap finisterre espagnol 6 postel directeur du laboratoire des peches maritimes de l office de la recherche scientifique et technique d outre mer a dakar 100 pecheurs luziens diriges par jose basurco1 aides par les conserveurs envoient trois de leurs plus belles unites sur les cotes senegalaises en trois mois le bixintxo vizurdia le kur linka capturent plus de 650 tonnes de poisson ils rentrent a saint jean de luz au printemps 1956 acclames et fetes sur le quai la foule est massee attendant la rentree des thoniers dans le port les haut parleurs degorgent de la musique entrecoupee d histoires du conteur local nakary qui bientot annonce une nouvelle effarante la douane maritime ne comprend pas la liesse generale et procede avant la rentree a une longue et minutieuse inspection des bateaux la contrebande au pays basque tout de meme monsieur l inspecteur et des projectiles accueilleront les trouble fete profitons du repos bien gagne des equipages et de cette reussite qui va bouleverser la vie du port pour faire une mise au point sur cette peche aux thons la peche metropolitaine fran aise touche deux especes principalement le thon rouge le plus gros des teleosteens actuels puisqu il depasse 500 kilos est capture commercialement par les pecheurs basques de mai a octobre dans le sud du golfe de gascogne les resultats des marquages recents des services de la woods hole8 indiquent que cette population de l est atlantique beneficie d une partie du contingent des thons americains le thon rouge est l espece recherchee des amateurs de thon frais et a ce titre a un cours eleve au debarquement le germon ou thon blanc est bien plus petit il est capture en surface dans nos eaux ou la peche touche les jeunes classes tandis qu il est peche en profondeur sur les cotes americaines il s agit alors de thons plus ages c est le plus prise pour la mise en conserve depuis que les thoniers basques et bretons ont etendu leur champ d activite aux eaux tropicales trois especes sont venues s ajouter a la liste des thons metropolitains le thon obese aussi appele patudo ou gros yeux n etait pas un inconnu pour les basques qui tres accidentellement en capturaient mele au thon rouge dans le golfe de gascogne on l appelait en basque le morra aujourd hui peu apprecie a tort ou a raison pour la mise en conserve il est peche en quantite plus ou moins importante par les flottilles thonieres dans les eaux africaines notamment celles qui operent a partir de dakar il faut avouer que selon la tendance du marche les acheteurs savent ou ne savent pas distinguer cette espece de la suivante 7 basurco president du syndicat des marins pecheurs de saint jean de luz ciboure 8 woods hole oceanographic institution massachussetts etats unis 101 l albacore ou thon aux nageoires jaunes comparable en valeur marchande au thon blanc est l espece recherchee des eaux tropicales comme pour le germon les jeunes sont en surface et sont peches a l appat vivant ou au filet tournant tandis que les classes agees celles des poissons de 60 a 120 kilogrammes sont prises en profondeur a la palangre derivante une troisieme espece bien plus petite que toutes les precedentes est rencontree par les thoniers dans les eaux tropicales comme le patudo la bonite a ventre raye ou listao nom le plus commun se peche accidentellement dans le sud du golfe de gascogne ou les basques l appelaient autrefois le yoyo mais son domaine c est la zone oceanique tropicale et subtropicale ou on la rencontre en bancs importants elle est destinee a une conserve de seconde categorie si l on veut donner une repartition thermique de surface de ces especes on peut dire que l enumeration a ete faite des eaux froides vers les eaux equatoriales thon rouge germon patudo albacore le listao lui est plus eurytherme et son domaine couvre celui du patudo et de l albacore a dakar les thoniers se trouvent a la limite de l habitat de surface marque par l isotherme 21 des deux especes patudo et albacore lorsque la flottille se deplace vers saint louis et le long des cotes mauritaniennes la peche rapporte en majorite du patudo au contraire lorsque les bateaux s engagent dans le golfe de guinee ils rencontrent des bancs d al bacores voila donc les luziens en mesure d affirmer que la peche est possible en hiver en se basant a dakar malheureusement les bateaux ne sont pas capables d entreposer de grandes quantites de thons et surtout ils ne sont pas equipes pour congeler leurs captures a bord et leur assurer ainsi une conservation de longue duree qu a cela ne tienne on apportera avec soi les moyens de congeler le poisson pendant l ete 1956 la cooperative itsasokoa aidee par le credit maritime achete et transforme un ancien chalutier en navire base congelateur capable de traiter 60 puis 80 tonnes de thon par jour le poisson sera achemine sur la france par navires frigorifiques le 4 novembre 1956 25 thoniers ont deploye le grand pavois saint jean de luz a organise comme les terre neuvas son pardon en l honneur des afrikanuak les sirenes hurlent au passage de l eveque de bayonne venu benir et saluer les partants mais la tradition ne pousse pas sur une simple decision et dans les annees qui suivront ce pardon ne se maintiendra pas avec le meme faste quatre cents marins ont decide de ne plus passer l hiver en france us vont partir pour cinq mois pendant vingt semaines la quinzaine d hommes de chaque equipage va vivre 102 sur vingt metres de bois un metre trente trois par homme quelle sera leur existence dure arrives a dakar apres une traversee en general facile une fois passe le cap finisterre les bateaux vont adopter un rythme de vie que l on imagine difficilement en 1967 premier imperatif de la peche du thon a l appat vivant la capture du poisson pour garnir les viviers le thonier appareille le soir et dans les eaux de dakar ou en baie de rufisque il va stopper et allumer les lamparos le long du bord pour attirer la sar dinelle si le coup de bolinche est bon en une seule fois il fera son plein sinon il faudra deux fois trois fois tourner le filet et s atteler a rentrer les deux cent cinquante metres de nappe travail epuisant fort heureusement en voie de disparition grace a l installation des power blocks9 cette sardi nelle les basques l ont baptisee du joli nom de lolita n y cherchez pas une etymologie espagnole car c est vous messieurs les oceanographes qui etes responsables de cette appellation les pecheurs curieux a leurs debuts se sont adresses aux hommes de l art qui leur ont fait savoir qu il s agissait de sar dinella aurita colporte de bouche a oreille avec l accent du terroir ou les r roulent comme les galets dans les gaves l ensemble a ete decompose naturellement en sardine d une part et l aurita de l autre et de la abrege en lolita les viviers peuples chacun de 150 a 200 kilogrammes de poisson vivant le bateau peut alors faire route sur les lieux de peche aux accores des le lever du soleil l equipage est sur le pont que la nuit ait ete calme ou passee a faire l appat deux groupes se detachent l un a l avant charge de surveiller la mer pour rechercher les signes de presence de thon l autre a l arriere pret a entamer les operations de peche des que le thon est repere la detection visuelle peut etre directe c est a dire que les bancs de thon se remarquent en surface par un thon qui saute hors de l eau par un fremissement de surface par un veritable remou lorsque le banc s acharne sur une concentration de poissons parfois par mer tres calme mais houleuse les bons guetteurs reussissent a decouvrir le thon dans la transparence de l ondulation ou apparait une tache plus sombre tandis que la surface prend une allure de tache d huile en detection indirecte on peut dire que tout signe de vie repere au large est favorable les oiseaux poses sur l eau un vol d oiseaux tournoyant au dessus d une probable source de pitance un excellent detecteur de thon c est le dauphin lorsqu un bateau aper oit une troupe il prend la chasse et se rue en avant toute moteurs ronflants de toute leur puissance sur ces gracieux gambadeurs frequemment les lignes de traine levent un thon au passage sur le troupeau en effet 9 power block poulie de relevage pour tous types de filets tournants 103 en permanence des l aube le thonier installe deux ou quatre lignes de traine qui la bas sur l arriere remorquent un leurre le peita 10 de crin artificiel colore en vert jaune blanc rouge bleu selon l inspiration du pecheur fabricant et cachant soigneusement l hame on des que le thon est vu ou ferre sur les lignes temoins l equipe arriere jette quelques poissons vivants a la mer si le thon est la sous la surface il ne tardera pas a venir happer les sardinelles qui lui tombent du ciel et dans le sillage on verra se former un tourbillon tres caracteristique le bacha des que le patron entend hurler le mot bacha car on ne peut pas parler sur ces bateaux terriblement bruyants il met la barre a droite l appateur jette ainsi sa provende dans le cercle forme par la course du bateau qui bientot ralentit et stoppe tribord au vent quelques cannes sont prises en main ce sont de solides bambous de trois metres cinquante a quatre metres garnis d une ligne de nylon de deux metres a deux metres cinquante de long le fil est un monofilament de deux millimetres de diametre parfois trois veritable tringle de plastique d une resistance a la rupture de 300 kilogrammes l hame on est fixe a ce fil mais on a pris soin d ecraser l ardillon il n est pas necessaire en effet d assurer une bonne retenue du poisson la peche est trop rapide pour craindre de voir le thon se decrocher la sardinelle est crochee par le ventre et la ligne balancee a l eau la canne entre les cuisses la main droite sur le le bambou la gauche sur le plat bord le pecheur va regarder l appat entrainer la ligne en profondeur brusquement la fuite s accelere la ligne se tend et d un coup de rein le pecheur arrache le thon vorace de l eau c est simple apparemment car le thon pese peut etre vingt kilos et le bras de levier de la canne est long il y a la un tour de main le thon monte de la profondeur et se jette sur l appat le pecheur profite de la lancee du poisson et dirige sa course vers la surface et hop on embarque si le mouvement d arrachage n amene pas le poisson sur le pont il faut au moins arriver a lui mettre la tete hors de l eau en attendant qu un collegue croche le poisson a l aide d une sorte de gaffe malheur a celui qui perd la lutte qui se laisse gagner par le thon son bambou risque de lui echapper les hurlements les injures arrosent le vaincu qui met en peril la peche tout le banc ne risque t il pas d etre pris de peur de panique en face de ce survivant etrangement transforme en remorqueur de bambou si le pecheur est robuste alors dans la lutte entre l homme et le poisson le bambou ne resistera pas ce tronc de trente millimetres de diametre va se ployer se courber se bander 10 peita appat que ce soit pour des lignes ou pour des casiers 104 comme un arc et casser le thon profitera du mou de la ligne et crachera l hame on il faut reprendre une autre ligne perte de temps importante dans une peche qui se deroule sur un rythme effrene enfin si le pecheur est un basque qui ne fait pas le poids car il y a des basques petits mais noueux comme les chenes de la foret d iraty dans ce cas il lui arrive de passer par dessus bord des que la capture est liberee de l hame on frequemment par le choc sur le pont d autres fois par un aide arme d un croc le pecheur plonge la main dans son petit vivier individuel encastre dans le plat bord attrape une sardinelle glissante sous le mucus et appate la ligne il la lance a nouveau dans la zone couverte par les lances d arrosage qui courent a l exterieur du pavois cette technique de l arrosage est de regle pour tous les thoniers a appat vivant la raison scientifiquement parlant il est impossible d y repondre les americains et japonais pretendent que cet arrosage affole le thon les basques qui aiment donner a leur adversaire des qualites d intelligence et de ruse valorisant l adresse du pecheur pretendent que la surface brouillee par la chute de la pluie d eau de mer empeche le thon d apercevoir le bateau et surtout ces horribles pecheurs et leurs lignes je me permets de donner mon avis sous l effet de la chute de l eau la surface se couvre d un friselis sombre et bruisse d une fa on assez comparable pour un oeil et une oreille humaine a l effet produit par un banc de petits poissons de surface l arrosage produit il sur le poisson le meme effet que la presence d une forte concentration en surface et le thon continue a venir a l appat les lignes plongent et se relevent les poissons s entassent dans les viviers la peche sur un banc dure generalement peu de temps quelques minutes quelques dizaines de minutes rarement plus habituellement un thonier peche quelques centaines de kilos ou quelques tonnes sur un banc puis la peche se calme le sondeur montre que le poisson s eclaircit et le bateau repart cherchant a rattraper la concentration ou a en decouvrir une nouvelle et toute la journee sera faite d attente a l etrave ou a la poupe et de moments d excitation generale pendant la peche les repas on les prend quand on peut il est frequent que le cuisinier mette en route un bon plat mijote surtout si l on est dimanche et que le cri de bacha l appelle le long du pavois alors la cuisine ne compte plus car tous les bras cuisiniers et mecaniciens compris sont mobilises le soir venu a la nuit tombee on prendra sur le pont le dernier repas et le patron decidera du travail de la nuit s il faut de l appat route a terre si les peches sont bonnes plus au sud ou plus au nord deux hommes et un mecanicien se relaieront pour prendre le quart 105 et ainsi pendant quatre mois les thoniers font des rotations de six a douze jours si les conditions hydrologiques sont favorables ils se maintiendront dans les parages du cap vert sinon la flottille s egaye les uns tentent leurs chances au nord et vont vers les pecheries de patudo les autres partent vers le golfe de guinee atteignant parfois le meridien d abidjan quatre jours de route a l aller autant au retour il faut pecher beaucoup et rapidement si l on veut pouvoir ramener a dakar un poisson en bon etat rentres au port les hommes s attellent au dechargement de la cargaison les poissons sont sortis de la cale et hisses sur le quai vers le frigorifique on travaille de jour comme de nuit les mecaniciens sont toujours de quart les pompes d alimentation des viviers ne doivent pas cesser de tourner le compresseur qui assure un complement de froid a la glaciere doit fournir ses frigories les hommes disposent tout au plus de quelques heures pour leur courrier les petits travaux menagers que tout marin sait faire lessive raccommodage confection d un short a partir d un bleu de travail use aux genoux et sacrifie en deux coups de couteau bien souvent le soir meme de l arrivee on reprend la mer pourquoi rester a quai dormir dans le poste d equipage est penible quatorze ou quinze hommes s entassent dans un local a peine plus grand qu une chambre de h l m la ventilation y est mauvaise l atmosphere moite et lourde le large est plus accueillant meme si la journee de travail y est de quinze ou dix huit heures jusqu en 1965 les basques furent accompagnes a dakar de leurs navires bases d abord le sopite remplace plus tard par l iraty ex l s t 11 capables de stocker mille tonnes de thon congele ils ne peuvent plus le faire la republique senegalaise exige que le poisson soit traite dans les usines locales ou entrepose dans les frigorifiques installes a terre cette disparition est grave avant tout sur le plan humain les navires bases etaient le pays la boite aux lettres l infirmerie l atelier de reparations la station radio l usine a glace la peche que les equipages y debarquaient ils la confiaient a des mains connues le poisson en attente etait la a bord de leur bateau la peche en afrique occidentale par la disparition de ces navires meres inquiete les luziens ils s etaient pourtant installes la bas dans un genereux esprit de collaboration n avaient ils pas monte entre eux et les bretons de toutes pieces une usine de conserve pour 400 ouvriers usine que l on vit un certain automne partir de saint jean de luz en pieces detachees a bord des thoniers transformes en cargos 11 l s t landing ship for tanks 106 l independance a leve des nuages dans le ciel des thoniers la concurrence etrangere se fait sentir americains japonais sovietiques sont presents dans l economie senegalaise et pratiquent la surenchere puisqu il y a des difficultes l aventure recommencera saint jean de luz est pret a se deplacer vers d autres pecheries pourquoi pas djibouti les documents specialises affirment que le thon abonde dans le golfe d aden qu il peut faire l objet de peches interessantes aussi bien pour les thoniers a appat vivant que les nouveaux senneurs des navires russes n ont ils pas realise des captures de plusieurs tonnes par jour le port d aden accueille un armement thonier appartenant au plus gros consortium americain de conserves le starkist la f a 0 12 a realise une campagne d exploration prometteuse et envisage une experience a l echelle commerciale de son cote la cote fran aise des somalis se doit de tout mettre en oeuvre pour assurer du travail a une population qui se fixe de plus en plus a djibouti grace au concours du secretariat d etat a la marine marchande au ministere des territoires d outre mer et au gouvernement local la cooperative luzienne lance une campagne hivernale pour un de ses thoniers au mois de decembre 1964 le tutina arrive a djibouti apres 20 jours de traversee via gibraltar et suez pendant quatre mois le bateau va briquer le golfe d aden recherchant l appat aussi bien dans le golfe de tadjourah que sur les cotes d aden ou dans le golfe de berbera il poursuit des jours et des jours les bancs de dauphins esperant voir lever le thon chaque jour il fait un releve bathythermographique et inlassablement il constate que si les temperatures sont favorables en surface la couche isotherme est desesperement de 80 a 100 metres d epaisseur le tutina longe les cotes d arabie a la limite des eaux territoriales et ce malgre les conseils de prudence donnes a djibouti comme a aden il suit les rives africaines du soma liland franchit gardafui et se lance dans l ocean indien ils sont longs ces quatre mois de navigation isole sans contact radio le long des cotes desertiques mal cartographiees fort heureusement les experts se succedent a bord remplaces chaque mois et le decouragement ne s installera pas et pourtant pendant toute sa campagne le tutina ne capture que quelques tonnes de poisson le produit d une sortie moyenne dans les eaux atlantiques des pecheurs il n en voit pratiquement pas mais il croise d etranges navires pres des cotes presqu echoues et dechargeant dieu sait quoi non le golfe d aden n est pas un futur terrain de peche pour les thoniers basques en hiver les resultats hydrologi 12 f a o organisation pour l alimentation et l agriculture 107 ques sont la qui montrent bien qu il ne peut y avoir a cette saison des concentrations regulieres d albacore la mission est un echec et l on ne pavoise pas en mai 1965 pour le retour du tutina comme on l a fait il y a neuf ans au retour de l avant garde luzienne a dakar mais le tutina a leve un doute sa mission executee consciencieusement a balaye les documents et a prouve qu en matiere de peche la ou la politique internationale se mele a l observation scientifique on ne doit avoir confiance qu en ses propres bateaux et ses propres lignes il a evite a une flottille thoniere de courir a la faillite tutina ile brulee somalie fevrier 1965 il faut donc continuer en atlantique ou la peche si elle n est plus aussi abondante que les premieres annees permet malgre tout de gagner chaque mois quelques centaines de francs en 1964 le gain mensuel moyen du pecheur luzien pendant sa campagne a dakar fut de 800 francs l armement etant artisanal le gain ne commence que lorsque les frais de fonctionnement du bateau sont couverts et tant que le thonier n aura pas debarque 70 a 80 tonnes de poisson il n y aura pas de manta n pas de partage generalement la campagne de peche des thoniers luziens a dakar rapporte aux environs de 4 000 tonnes de poisson en 1965 annee excellente sur les cotes africaines les dix sept thoniers engages pour l hiver debarquerent a dakar 4 124 tonnes de poisson repre 13 manta terme local designant aussi bien l operation de partage du produit de la peche que le salaire du pecheur 108 sentant un apport moyen de 229 tonnes par bateau pour avoir un point de comparaison la campagne metropolitaine d une duree comparable fournit aux environs de 60 tonnes pour les bateaux de meme categorie mais il faut tenir compte d une part que le poisson capture dans le golfe de gascogne est livre eviscere alors que le thon africain destine a la congelation est debarque entier d autre part les prix d achats varient du simple au double et meme au quadruple entre les thons africains et la peche metropolitaine ou le thon rouge livre a la maree atteint a la criee des prix eleves enfin les frais de campagne sur les cotes africaines sont plus lourds par suite de l eloignement du cout de la vie des reparations mais les thoniers basques vont ils pouvoir se maintenir a dakar l avenir pour eux est incertain et sans doute faudra t il reprendre le chemin de l aventure et partir plus loin encore dans f atlantique sud peut etre ou sur les traces du glorieux elcano compagnon de magellan et premier navigateur circum mondial vers l imifense pacifique ou la presence de bases fran aises permettrait a une flottille groupee autour de son navire base de travailler d apporter au pays le salaire necessaire au foyer la separation sera plus lourde sans doute mais saint jean de liiz a besoin de thon pour ses usines ou travaillent les epouses des pecheurs car mari et femme sont atteles a la meme locomotive depuis dix ans des pecheurs n ont pas vu la neige couvrir la bdinnie dernier temoin des pyrenees dominant le port basque depuis dix ans des marins de ciboure et de saint jean de jluz n ont pas entendu le carillon de leurs eglises chanter noel n ont pas vu leurs rues illuminees pour les fetes n ont pas eu le droit de voir briller les yeux des enfants devant le cadeau que leur pere est en train d arracher a la mer la bas sous les tropiques et ils savent ces equipages qu il leur faudra continuer poursuivre le thon la ou il se concentre l aventure thoniere des basques au xx siecle n est pas finie croyez le c est un breton qui vous le dit albert percier sous directeur du centre d etudes et de recherches scientifiques biarritz coutumes funeraires a basse navarre iholdy communication presentee par m jean haritschelhar directeur du musee basque de bayonne au colloque d etudes ethnographiques rocha peixoto de povoa de varzim portugal le 28 octobre 1966 avant meme de presenter ma communication je tiens a la dedier a deux ethnologues de renom l un est celui en hommage auquel nous sommes reunis aujourd hui rocha peixoto ce pionnier de l ethnologie du portugal du nord dont nous celebrons le centenaire de la naissance l autre est un pionnier de l ethnologie de ma petite patrie basque et il porte allegrement ses soixante dix sept ans l abbe jose miguel de barandiaran dont les travaux d ethnologue et de prehistorien font autorite presenter des coutumes funeraires est semble t il a l heure actuelle enfoncer des portes ouvertes des travaux ont deja ete entrepris au pays basque et en ce qui concerne la france il suffit de se reporter au manuel du folklore fran ais contemporain de van gennep1 pour se rendre compte que des enquetes tres serieuses ont deja ete menees des 1927 sous la plume de a ar uby le bulletin du musee basque publiait des usages mortuaires a sare2 et d espain completait pour la soule la description faite pour sare dans son article des usages mortuaires en soule 3 cependant on n a rien publie sur la basse navarre d autre part et c est la un travail auquel il faudrait s attacher une enquete extremement minutieuse devrait etre menee dans chacun des villages du pays 1 a van gennep manuel du folklore fran ais contemporain tome 1er ii picard paris 1946 2 bulletin du musee basque nos 3 4 1927 pp 17 a 25 3 bulletin du musee basque n s 1 2 1929 pp 22 a 25 basque selon un questionnaire complet et il est probable qu apparaitrait alors une foule de coutumes legerement differentes dans leur detail ce travail descriptif qui est celui de l ethnographe je l ai entrepris pour la commune ou paroisse d iholdy chef lieu de canton de 600 habitants situe au coeur de la basse navarre grace a l amabilite de mes informateurs arnaud idieder age de 80 ans maitre de la maison haranburia mon oncle jacques idieder age de 45 ans et sa femme marianne idieder mes cousins que je remercie tres sincerement la mort vient de frapper dans une ferme d iholdy en basse navarre depuis quelque temps la vie s etait quelque peu ralentie on etait occupe aupres du malade tant que durait l agonie le pretre etait deja venu apporter les derniers sacrements la maisonnee semblait deja se terrer la derniere heure ayant sonne pour le mourant chacun en silence est alle faire ce qu il devait faire les volets sont aussitot fermes car la famille doit vivre cloitree dans l ombre cette ombre annonciatrice de celle de la mort jusqu au moment ou le corps sortira de la maison elle doit vivre aussi dans le silence en dehors des cris des animaux rien ne doit venir troubler le calme et le silence des veillees c est pourquoi le domestique ou toute autre personne s est rendu a l etable et il a ote a chacune des betes les cloches et clochettes qu elles portaient les betes aussi portent une maniere de deuil mes informateurs ne connaissent pas la coutume qui consiste a avertir les abeilles il n y a pas d abeilles a haranburia et ils n en ont jamais entendu parler a iholdy alors que cette coutume est connue dans d autres villages4 quand dans la ferme il y a un domestique c etait chose courante autrefois on l envoie avertir le premier voisin le travail du premier voisin aujourd hui encore lehen auzoa le premier voisin joue un role preponderant dans l existence de chaque famille il est une caution un garant un protecteur dans tous les evene ments de la vie journaliere aux fian ailles au mariage a la redaction d un testament a son ouverture apres la mort il sert de temoin en justice surtout il preside aux obseques5 4 w boissel la mort et les abeilles bulletin du musee basque n s 2 3 1925 p 43 avant de publier cet article je l ai soumis a m le chanoine heguy ancien cure d iholdy qui a apporte des precisions supplementaires a l heure actuelle plutot rares sont ceux qui avertissent les abeilles et les betes de la mort du patron la coutume a existe certains le font encore une personne qui a la soixantaine m a dit qu elle a vu la chose pratiquee chez elle 5 ph veyrin les basques arthaud grenoble 1955 p 258 111 cette definition de philippe veyrin reste toujours exacte des que le premier voisin homme ou femme franchit le seuil de la ferme il devient en quelque sorte le maitre de maison temporaire seuls auront le droit de l aider la servante ou le domestique ou d autres voisins les membres de la famille rassembles a la cuisine ne peuvent que lui donner des indications sur les endroits ou se trouvent les objets qui lui sont necessaires son premier travail consiste a habiller le defunt si la personne decedee est une femme c est la femme du premier voisin ou toute personne du sexe feminin de la maison du premier voisin qui l habillera si c est un homme ce sera le premier voisin lui meme la loi des sexes est extremement rigide sur ce point on met au defunt la chemise empesee des ceremonies ainsi que son meilleur costume qui etait autrefois le costume noir qu il portait les jours de fetes et pour les enterrements on n oublie pas non plus les chaussures et si on ferme son col par le bouton d ordinaire en or on ne lui met pas de cravate s il s agit d une femme elle est habillee de ses plus beaux atours on procede ensuite a la preparation de la chambre mortuaire elle est tendue de draps speciaux hil mihisiak qui servent uniquement a cette occasion le lit lui meme est garni de feuilles de rameaux qui sont placees de part et d autre du corps sur la table de chevet sont installes un cierge un petit recipient rempli d eau benite aupres duquel se trouve le rameau de buis ezpela qui servira a l aspersion et la veilleuse verre contenant de l huile surmontee d une meche ce travail fait le premier voisin ira avertir le cure qui decidera du jour et de l heure de l enterrement nanti de ces renseignements le premier voisin avertira les autres habitants du quartier et en particulier les quatre ou six personnes qui le jour de l enterrement porteront le cercueil hil ketariak alors que le premier voisin retourne a la ferme car si les travaux des champs sont delaisses il faut cependant s occuper des betes faire preparer les repas et songer aux necessites de la vie quotidienne les hil ketariak ont pour mission de faire part du deces a toute la parente en des temps pas tres lointains ou le telephone et le telegraphe meme s ils existaient n etaient pas utilises c est a pied parfois a cheval que les gens se rendaient dans les villages voisins pour avertir la nombreuse parente mon oncle est alle a pied a lantabat distant de huit kilometres et meme il a parcouru les 18 kilometres qui separent ostabat d iholdy pour accomplir son devoir de voisin le moment est venu pour le premier voisin d aller chercher solennellement la croix il existait autrefois deux croix l une en or qui etait pour les riches l autre en bois reservee aux pauvres en fait cette coutume correspondait aux differentes classes des ceremonies d obseques et elle a disparu apres la guerre de 1945 avec l etablissement de la classe unique lorsque le porteur de croix sort de l eglise le glas commence a 112 sonner ainsi tout le bourg est alerte et souvent le village entier le bourdon resonne trois coups assez rapproches repris une quinzaine de fois annoncent que la personne decedee est un homme le glas a deux coups signale que c est une femme pour un enfant au lieu du bourdon c est la petite cloche qui sonne en des coups rapides et ininterrompus 6 avant que la croix ne penetre dans la maison mortuaire on a prepare comme pour les processions un chemin de verdure feuilles de rameau et de buis qui va depuis la claie d entree jusqu a la porte de la chambre la croix est posee sur une chaise garnie d un coussin a la tete du lit toute la famille est alors rassemblee apres avoir asperge le corps d eau benite le premier voisin recite la premiere priere c est alors que commence la veillee de jour comme de nuit les membres de la famille seront presents un tour de role auquel participent les voisins etant etabli pour la nuit de chaque maison du village on viendra adresser a la famille un temoignage de sympathie et prier pour le repos de l ame du defunt le menuisier du village est venu prendre les mesures et la veille de l enterrement il opere la mise en biere en presence de la famille aide en cela par le premier voisin le convoi funebre le jour de l enterrement a l heure prevue le pretre se presente a la maison et procede a la levee du corps en recitant les prieres de la liturgie romaine le convoi s ebranle en tete le premier voisin porte la croix7 il est suivi par le deuxieme voisin porteur de deux cierges puis viennent les porteurs de la croix de marbre qui sera posee sur la dalle mortuaire de couronnes et de gerbes de fleurs tous gens du quartier et proches voisins de la ferme ou a eu lieu le deces ces personnes marchent sur une file les unes a la suite des autres precedant le drap du tiers ordre et le drap du rosaire qui est selon le sexe du defunt tenu par des hommes ou des femmes selon une preseance depuis longtemps etablie les hommes du village s avancent apres le voisinage toujours sur un rang du moins jusqu en 1966 ou la marche du cortege funebre a commence a se faire sur deux rangs le pretre flanque de l enfant de choeur et le chantre alternent leurs chants rituels ils sont places juste avant le cercueil porte a dos d hommes 6 depuis que la sonnerie des cloches a ete electrifiee ne pouvant faire autrement sans doute c est le meme glas pour tous les morts on sonne encore le glas le matin a midi et le soir tant que le defunt ou la defunte n est pas enterre chanoine heguy 7 jusqu a il y a quelques annees la premiere voisine marchait en tete devant la croix en mantaleta cierge allume a la main un jour on y a renonce sous pretexte qu il etait tres fatigant sinon impossible de marcher en mantaleta avec le cierge et un parapluie surtout sur un long parcours chanoine heguy 113 par les hil ketariak ou transporte dans le corbillard8 immediatement apres le cercueil vient le deuil les hommes sont simplement habilles d un costume sombre aux epaules a ete fixee la petite cape de deuil assujettie par des epingles et qui tombant le long du dos est ensuite reprise et passee sur le bras gauche mon oncle m affirme qu avant la guerre de 1914 les hommes revetaient la grande cape de deuil semblable a celle qui est portee en labourd a sare en particulier a la suite de la guerre de 1914 le port de la petite cape s est generalise et il tend a disparaitre aujourd hui on peut meme dire qu il s est perdu en 1966 les femmes ont revetu la grande cape ou mantaleta qui descend jusqu aux pieds leur visage est cache par un voile qui va jusqu a la poitrine le vetement de deuil feminin est d ailleurs le meme dans les trois provinces fran aises du pays basque les femmes du village ferment la marche dans ce defile extremement long qui depuis cette annee s est singulierement raccourci par l application de la nouvelle coutume qui consiste a marcher deux par deux9 a l eglise au moment ou le cortege rentre a l eglise la premiere voisine allume les rouleaux de cire ezkuak qui sont alignes juste devant le premier rang de chaises endroit ou le deuil feminin viendra s agenouiller pour la ceremonie ces rouleaux de cire sont ceux de la famille des parents et aussi ceux des voisins le deuil des hommes se met dans les galeries tres exactement dans la tribune qui fait face au maitre autel et selon la tradition les hommes qui assistent a l enterrement vont aux galeries ou ils prennent la place qu ils ont l habitude d occuper le dimanche tandis que les femmes occupent les chaises du bas chacune retrouvant l emplacement qui est le sien la liturgie des funerailles est depuis tres longtemps fixee et ne se modifie actuellement que par l introduction de veskuara qui prend la place du latin dans les parties ou l eglise l autorise apres la lecture de l evangile a lieu la quete ceux qui veulent 8 pendant longtemps le cercueil etait porte a dos d hommes ou meme en charrette jusqu aux abords du bourg l usage du corbillard s est introduit de mon temps on m a offert le corbillard qui a l epoque 15 ans a coute 130 000 a f l innovation a ete bien accueillie par tous il fallait six porteurs pour les maisons eloignees c etait fatigant pour les porteurs et couteux pour la famille qui devait donner a manger a six hommes de plus chanoine heguy 9 j ai personnellement assiste en aout 1967 a l enterrement de mme indaburu mere de ma cousine marianne idieder le cortege au lieu de se former a la maison mortuaire s est forme a l entree du bourg le cercueil transporte en voiture automobile a ete place sur le corbillard a l entree du boui g le deuil ainsi que de nombreuses personnes qui etaient allees a la maison mortuaire en auto avaient forme une longue theorie de voitures qui furent laissees soit a l entree du bourg soit sur la place du village est ce la le debut d une nouvelle coutume c est en tous cas le signe certain de l evolution economique de nos campagnes 114 donner une messe pour le repos de l ame du defunt mettent le montant de la messe soit dans une enveloppe soit dans un bout de papier portant leur nom suivi du nom de la maison le queteur met les enveloppes dans sa poche pour bien les separer de la quete proprement dite dont le produit sert a l eglise ensuite a lieu la ceremonie de l offrande ou du baise ment de croix qui est reserve a tous ceux qui n ayant pas donne de messe peuvent ainsi apporter une participation de messe le defile commence toujours par les hommes qui descendent des galeries et se termine par les femmes 10 la messe dite l absoute chantee aux accents de in para disum le cercueil est conduit au cimetiere qui a iholdy entoure l eglise mais seuls les hommes ont le droit de sortir le deuil complet hommes et femmes ainsi que les femmes qui sont a la ceremonie restent en prieres a l interieur de l eglise le cercueil est mis en terre et le cortege revient vers le porche de l eglise le cure rentre se deshabille et ressort avec le deuil et les femmes et il retrouve les hommes qui sont restes sous le porche de l eglise la un de profundis est recite par tout le monde tandis que avant de se separer le cure invite a manger de la part de la famille en deuil tous ceux qui ont pendant quelques jours participe reellement et aide ceux qui etaient dans la peine retour a la maison le retour a la maison donne lieu a iholdy a une coutume speciale que je n ai pas eu l occasion de voir en d autres endroits lorsque le deuil se presente devant la maison une des personnes du voisinage qui est occupee a preparer le repas allume dans la cour un petit feu de paille le deuil se reunit tout autour le chantre ou le premier voisin recite des prieres le gure aita 1 agur maria et le de profundis ce n est qu apres la recitation de ces prieres et apres que le feu de paille se soit eteint que le deuil penetre dans la maison quelle en est la signification mes informateurs n ont pu me la donner 11 rite purificateur vraisemblablement cette coutume est enracinee a iholdy et durera declare le chantre tant que lui meme vivra faut il rapprocher cette coutume de celle qui existait autrefois a sare et que relate ar uby apres la ceremonie des funerailles les depouilles de mais lastaira qui entraient dans la composition de la couchette du defunt etaient brulees sur le carrefour le plus proche de la maison mortuaire les passants qui en comprenaient la signification s arretaient pour 10 l usage de l offrande est tombe en desuetude faute de participants car chaque famille a pris l habitude de donner une messe pour le repos de l ame du defunt chanoine heguy 11 la flamme selon m le chanoine heguy symbolise l envol de l ame au ciel 115 adresser une priere a la memoire du disparu n a partir du moment ou le matelas de laine a remplace l humble paillasse dans las taira on a lasto qui signifie paille le feu de paille symbolique n est il pas venu se substituer a la ceremonie hygienique et par consequent purificatrice de l incineration de la paillasse le repas reunit les membres de la famille les voisins et tous ceux qui se sont rendus utiles dans le temps de douleur 13 on traite bien les invites la poule au pot le mouton roti sont traditionnels a iholdy dans les repas qui suivent les funerailles a la fin du repas le premier voisin recueille les messes qui sont donnees par les parents et amis il en dressera une liste a laquelle s ajouteront les messes qui ont ete collectees au cours de la quete ainsi que le produit de l offrande avant de se separer le premier voisin ou le chantre recite devant toute l assemblee qui repond les prieres rituelles gure aita agur maria et de profundis des lors le premier voisin a rempli entierement son devoir le maitre de maison reprend ses droits l annee qui suit le deces le grand deuil la neuvaine commence le lendemain meme de l enterrement cela signifie que la famille en deuil se rend chaque jour de la neuvaine a la messe du matin habillee comme le jour des obseques14 le premier dimanche elle est tenue d aller toujours en habits de deuil a la grand messe au cours de laquelle au moment du prone sera lue la liste des messes donnees pour le repos de l ame du disparu en premier celles de la famille puis celles de tous ceux qui les ont offertes enfin celles qui resultent de l offrande des dons sont faits par la famille du defunt au profit de l ecole libre quand il y en a une et des oeuvres de la paroisse il existait il n y a guere deux sortes de messes les messes chantees et les messes basses depuis une dizaine d annees environ il n existe plus qu une seule classe de messes pendant toute une annee le luminaire de la famille ezkua restera en permanence a l eglise et il sera confie aux bons soins de la benoite qui l allumera chaque matin pendant les offices moyennant une certaine redevance chaque fois que l on se rend a l eglise ou au bourg on ne manque pas d aller prier sur la tombe familiale car au pays basque le culte des morts est profondement enracine 12 bulletin du musee basque n s 3 4 1927 p 23 13 le repas peut avoir lieu au restaurant mais meme en ce cas on respecte la coutume du feu et j ai vu le cortege reuni sur la place autour du feu de paille faisant une priere chanoine heguy 14 non seulement la famille mais les voisins assistent a la neuvaine et apres la messe on se rend a la maison mortuaire et dans yezkaratza on recite cinq pater ave et requiem chanoine heguy 116 enfin un an apres le jour de l anniversaire du deces tous les membres de la famille se rendront en habit de deuil a la messe du premier anniversaire qui a ete demandee assez longtemps a l avance au cure de la paroisse desormais il est possible de quitter les habits de grand deuil et d adopter les couleurs de demi deuil qui sont le blanc et le violet au retour de la messe d anniversaire le maitre de maison se rendra a l etable il reprendra les cloches et clochettes qui avaient ete rangees le jour du deces pour les attacher au cou des vaches et des moutons les betes ne sont plus en deuil elles ont desormais le droit d oublier jean haritschelhar les dolmens du pays de cize les sept dolmens autour de saint jean pied de port si l on n avait pas trouve de dolmens au pays basque il aurait fallu les y inventer car cette region est situee au centre de la grande trainee dolmenique de l europe de l ouest qui va du sud de l espagne a l irlande en passant par la galice l alava la lisiere nord des pyrenees le sud ouest du massif central le poitou et le finistere on sait egalement que l erection des dolmens en france n a eu lieu qu a une epoque tres precise et limitee entre 2 500 et 1 900 ans avant jesus christ il faut donc ranger definitivement parmi les expressions litteraires perimees le terme monuments druidiques dont on les designe encore parfois en evoquant les descriptions de sacrifices humains perpetres sur leurs larges dalles ou des rigoles recueillaient le sang des victimes les precisions acquises sur l age des dolmens europeens font correspondre la fin de la construction des dolmens basques avec les premiers passages des ports de cize par les colporteurs et fondeurs de bronze qui apporterent avec les premieres armes et outils de metal de nouvelles croyances religieuses de nouveaux rites funeraires en particulier l incineration des corps qui devait remplacer les inhumations de l age des dolmens l homme qui construisit les dolmens au pays basque n etait deja plus le chasseur paleolithique habitant les cavernes mais un nouveau type d habitant un eleveur de troupeaux qui avait domestique le chien dompte le cheval et qui faisait pacager ses troupeaux de boeufs et de moutons dans les vastes solitudes de la montagne s aventurant parfois pour chasser dans la grande foret humide qui avait envahi le fond des vallees il n y a pas tres longtemps que les archeologues peuvent en parler en detail il n y a qu une trentaine d annees que l on a etudie les traces de son installation au pays basque le pionnier de l archeologie pyreneenne cartailhac disait a ce sujet 118 en 1893 le pays basque dans le domaine de la prehistoire ne se distingue du reste des pyrenees que par une pauvrete due peut etre uniquement a l absence de recherches systematiques ce fut semble t il la tradition qui avait fait connaitre l existence sur les flancs de l occabe a l ouest de la foret d iraty des 17 cercles de pierre d ilharrieta le lieu des tombes l abbe gombault de saint jean le vieux puis le commandant rocq les avaient decrits a la suite des sondages qui y furent faits les trouvailles ont ete deposees au musee de la mer a biarritz les habitants de mendive connaissaient par ailleurs l existence du dolmen de gasteynia et de quelques autres dans la vallee du laurhibar auxquels s attachaient des legendes que seuls quelques rares anciens du pays gardaient en memoire les recherches systematiques souhaitees par cartailhac furent l oeuvre d un prehistorien venu des provinces basques espagnoles a la faveur si l on peut dire des evenements de 1936 jusque la l abbe jose miguel de barandiaran archeologue par vocation autant que par obeissance aux ordres de ses superieurs ecclesiastiques avait identifie et fouille par dizaines les cercles de pierre les tumulus dolmens et grottes des quatre provinces basques d espagne a commencer par ceux d ataun en guipuzcoa son pays d origine a partir de 1936 d abord dans la region de sare dans les montagnes de baigorry et du pays de cize puis au fond de la soule il devait denombrer une soixantaine de dolmens dont certains entierement detruits ne se signalaient que par l excavation de la chambre funeraire seule apparente entre 1952 et 1954 cinq dolmens furent ainsi identifies dans la region de saint jean pied de port deux sur le jarra les dolmens d arrondo et d archuita et trois dans la vallee de mendive les dolmens de gasteynia d armiaga et de chube rasainharri ou xuberazain si l on s en refere a l orthographe de l academie basque les rapports adresses a la suite de ces explorations au service des monuments historiques ont eu pour consequence d en provoquer le classement arrondo archu ita 119 mais malgre son jarret de fer sa maitrise de l euskara et son art de faire parler les gens celui que l on peut appeler l abbe breuil du pays basque n a pas le don d ubiquite il n est pas alle voir et n a pas decrit le dolmen signale par le commandant rocq puis m j etchevers dans le paturage de boulountza entre aincille et esteren uby sur la chaine du handiamendi intact sur son tumulus ce monument est peut etre le plus beau de tout le pays basque les formes de ce monument selon l angle sous lequel on l aborde sont faites pour frapper l imagination on croirait voir un monstre antediluvien un enorme crapaud tapi sur son nid sous son poitrail s ouvre l entree de la chambre funeraire la dalle est considerable elle mesure pres de 3 metres de long sur 2 metres de large et 50 centimetres d epaisseur ce qui represente un poids de pres de 15 tonnes en equilibre sur deux montants lateraux elle a fini par se casser en deux au ras de la paroi nord et le morceau s est affaisse sur le tumulus l entree a conserve sa dalle a mi hauteur le fond est tapisse de pierraille on peut s y tenir accroupi c est un caveau funeraire impressionnant encore et on y imagine facilement le mort couche dans son equipement de peaux de betes la face peinte d ocre rouge couleur de la vie recevant aux premieres heures du solstice d hiver les premiers rayons du soleil se levant l ouverture de ce sepulcre etait axe en effet sur le point de l horizon ou l astre devait apparaitre a cette date benefique quand l hiver s arrete et que le printemps se met en marche beau symbole d espoir et de resurrection enfin dans la semaine de noel de 1966 une visite que je fis en suivant les indications de barandiaran aux dolmens d archuita et d arrondo sur les pentes est du jarra me permit de decouvrir un troisieme monument assez bouleverse il est vrai mais tres reconnaissable au milieu d un pre a peu de distance au nord des deux premiers on peut le denommer le dolmen de lutchi du nom de la propriete dans laquelle il se trouve il y a donc aujourd hui dans un rayon de quelques kilometres autour de saint jean pied de port sept dolmens connus trois sont intacts c est a dire qu ils possedent encore en place les murs de la chambre et la dalle de couverture ce sont les dolmens de boulountza de gasteynia et de chuberasainharri les dolmens du jarra ont leur dalle de couverture brisee en trois ou quatre morceaux h le dolmen d armiaga n a plus que trois des quatre dalles de la chambre sepulcrale deux sont dressees a angle droit la troisieme est couchee dans l excavation de la chambre funeraire 1 cet eclatement des dalles de couverture n a pas d explication definitive des chercheurs de tresor pourraient l avoir provoque par des charges de poudre on peut penser aussi a des feux rituels comme ceux de la saint jean allumes au dessus et qui a la longue auraient fendu la pierre 120 du point de vue de leur emplacement aucun ne se trouve au voisinage de la grande voie antique traversant les ports de cize ce fait rejoint l observation generale que ces monuments sont batis a l ecart des voies romaines mais avoisinent de preference des chemins plus anciens des pistes de l epoque prehistorique jalonnees par des trouvailles ou des ages des metaux c est ainsi que le dolmen d armiaga se trouve sur une tres ancienne piste pastorale menant de la vallee de la soule au pays de cize par la source d ahusquy les dolmens d archuita sur le jarra et de boulountza au dessus de l esterenguibel sont situes dans des cols faisant communiquer deux versants de paturages pour d autres le choix de leur emplacement marque une preference pour des croupes faisant saillie sur un versant de montagne comme des tumulus cette disposition peu visible sur les flancs du jarra qui portent les dolmens d archuita d arrondo et de lutchi est remarquable pour les dolmens de chuberasainharri et de gasteynia vus d en bas ces deux monuments semblent poses sur un socle naturel arrondi comme une coupole a gasteynia l illusion est telle qu on l a cru pose au dessus d un enorme tumulus il n en est rien aucun galgal ne l entoure actuellement ecrit j m de barandiaran dans son rapport mais il y a a presumer qu a l origine il etait entoure et protege comme il arrive dans les autres dolmens de la region etant donne sa position au sommet d une hauteur les pierres qui le formaient ont roule certainement autour de la pente laissant isolee la chambre centrale l epierrage a ete accelere par la mise en culture de la colline et les plus grosses pierres ont servi a dresser les murettes bordant le champ et le chemin il n y a donc pas a y voir ce tumulus de terre rapportee impressionnant par son volume inhabituel et par sa forme geometrique de coupole comme s est plu a le decrire j etchevers du reste les dalles verticales du dolmen sont degarnies tres bas et presque dechaussees comme celui d armiaga dont il ne subsiste plus que deux pierres debout la construction qu on appelle dans le pays la maison des mairu mairuetche sert aujourd hui de cabane a outils une vigne la dissimule sous son feuillage en ete et lui donne l aspect d une hutte pour la chasse a la palombe le dolmen de boulountza au contraire semble avoir emerge tout recemment de son magnifique tumulus de 15 metres de diametre la dalle de couverture depasse a peine de quelques dizaines de centimetres les herbes de la prairie il dut y avoir un temps ou seul le sommet de la dalle etait apparent les dalles du fond et des cotes la petite dalle plus basse de l entree sont toutes en place et intactes dans la chambre funeraire jonchee de pierrailles une fouille ou pour le moins un tamisage des terres pourrait reserver d heureuses trouvailles il n en sortira pas une cloche d or comme celle qui est encore enterree sous le dolmen d armiaga au dire des anciens mais peut etre ces haches de pierre ces pointes ou ces couteaux de 121 silex tailles ces coquillages perces pauvres elements de parures ces fragments de poteries qui accompagnent les sepultures dolmeniques du pays basque espagnol etudiees par baran diaran et eloseguy il faudrait esperer y trouver des ossements qui permettraient d identifier la race des hommes ensevelis la il y a quatre mille ans interessante par la meme occasion serait la fouille du tumulus de taille semblable qui se trouve a une trentaine de metres de ce dolmen mais ou n apparait aucune pierre seulement une cavite excentrique peut etre la chambre d un second dolmen disperse signalons encore que le dolmen de chuberasainharri est adosse a un tas de pierres qui pourrait etre un reste du tumulus qui l enveloppait celui d archuita est aussi a moitie enterre les blocs employes a la construction des monuments de la vallee de mendive sont tires de couches geologiques de roches tres semblables a celles qui ont donne les pierres des dolmens du jarra un gres violet ou grisatre mais les constructeurs n ont pas hesite a employer aussi de ces conglomerats typiques de la montagne basque pris dans les couches des poudingues dits de palassou seulement la connaissance qu ils avaient de la resistance des materiaux n allait pas jusqu a prevoir les fissures qui pouvaient s y former surtout a l air libre par suite du gel c est ainsi que une fois les terres qui la recouvraient disparues la table du dolmen de boulountza formee par un bloc de cette roche curieuse a l aspect de nougat a pate rouge s est cassee au ras du montant nord de la chambre et le fragment exterieur s est affaisse sur le tumulus en regardant le sommet voisin couvert de rochers aux formes tourmentees on constate egalement que les constructeurs n ont pas cherche a jouer avec les difficultes pour se procurer les materiaux que le dolmen soit situe sur une croupe a mi pente ou dans un col entre deux vallees il est relie aux masses rocheuses d ou il a ete tire par des pentes douces les dalles ont ete descendues en utilisant la simple pesanteur par glissement puis roulees sur plans inclines jusqu au niveau voulu cela ne diminue en rien l ingeniosite et la patience de ceux qui ont dresse par la suite les montants de la chambre dans leur position verticale et les ont couverts de la plus grosse pierre du monument qui a boulountza ne doit pas peser loin de 15 tonnes ajoutons enfin que pour le possesseur d une petite voiture robuste et bonne grimpeuse la visite des sept monuments est l affaire d une journee il y a eu peu d explication sur leur emplacement dans les notes qui les concernent mais la carte de l i g n donne la situation d armiaga de gasteynia et de boulountza pour les autres il suffira de questionner les proprietaires des maisons voisines des lieux qui guideront sans difficulte le chercheur 122 legendes des dolmens du pays de c1ze si jusqu a present on ne connait aucune tradition qui s attache aux dolmens du jarra les legendes de ceux de chu berasainharri dans le pre de la maison jaureguy d armiaga et de gasteynia ont ete heureusement recueillies par j m de barandiaran qui les a rapportees dans le texte basque d origine en 1945 un ancien de mendive lui a raconte en ces termes ce qui se disait de la pierre du champ de jaureguy jauregiko bordako pentzean armiagako lepoain inguruan da mairuetxe harri bat mairi emazteki batek iruten kiluaikin arizela burian ekarri omen zien dans le pre de jaureguikoborda aux environs du col d armiaga il existe une pierre de maison de mairu une femme mairi l amena sur sa tete pendant qu elle filait avec le fuseau en 1952 jean sarochar lui conta l histoire suivante sur le dolmen d armiaga c est une femme des mairi qui apporta autrefois ces trois pierres l une sur sa tete l autre sous son bras la troisieme pierre dans son tablier et elle filait tout en marchant une cloche pleine d or est enterree sous le dolmen de la pierre qui se trouve sur le plateau d aitzalde pres d apanize il dit cette pierre a ete lancee par roland qui luttait avec un berger a qui lancerait une pierre le plus loin roland lan a cette pierre qui retomba la ou on la voit le berger lui prit dans son sac un oiseau et le lan a en l air et ce fut lui qui gagna car bien entendu l oiseau ne retomba pas du dolmen de gasteynia qu on appelle lui aussi maison des mairi mairuetche le meme informateur rapporte cette tradition mysterieuse la autrefois des hommes ont ete brules pour leur croyance leurs cendres sont enterrees dans le dolmen notons d abord que ces legendes se rapportent a des personnages mythiques et a des croyances communes a des dolmens d autres regions de france la croyance a une femme qui apporte les pierres du dol ment se retrouve en effet en bretagne ou ce sont les fees qui ont apporte les pierres de l allee couverte d esse ille et vilaine dans leur tablier tout en filant leur quenouille dans le tarn au dolmen de labastide rouairoux la meme legende a subi un commencement de transposition chretienne car c est la sainte vierge qui tout en filant sa quenouille aurait laisse tomber la dalle du dolmen de son tablier le souvenir de roland est egalement attache a des pierres megalithiques dans les pyrenees orientales un dolmen d arles sur tech est appele la tombe de roland la caxa de roldan dans l aude le dolmen de pepieux est appele le palet de roland comme d autres tables de dolmens dans le poitou 123 sont les palets de gargantua chose curieuse c est aux deux extremites des pyrenees que le souvenir du heros le plus fameux du moyen age emule de gargantua dans la tradition populaire a laisse son nom a des dolmens et c est precisement dans ces deux regions que charlemagne a fait porter tous ses efforts de lutte contre les maures d espagne en creant les marches de catalogne et de navarre le deploiement des puissantes armees franques au long des routes des cols et la renommee de leurs chefs celebres a laisse des traces ineffa ables dans l imagination populaire des montagnards il faut croire cependant que la force ne suffit pas a magnifier les heros car le personnage de roland dans les legendes basques se confond facilement avec celui du tartaro le cyclope puissant colereux mais borne dont triomphe en fin de compte martin chirulct martin la flute un promethee basque debrouillard inventeur du feu du ble et d autres choses indispensables a la vie par exemple du coq qui fait se lever le soleil d autres constatations curieuses sont a tirer de l etude des dolmens ainsi leurs noms et leurs legendes ne rappellent jamais leur caractere funeraire et les exceptions le confirment la generalentomba qui se trouve au col de urritxa dans la chaine entre baztan et baigorry est le nom d un dolmen ruine utilise un jour pour servir de tombe a un capitaine des guerres du xvie siecle sinon a un chef de bande des guerres napoleoniennes il faut mettre a part egalement la mysterieuse tradition des holocaustes de gasteynia ce serait tentant d y voir un souvenir de la guerre des albigeois perdu au fond du pays basque y reconnaitre la persistance du souvenir des temps ou l incineration de nos cadavres etait le mode habituel de sepulture est plus hasardeux encore car cette coutume correspond a un age beaucoup plus recent a l age du fer qui est celui de la construction des cercles de pierre de la montagne d occabe au dessus de la vallee de l iraty dans ces enceintes les fouilles ont fait trouver des cendres d incineration et des debris d urnes funeraires les morts des dolmens au contraire etaient ensevelis ce qui rend plus interessante la recherche des fragments de squelettes qu on peut y trouver encore c est qu ils ont permis aux archeologues aranzadi et barandiaran d affirmer que les pasteurs qui y etaient ensevelis etaient du meme type physique que les basques actuels ainsi en etait il des 14 squelettes que contenait le dolmen d artekosaro dans la sierra d urbasa ce type physique a re u le nom de race pyrenaique occidentale si les croyances populaires ne voient pas dans les dolmens des tombeaux elles en font par contre les demeures des paiens ou des ennemis de la foi chretienne en plusieurs endroits de france on les rattache aux maures ou aux sarrazins en pays basque on les appelle parfois jentiletche une grotte s appeile jentilkoba du nom que l on donnait aux paiens au moyen age les gentils mais les plus interessants noms de dolmens sont ceux qui font allusion aux mairuak les secta 124 teurs de mari ou mairi l antique divinite feminine qui habite dans les cavernes et la nuit parcourt le ciel2 les mairuetche sont nombreux dans les provinces basques espagnoles il est curieux de constater que le souvenir de mairi reste attache a des monuments construits par des hommes qui avaient refoule les mairus avec leurs croyances au fond des forets et des grottes ou ils sont devenus des personnages legendaires les constructeurs des dolmens etaient en effet des adorateurs du soleil ortzi dispensateur de lumiere de chaleur et de vie c est dans la direction du soleil levant que sont orientes tous les dolmens du pays de cize comme si les rayons de l astre surgissant derriere la montagne d en face devaient penetrer sous le toit du tombeau par l ouverture de l entree et rechauffer une fois par an les ossements du mort lui communiquant une nouvelle vie mysterieuse dans l au dela les connaissances astronomiques des constructeurs des dolmens basques sont inscrites dans l orientation donnee aux chambres funeraires mais celles ci supposent aussi une connaissance precise des rapports des nombres les dimensions de ces monuments varient peu les chambres sont des rectangles de 2 metres sur 1 metre ou de 3 metres sur 1 m 40 les epaisseurs des montants sont egalement constantes 30 a 40 centimetres quelle que soit la roche employee ainsi que l epaisseur de la dalle de couverture les dalles laterales presentent toujours une inclinaison vers le caveau et la dalle du fond a tres souvent une forme nettement triangulaire ceci est particulierement visible sur les dolmens d archuita a arron do et de boulountza il faut donc supposer chez les populations qui ont entrepris l erection de pareils monuments une organisation collective tres developpee et l intervention de techniciens capables de calculer et de resoudre les problemes de transport de manipulation et d equilibre que supposait la mise en place de masses pesant plusieurs tonnes enfin et surtout on sent qu une volonte puissante a reussi a discipliner une masse humaine pour lui imposer une oeuvre gratuite et difficile dans une intention transcendentale la se trouve le vrai mystere des dolmens un mystere religieux il fallait une foi capable de soulever les montagnes a la lettre pour entasser ces blocs sans autre but semble t il que de proteger une depouille humaine et de lui assurer par l influence conjuguee des emanations de la terre mere et des rayons du soleil levant une seconde vie dans un au dela invisible les archeologues qui se sont attaches a l etude des civilisations megalithiques se sont trouves en presence d un phe 2 cette croyance dans la deesse chevauchant de nuit est attachee a de nombreux dolmens de la scandinavie au portugal on la retrouve aussi dans les pyrenees centrales ou elle est confondue avec herodiade reine des magiciennes 125 nomene religieux unique dans la prehistoire gordon childe a lance le mot de saints missionnaires pour qualifier les porteurs de cette croyance qui ont remonte les cotes du portugal et de la galice jusqu aux iles britanniques pour transmettre avec le culte du soleil des morts ces connaissances extraordinaires de mecanique et d astronomie heritees on le devine des anciens egyptiens c est d eux que yeskuara tient les noms qui designent les jours de la semaine aux trois premiers astelehen lundi astearte mardi asteazken mercredi ils ont ajoute le jour du soleil ou du ciel ostegun ortzegun jeudi et le vendredi ostirale ortzirale on peut ajouter aussi comme marque de cette place tenue par l astre du jour dans la pensee religieuse basque le nom donne aujourd hui encore a la fete de noel eguberri le soleil nouveau et l ostensoir le lt lt soleil saint iguski saindua encore faut il preciser qu il n y a dans l ame basque du xxe siecle aucune confusion entre le christ soleil de justice et l astre qui au milieu du ciel raconte sa gloire comme dit le psalmiste dans la bible mais c est par l esprit de collectivisme intelligent et efficace dont ils ont fait preuve que les pasteurs basques de l epoque des dolmens se sont montres des precurseurs de notre temps ils se sont soumis a un travail en commun penible dans les conditions prescrites par leur assemblee dans l interet de tous pour s assurer la protection des morts sur les membres vivants de la tribu c est pourquoi le collectivisme primitif de leurs premieres institutions est un des elements majeurs qui ont assure la survie et l integralite de ce peuple jusqu au xxe siecle le phenomene le plus caracteristique est celui de la propriete collective du sol les populations pyreneennes vivant de la vie pastorale ont garde en indivision les paturages des hautes terres sachant que si elles les partageaient elles n en tireraient bientot plus rien sinon un etat de guerre perpetuelle elles ont invente les faceries ces traites millenaires de bon voisinage entre vallees des deux versants les premiers syndicats pastoraux bref comme on l a ecrit au sujet des ossalois ces pasteurs pyreneens si typiques ils n ont pas lu les savantes elucubra tions de karl marx mais ils ont fait du socialisme sans le savoir il faut ajouter que toute la saveur de ce jugement vient du fait qu il a ete imprime dans la revue des pyrenees en 1895 il se revele aujourd hui d une actualite qui fait reflechir quand on se rend compte de la vitalite et des promesses d avenir que donnent les syndicats pastoraux de la montagne basque dont les paturages contiennent encore les dolmens ces tombeaux sanctuaires des premiers syndicalistes traduisent eloquemment la formule un pour tous tous pour un b duhourcau 126 lutcht n arro vdo archuitat cercles de pierre ou aratz j dolmen s srjear vleouepmi h h a eta l t v estfkrfn bouloua t a n b1lgo e r m6ijdive a iskohfobt ar wa 6a f cnu erasa n j nt harfv a carte des dolmens du pays de cize rsi zuloaga l oeuvre de ignacio zuloaga a ete etudiee par les plus grands critiques je pense du monde entier nous ne connaissons que les fran ais et les espagnols les fran ais s appelaient arsene alexandre camille mauclair charles maurice parmi les premiers en date l annee 1903 paraissait un numero du figaro illustre entierement consacre au peintre d eibar avec 29 reproductions de ses toiles et un texte d arsene alexandre a cette epoque zuloaga avait 33 ans vingt deux ans plus tard en 1925 c etait la revue l art et les artistes qui publiait un numero sur zuloaga signe de camille mauclair illustre de nombreuses photographies deja en 1913 le meme mauclair avait fait paraitre dans la revue allemande jugend une etude sur lui avec reproductions des tableaux en couleurs chose assez rare a l epoque en espagne au debut du siecle nous trouvons les noms de luis bonafoux gomez carrillo maeztu et plus tard juan de la encina et jose frances celui ci a l occasion d une exposition du peintre basque a zaragoza en 1916 pronon a une conference qui fut reproduite dans la presse et eut un certain retentissement plus tard la celebrite de zuloaga etant devenue mondiale le nombre d articles qui lui furent consacres ne se compte plus mais le travail le plus considerable a son sujet a ete le monumental ouvrage de enrique lafuente ferrari illustre d environ cent soixante heliogravures de ses oeuvres et plus de deux cents pages de texte ce volume a paru en 1950 c est a dire 5 ans apres le deces de zuloaga qui eut lieu en 1945 a madrid notre intention dans ce petit travail est beaucoup plus modeste elle se borne a evoquer quelques souvenirs personnels soit des salons ou nous vimes des toiles de l artiste ou de nos visites a son atelier de montmartre parfois a certaines reflexions que nous lui avons entendues en aucun cas la moindre pretention a la critique ni a faire oeuvre d historien 128 rout au plus quelques pensees qui viennent a l esprit quand on admire un artiste ou une oeuvre d art dans les annees qui precederent la grande guerre de 1914 j etais encore un tout jeune homme et me trouvais a paris ou je passais quelques hivers et printemps car a l approche de l ete je revenais au pays basque paris etait a l epoque une ville pleine de surprises et de ressources pour un jeune homme qui s interesse aux choses de l art que de decouvertes dans les musees dans les salons chez les libraires sur les quais partout enfin on avait le temps de flaner la ville n etait pas encombree d autos la circulation facile il etait agreable de se rendre a pied au louvre j habitais rue bonaparte pres de la rue jacob au jardin du luxembourg au petit musee de cluny au carnavalet si la distance a parcourir etait trop longue on pouvait prendre l omnibus a chevaux et a imperiale ce qui permettait de connaitre sans fatigue les grandes arteres qui traversant les arrondissements et la seine passaient au pied de notre dame ou par le pont royal suivaient les tuileries pour des yeux neufs qui voient tout cela pour la premiere fois c etait un enchantement un monde inconnu aucune attache avec notre pays natal aucun lien un isolement total le premier choc que je ressentis comme un rappel de la race je le dois a ignacio zuloaga un jour que je visitais le musee du luxembourg mes yeux se trouverent tout a coup devant deux de ses tableaux dont l un represente les portraits de son oncle daniel et deux de ses filles les trois figures grandeur nature elles en mantilles et robes noires lui enveloppe dans sa cape foncee se detachent sur un fond clair un beau levrier se tient aupres d eux je ne connaissais pas encore sa peinture mais son nom etait deja familier a mes oreilles pour l avoir entendu prononcer a mon frere aine qui m avait precede dans la capitale je savais aussi que plusieurs peintres de bilbao ou basques habitaient ou avaient habite paris tous amis de zuloaga qui quoique d eibar etait leur proche voisin ignacio avait deja une grande renommee en france et dans le monde et sa celebrite venant de l exterieur penetrait dans les provinces basques d espagne l autre toile du musee est intitulee la naine do a mercedes elle se tient droite debout face au spectateur serrant contre son corps une boule en miroir sa figure toute en rondeurs est plutot laide peut etre zuloaga pensait comme gauguin que le laid peut etre beau le joli jamais deja bien des annees avant il avait montre a une exposition de bilbao en 1894 un portrait du nain don pedro en chapeau haut de forme et avec une cape qui lui arrive presque au sol 129 donc depuis sa jeunesse zuloaga avait alors 24 ans une sorte de gout pour les nains se manifestait gout qui devait aboutir un jour a la curieuse et magistrale figure de gre gorio el botero ce nain lui servit de modele une deuxieme fois pour son tableau intitule gregorio en sepulveda entre temps il avait peint un petit bossu portant sa guitare l air malicieux au centre d une tres belle composition formee de neuf personnages et un levrier qu il affectionne d autres chiens egalement figurent dans ses tableaux un charmant fox terrier se tient devant l elegante robe goyesque de l actrice consuelo un amusant pekinois sous le bras de madame louise un autre chien moins race a cote de la gitane a l eventail une andalouse parmi les sept autres de son tableau de bruxelles que je decrirai plus en detail tient a la main un tout petit jeune chien qu on sent peint avec amour pendant qu une autre caresse un grand levrier on devine que zuloaga aime les chiens j ai parle du groupe de peintres basques qui se trouvait a paris a la fin du siecle dernier en meme temps que zuloaga ils se nommaient manuel losada iturrino un des premiers fauves dont le portrait par son ami le peintre belge evenepoel se trouve au musee de gand le sculpteur paco durrio et pablo uranga qui jusqu a sa mort en 1934 fut le plus intime ami d ignacio il y avait aussi le paysagiste impressionniste dario de regoyos et plus tard juan echevarria peu d entre eux sont connus du grand public hors d espagne mais certains ont acquis une grande celebrite dans leur pays les deux derniers nommes sont brillamment representes au musee d art moderne de madrid ainsi qu a celui de bilbao a l epoque la plupart menaient a montmartre une vie de boheme pauvre car les tableaux des artistes independants ne se vendaient pas facilement le commerce bien organise n existait pas encore picasso lui meme qui etait leur voisin et leur ami se trouvait dans le meme cas et je pense qu il en etait de meme pour le groupe de catalans ramon casas pichot et d autres a l exception de santiago rusi ol qui lui etait fortune il m a semble interessant de nommer au moins ces artistes qui furent les compagnons de jeunesse de zuloaga de l epoque heroique dirons nous aujourd hui seul picasso connait la celebrite mondiale il est certain que la grande figure d ignacio zuloaga se detacha vite du groupe des basques il fut le premier a conquerir la gloire si je m attarde un peu avec ces artistes c est parce que je dois a l un d eux d avoir eu la chance d etre introduit aupres de zuloaga lequel eut la gentillesse d accorder son amitie a un jeune homme de son pays qui allait peut etre plus tard se lancer sur les chemins de l art l ami qui me presenta se nommait paco durrio le sculpteur ceramiste dont l atelier de l im 130 passe girardon etait bien connu des artistes de la butte et tout proche de la rue caulaincourt dans sa partie haute intime de zuloaga depuis les premieres annees il fut le seul a rester a paris jusqu a la fin de ses jours ami de mon frere aine il m accueillit comme un familier avec le coeur sur la main artiste d une grande finesse et d un talent exceptionnel double d un homme genereux je tiens a lui rendre hommage ici francis carco dans son livre l ami des peintres parle de durrio a plusieurs reprises mais c est surtout fernande olivier la premiere compagne de picasso qui ayant mieux connu paco en parle en termes plus sensibles dans son volume intitule picasso et ses amis c est donc avec lui que je franchis pour la premiere fois le seuil de l atelier de zuloaga apres avoir rencontre celui ci un jour ou il alla chez durrio pour voir l etat du monument au compositeur arriaga auquel paco travaillait depuis longtemps ce monument etait commande et destine a la ville de bilbao nous l avons vu pendant des annees dans l atelier car durrio travaillait lentement il fut inaugure aux environs de l annee 1932 mais fut remplace plus tard par un autre celui qui existe actuellement dans le jardin du musee il est helas bien different du premier mais la figure symbolisant la muse de l art se trouve plus habillee le socle seul est reste le meme l atelier de zuloaga au sixieme etage d une confortable maison de la rue caulaincourt etait un curieux melange de grande simplicite et de luxe extraordinaire simplicite par son absence de meubles tapis et autres ornements en honneur chez d autres peintres arrives grand luxe car les murs etaient garnis de tableaux du greco et de goya qui lui donnaient un aspect de salle de musee les toiles a lui posees par terre contre les murs dont on ne voyait que le chassis et le dos de la toile parfois celle a laquelle il travaillait reposait sur le chevalet pour les montrer a ses amis zuloaga les retournait avec complaisance c est la que je vis le portrait de lucienne breval dans le role de carmen assise de face le menton pose sur la main devant un fond de paysage une autre toile de la meme actrice la represente enveloppee dans un chale tout brode de motifs chinois ce tableau fut expose au salon de la nationale car zuloaga etait un exposant assidu tous les ans ses peintures y figuraient en bonne place et etaient un des attraits majeurs de ce salon une annee pourtant nous trouvant a l un des samedis ou il recevait dans son atelier un des visiteurs lui demanda vous n exposez pas au salon cette annee monsieur zuloaga non repondit il mais il y en a d autres qui exposent a ma place en effet en allant un jour aux artistes fran ais je vis une scene espagnole qui pour un oeil non averti pouvait preter a confusion on y voyait deux femmes en mantille le bas du 131 visage cache par l eventail si mon souvenir est exact une naine un type de segovie devant ce tableau je compris la phrase de zuloaga en ces annees la les salons abondaient en scenes espagnoles certaines de l ecole de bayonne signees d henri zo de ribera ainsi que des peintres iberiques daniel vazquez diaz et d autres dont carlos vazquez etait l un des plus remarques ses motifs attiraient les foules la fille prodigue le torero blesse sujets un peu romances chez zuloaga le style et le caractere montraient une puissante personnalite sa vigueur sa force et son dessin unis a un metier pictural complet se detachaient parmi tous tout cela etait l expression meme de sa personne ce qui montre la sincerite de son oeuvre chaque annee au debut de l hiver il arrivait de segovie avec plusieurs oeuvres importantes executees dans la vieille eglise desaffectee de san juan de los caba lleros ou il avait son atelier joint a celui de son oncle le ceramiste daniel dont il a peint plusieurs portraits moins nombreux toutefois que ceux qu il fit de ses celebres cousines sa capacite de travail etait prodigieuse pendant quinze ans au moins de 1898 a 1913 zuloaga a travaille dans cet atelier de cette periode segoviane datent surement beaucoup de ses tableaux dont le celebre el requiebro le mot piquant que nous vimes au salon les deux hommes intitule buveurs a segovie le poete don miguel etc pour ne parler que des premiers car par la suite dans les annees successives il devait executer la plupart de ses toiles les plus celebres neanmoins c est pendant les hivers parisiens qu il realisa bon nombre de ses portraits parmi lesquels celui de la comtesse de noailles actuellement au musee de bilbao avant de continuer il serait necessaire de faire un retour en arriere et parler ne serait ce que quelques mots de l epoque andalouse de zuloaga qui passa cinq ans a seville pendant lesquels il produisit une serie d oeuvres claires dont certaines fort belles que quelqu un definit sous le nom d espagne blanche lors d un voyage que je fis a bruxelles j eus l occasion d admirer au musee une magnifique composition datant de cette epoque 1893 a 1898 environ intitulee la veille de la course de taureaux deux groupes de femmes andalouses en mantilles et robes chatoyantes encadrent un paysage central et decouvert ou l on voit dans le lointain les taureaux dans la dehesa paturage et le village d alcala de guadaira nous apprend enrique lafuente le guardian a cheval un levrier une cloture en bois rustique sous un vaste ciel clair le tout savamment compose et ordonne cette grande toile avait figure a l exposition de barcelone de 1898 et avait obtenu la premiere medaille 132 comme nous l avons dit quittant seville zuloaga alla s installer a segovie de la riante andalousie il passa a l austere castille de l espagne blanche a l espagne noire et son art s en trouva transforme plus grave plus energique meme sa technique change la pate devient plus epaisse le clair obscur plus accentue ce fut une surprise que les sorcieres de san millan ce groupe de vieilles dont il raconta a ses amis de paris avoir fait poser toutes ensemble pour mieux voir son tableau avec ses ombres et ses lumieres et il ajouta pendant les seances il ne sentait pas bon dans l atelier nous n avions pas de peine a imaginer que le parfum de jasmin des belles andalouses etait deja loin une autre annee c etait la victime de la fete cette puissante evocation de la course vue de son cote tragique sans soleil ni musique elle nous montre la tristesse de ce malheureux cheval ensanglante cheval qui fut blanc et peut a peine porter son vieux cavalier aussi disloque que lui le ciel sombre tombant a la verticale ajoute encore a l impression que zuloaga a voulu exprimer ou bien les penitents cette etrange scene pour un autre pays que l espagne ou devant un christ crucifie en bois polichrome bien dans la tradition espagnole un penitent masque se flagelle jusqu au sang l originalite de cette composition vient surtout de la position diagonale de la statue du christ qui traverse la toile en biais comme pour une descente de croix alors que le penitent s incline dans le sens oppose on voit la grande importance que le peintre donne a la composition et au jeu des lignes d ailleurs il le disait lui meme composer composer composer et ces quatre torerillos de village avec au fond l enorme masse du chateau de turegano quelle beaute dans la technique des costumes de soie brodee d or ou d argent dans les plis des capes dans l energique dessin et les visages si expressifs le christ du sang se rapproche un peu de la scene des penitents que nous avons decrite par son esprit plutot que par la position des figures ici elles sont placees verticalement et droites ce qui leur donne un air statique le christ est comme dans l autre toile inspire d une sculpture ancienne en bois peint place au centre du tableau la croix est basse plantee dans le sol a hauteur d homme ce qui produit un effet de surprise nos yeux etant habitues aux peintures des siecles passes ou la croix est generalement grande ce qui place le christ beaucoup plus haut que les humains et plus pres du ciel ici il fait partie des statues vivantes qui l entourent la vie la mort tout n est qu un avec cette toile impressionnante zuloaga atteint la grande tragedie 133 quand il nous montra le cardinal comme quelqu un s extasiait devant la robe d un si beau rouge carmine dont l epaisseur du tissu fait de larges plis zuloaga raconta qu il avait commande specialement une gamme de trois tons faite d apres l echantillon d etoffe envoye a une fabrique de couleurs belge il dit aussi que afin que les plis ne changent si le modele se levait de son fauteuil il l avait peint du matin au soir dans une meme et seule journee sans prendre le temps de manger ni lui ni son modele qui etait un paysan de castille et non un vrai cardinal il faut une grande hardiesse pour entourer son principal personnage le cardinal des rideaux couverts de fleurs de la nappe de la table du meme tissu du tapis ornemente de dessins le tout devant un paysage rocheux et colore tant de choses auraient pu nuire au motif principal et quelle heureuse idee de placer la longue silhouette noire du jeune seminariste qui se tient debout derriere le vieillard zuloaga a peint un nombre considerable de portraits portraits d hommes de femmes en pied ou a mi corps souvent il place son modele dans un paysage les plus representatifs de cette formule sont ceux de barres devant tolede et celui de enrique larreta avec les remparts et la ville d avila comme fond il a explique lui meme qu un portrait etait pour lui un tableau il est certain que ces fonds creent le climat entre ces ecrivains et leurs oeuvres inspirees de l espagne parfois c est un simple paysage a l horizon bas sous un grand ciel le peintre arango devant son chevalet ou bien le grand tableau de famille ou son oncle daniel peint aupres de ses trois filles toujours souriantes dans certains portraits de femme le fond varie l elegance de la dame a la canne demandait un petit chateau fran ais dans le lointain l americaine mrs fearing se tient pres d une rampe en fer forge de style dans un parc aux belles frondaisons dominant des terrasses mais tres souvent aussi le fond de ses portraits est un fond uni et simple celui d un interieur ainsi pour son valle inclan au visage a la fine ironie encadre par sa belle chevelure et longue barbe grise il est assis dans un fauteuil les bras croises mais l une des manches est vide zuloaga aime egalement les objets que l on nomme inanimes natures mortes et les place aupres du modele ainsi pour manuel de falla ses papiers a musique ses livres l encrier en ceramique accompagnent tres a propos le musicien objets places sur une table pres de sa chaise malgre le ciel tourmente sur l alhambra de grenade qui entoure son crane denude de meme l ecrivain perez de ayala si naturellement installe dans un confortable et moderne fauteuil le cigare a la main ce qui semble compter le plus dans ces toiles c est l expression de vie dans ces visages si vigoureusement traites si 134 directs veritables etudes psychologiques on a l impression qu ils sont peints sans la moindre hesitation sans retouches et du premier coup il fallait pour cela avoir la science du metier qu il possedait a fond c est ce qui lui a permis d executer un nombre considerable d oeuvres car tous ses tableaux semblent peints avec facilite avec une grande aisance et cela depuis sa jeunesse si la plus grande partie de l oeuvre de zuloaga est consacree a la representation de la figure humaine il n a pas pour autant renonce au paysage paysages d espagne paysages de caractere vieilles fa ades de maisons dans les villages de castille ou d aragon petites places presque solitaires parfois animees d une diligence vide ou d un fiacre comme celui qui attend devant la fa ade sculptee du palais de pe aranda a tarazona il peint la casa del obispo a lerma celle del botero encore debout grace a ses piliers de bois segovie la nuit ou deux hommes s enfoncent dans une ruelle enveloppes dans leurs couvertures rayees a najera comme a haro a albarracin partout zuloaga trouve matiere a peindre dans une belle pate epaisse les vieilles pierres les briques les balcons restes des epoques passees miraculeusement conservees jusqu a nos jours les puissants chateaux egalement l inspirent celui de cuellar masse imposante au pied de laquelle un petit groupe d hommes et deux chevaux donnent la proportion l echelle de l architecture les cathedrales de segovie de burgos il n y a pas de doute zuloaga est le peintre de l espagne et non seulement par les motifs mais aussi par l expression de sa force au hasard d une de mes promenades dans le quartier des marchands de tableaux j eus la surprise de trouver en vitrine de la galerie bernheim deux superbes eaux fortes en couleurs faites d apres les tableaux de zuloaga aujourd hui tres connus et celebres mais a l epoque plus rares parce que moins vulgarises par la reproduction ses trois cousines dans un paysage et les sorcieres de san millan les jeunes et les vieilles je songe aux deux tableaux de goya du musee de lille que je ne devais connaitre que plus tard et d ailleurs totalement differents seul l age des femmes m y fait penser la gravure a l eau forte en grand format exige une technique savante et parfaite plus specialement si elle doit respecter la ressemblance avec l original quand il s agit d une copie et meme ses couleurs or ces gravures etaient parfaites du moins je les trouvais telles aujourd hui ou la reproduction mecanique arrive a faire des merveilles le travail a la main d autrefois avec son cote artisanal quoique plus meritant peut etre reste quelque peu eclipse momentanement 135 je me penchais pour voir la signature et je lus pierre labrouche pour moi un inconnu mais en realite l inconnu c etait moi car lui avait deja une belle reputation de graveur je ne me doutais pas fige devant cette vitrine parisienne que bien des annees plus tard pierre labrouche deviendrait un de mes bons amis que nous exposerions ensemble que nous ferions des voyages pour peindre la navarre region pour laquelle il avait une speciale predilection et que j aimais aussi finalement que nos deux ateliers seraient a tel point voisins qu ils se trouverent dans la meme maison du quai de ciboure qui venait d etre baptise quai maurice ravel du vivant du grand compositeur nomme plus tard conservateur du musee bonnat de bayonne il alla habiter cette ville ou il mourut en 1958 pour revenir a zuloaga qui d ailleurs etait un ami a lui le nouveau cercle des beaux arts de madrid qui voulait marquer son inauguration par un grand evenement avait obtenu de zuloaga la promesse d une grande exposition a son retour d amerique ou il avait expose non seulement a new york mais dans plusieurs villes y compris la havane c etait en 1926 l idee d assister a cet evenement unique qui nous donnait l occasion de voir reunis bon nombre de ses tableaux de le voir lui meme aussi germa si bien parmi les trois amis que zuloaga avait a ciboure que le voyage a madrid fut rapidement decide perico ribera pierre labrouche et moi partimes un beau matin dans l auto de ribera dans la direction du sud apres un voyage pittoresque nous arrivames au cercle installe dans un grand et moderne edifice ou les 40 toiles de zuloaga exposees pour la premiere fois a madrid depuis les insucces de sa jeunesse constituaient presque un defi au temps passe quand ses envois a l exposicion nacional etaient relegues a la salle du crime on appelait ainsi la salle des refuses cette fois il n y eut plus de discussion et son succes fut definitif ignacio se montra content de voir que nous avions fait le voyage depuis ciboure et nous invita a diner au figon del segoviano en compagnie de son ami arbos le chef d orchestre quelque temps apres le hasard me ramena a mon ancien quartier de paris le 6e arrondissement je faisais ma deuxieme exposition et la galerie artiste et artisan etait situee au boulevard saint germain entre la rue des saints peres et la rue du bac un jour en rentrant comme a l habitude je trouvais quelques mots ecrits au crayon sur un de mes catalogues poses sur la table je regrette beaucoup de ne pas vous voir je vous felicite ignacio zuloaga ainsi il s etait derange pour venir de si loin depuis montmartre pour voir l exposition du jeune basque qu il avait encourage autrefois 136 ce geste me toucha profondement et je ne l ai jamais oublie le pays basque n inspirait pas beaucoup zuloaga cependant nous connaissons plusieurs oeuvres guipuzcoanes de sa premiere jeunesse une toile fontaine a eibar ou sont groupees cinq femmes et autres figures il n avait que 18 ans et peignait les types qui l entouraient une autre intitulee une course dans mon village ou seul le fond nous semble basque peut etre aussi le nain don pedro plus tard il realisa son tableau amarretako qui se trouve au musee de berlin peint a elgueta en 1905 quatre paysans assis a table dont le plus basque nous parait etre celui vu presque de dos au premier plan parmi d autres choses le portrait d un vieux paysan en pied avec des abarcas et son long baton ainsi que le bertsulari ou poete basque assis avec une cape sur les epaules tete magistralement peinte en pleine pate est ce que le pays ne lui semblait pas assez fort pour son temperament pas assez passionne 137 il a ecrit j aimerais peindre a coups de poing mais il ajoutait et des douceurs par endroits il est possible neanmoins que son caractere de basque apparaisse dans ses oeuvres a sujet castillan ou d une autre region sa vigueur l independance de son art cette ligne droite qu il avait suivie sans regarder ni a droite ni a gauche dit par lui meme refletent peut etre le fond secret de son pays lafuente ferrari nous dit qu il avait la force personnelle du basque incorruptible zuloaga qui a vecu tant d annees a paris au temps des grands bouleversements des impressionnistes symbolistes cubistes etc ne s est jamais laisse influencer par un courant quelconque et la mode cette qualite de l esprit parisien n a fait que glisser sur lui a la parution du cubisme au salon d automne il y eut un moment de stupeur on sait les discussions qu une telle revolution apportait dans les milieux artistiques zuloaga eut ce mot picasso etait extraordinairement doue pour etre un tres grand peintre jusqu au moment ou il est sorti de la peinture pour entrer dans ce qu on appelle le cubisme dommage et cette autre reflexion entendue par moi rue caulain court j eleverais un monument a picasso a la place de la concorde pour s etre moque du monde entier nous terminerons notre causerie sur ces mots ramiro arrue 1966 revue des revues suite annee 1966 revue euskera nos x xi 1965 1966 lexicon del euskera dialectal de eibar t echebarria revue regionaliste des pyrenees janvier juin 1966 causerie temoins de leur pays louis ducla discours pour la reception de m roger grenier jean lebrau discours de remerciement roger grenier a la source et l etang rosa bailly b en passant paul bailleres le mariage en bearn j j cazaurang elements du chateau de pau retrouves gerard coze a sur ma maison pyreneenne irene de mourot b apres une visite eric g1ldard souvenir d un soir d ete a lucq de bearn denis labau place royale andre ruis a lettre du languedoc b route de pietat jean lebrau roses de noel osmin ricau la vie artistique pyreneenne andre sar rail a assemblee generale b les echos et les livres juillet decembre 1966 causerie immortelles et lauriers louis ducla reception de francis ambriere louis ducla souvenirs sur francis jammes a martignon oloron juran on irene de mou rot soleil couchant rosa bailly la maison bearnaise la cuisine j j cazaurang lettre du languedoc jean lebrau a propos d une ballade en l honneur de mathieu de foix bearn p tucoo chala petite suite d ete j p de ladeveze a en souvenir de paul mirat denis labau b le souvenir de paul mirat andre ruis en parcourant le bearn a pied l laborde balen de sainte colomme a asson couet lanne en vic bilh constant lacoste a promenade a garlin et aire andre sarrail b discours du maire de garlin henri sibor c allocution du president louis ducla le souvenir de victor ducla allocutions de mm sarrail ducla et tachon la vie artistique andre sarrail a assemblee generale b les echos et les livres 139 boletin del instituto americano de estudios vascos n 64 elistoria vasca euskalerriaren ixtoria victor ruiz ani barro el culto a san ignacio de loyola en la argentina enrique de gandia la actuacion de gerardo y llach en la reconquista y defensa de buenos aires f de abrisqueta el caserio vasco ralz de la nacionalidad jose antonio de aguirre fin de la dinastia pirenaica j r madaria el oidor perpetuo del peru don pedro ortiz de zarate joaquin gamboa poesla y musica en las canciones de sabino de aiana juan jose guaresti h dr jorge artayeta fr b de a r p fr miguel de alzo capuchino bibliografia n 65 sexto centenario de guernica gernikaren seirun urteak j r de madaria el adelantado don juan ortiz de zarate f de abrisqueta el caserio vasco ralz de la nacionalidad justo garate historia del platino en suecia andres de irujo la hermandad panvasca y la argentina joaquin de gamboa poesla y musisa en las canciones de sabino de arana fr bonifacia de ataun o f m cap hungaros y vascos informaciones inventario bibliografico vasco n 66 en el sesquicentenario de la independencia argentina fr bonifacio de ataun capuchino dos libros grandes justo garate los vascos en sarmiento enrique de gandia los a destinos de la lengua castellana en la america antes espa ola f de abrisqueta el caserio raiz de la nacionalidad pedro maria de irujo juana manuela de gorriti t de kuthuna el naranjo nabarro llamado el gran condestable andres maria de irujo d juan jose nagera ezcurra patricio jaca otano natalio larumbe informaciones inventario bibliografico vasco n 67 los vascos escriben su historia euskaldunak ixtorizale enrique de gandia la plazuela de las catalinas y la suspension de sobremonte justo garate los vascos en sarmiento continuacion ildefonso de gurruchaga el fundador del nacionalismo vasco andres maria de irujo ezpeleta fundador de victoria fr bonifacio de ataun capuchino la imprenta de sebastian de amorrortu a m de i centenario de grandmontagne s rubio i tuduri seria el euzkera la lengua de los celtas andres maria de irujo leo goti 1877 1966 eloy l placer en la new berry library de chicago carmen balzer diario de mar y cielo de lore de gamboa andres ma de irujo lompipa relatos de un duende vasco indice de 1966 agur decembre 1965 janvier 1966 la vie de la societe la messe du souvenir manech projets lapurdanus au groupe biltzarra calendrier basque tardets la vie de nos societaires changement d adresse distinction deces fian ailles carnet rose a tra 140 vers le monde basque cocktail de nouvelles breves fevrier mars 1966 la vie de la societe epiphanie 1966 manech la nuit des basques harispe entraide tardets annonce la vie de nos societaires distinctions echos deces mariages fian ailles carnet rose a travers les revues avec le monde de la pelote au fil des jours avril mai 1966 la vie de la societe voyage a paris sortie de paren tis au groupe biltzarra ou en est l eskual etchea les amis de la maison tardets annonce la vie de nos societaires echo deces mariages carnet rose avec le monde de la pelote au fil des jours juin juillet 1966 la vie de la societe mes impressions pharkatu j de s une perilleuse traversee lapurdanus ou en est l eskual etchea les amis de la maison au groupe biltzarra voyage en grece tardets la vie de nos societaires echos entraide deces mariage carnet rose a travers le monde basque avec le monde de la pelote au fil des jours aout septembre 1966 la vie de la societe la fete des basques a parentis harispe notre sortie a maubuisson j r e ou en est l eskual etchea les amis de la maison au groupe biltzarra le pays basque au sacre coeur tardets la vie de nos societaires m l abbe car abal nous quitte distinctions echo entraide deces mariages carnet rose au fil des jours octobre novembre 1966 la vie de la societe le pelerinage a lourdes sortie en dordogne entraide ou en est l eskual etchea les amis de la maison au groupe biltzarra la vie de nos societaires deces mariages carnet rose nos auteurs pays basque paul bellat le beret de dominiche guy sabatier les chataignes jouhagne prise d habit a anglet a travers le monde basque avec le monde de la pelote au fil des jours decembre janvier 1966 1967 la vie de la societe la messe du souvenir la fete du trinquet au groupe biltzarra rectification la vie de nos societaires deces mariages carnet rose nouvelles mutations de nos pretres foyer pour jeunes filles annonce nos auteurs l absence j de boisvert conte de la veillee manech reponse a une camboarde martin etche baster capitaine corsaire a propos des langues regionales a travers le monde basque revue des revues les recettes de gachucha au fil des jours bibliographie ch samaran la gascogne dans les registres du tresor des chartes coll de doc inedits sur l histoire de france serie in 8 vol 4 paris bibliotheque nationale 1966 xvi 308 pp in 8 basques et bayonnais connaissent bien m charles samaran qui en 1963 voulut bien presider en personne le congres et les ceremonies qui marquerent le centenaire du dictionnaire topographique des basses pyrenees oeuvre de paul raymond plus encore que ses titres scientifiques m ch samaran est membre de l institut president de la section de philologie et d histoire du comite des travaux historiques et scientifiques directeur honoraire des archives de france les travaux que depuis plus d un demi siecle a publies m ch samaran provoquent l admiration et l etonnement par leur nombre leur interet et leur diversite a un age ou beaucoup ont meme fini de prendre leur retraite m ch samaran entre deux voyages a l etranger poursuit inlassablement son oeuvre gascon de ce coeur de la gascogne qu est le gers m ch samaran compte dans sa bibliographie de nombreuses etudes sur le pays de ses ancetres auquel il est reste fidele malgre l exil impose par ses hautes fonctions de cette fidelite son plus recent ouvrage est une nouvelle preuve un detail en dira plus sur ce point que d eloquentes considerations au n 1301 de ses analyses figurent des documents concernant sorde avec la mention publ a degert et ch samaran bul societe de borda 1908 pp 133 144 ainsi m ch samaran a le rare bonheur et le merite de pouvoir citer un de ses propres travaux apres cinquante huit ans m ch samaran depouille depuis des annees ces registres du tresor des chartes qui contiennent plus de 100 000 actes de nature tres diverse et en a extrait les actes qui concernent la gascogne et dont il publie aujourd hui les analyses avec la collaboration de m pierre mouleau 2171 documents dates de 1300 a 1568 sont ainsi mis a la portee du public avec des index qui en facilitent la recherche il s agit ici de la gascogne lato 142 sensu puisque m ch samaran n ecarte ni les actes interessant le comminges ni et nous devons lui en etre reconnaissants ceux relatifs au labourd a la soule et meme au royaume de navarre qui eut comme rois les rois de france de 1285 a 1328 voila certes un imperialisme que personne ici ne reprochera a m ch samaran de fait l historien basque ou bayonnais devra longuement puiser dans ce si riche inventaire 179 actes interessent la navarre trans et cis pyreneenne 59 bayonne 26 la soule et 23 le labourd une vingtaine d autres concernent les possessions des gramont la vicomte d orthe capbreton labenne sorde les moulins sur l adour qui interessent de pres notre histoire et aussi des basques epars de caumont en condo mois a castelnau de medoc cette statistique a son eloquence par sa nature meme un tel ouvrage echappe a la synthese d une part les actes qu il analyse sont tres divers pour ne pas dire disparates documents politiques ou administratifs de portee generale concessions a des personnes ou a des institutions et surtout vers la fin quantite de lettres de remission pour meurtre par exemple en outre l interet de tel acte depend essentiellement du chercheur lui meme ou de ce qu il cherche enfin cet inventaire ne dispense certes pas de recourir au document lui meme il y incite et il facilite cet acces nous nous limiterons a citer presque au hasard des actes divers pour bayonne apres des mesures prises en 1317 en faveur d amat de soubist et de michel de manx qui pour avoir tenu le parti du roi de france en 1295 durent s exiler au retour des representants du roi duc nous trouvons au lendemain de l entree des fran ais les documents essentiels qui regirent la vie de la cite sous la periode monarchique organisation municipale union a la couronne confirmation des privileges des foires des statuts de divers corps de metier organisation de la monnaie de meme figurent les textes de fondation de la collegiale de saint esprit enfin si l objet des lettres de remission ou de legitimation peut sembler minime quels renseignements de premiere main n apportent elles pas sur la vie quotidienne les archers ecossais semblent avoir ete particulierement turbulents les portes de la ville etaient peu sures c est a la porte saint leon que saubat de maresclane tua etienne dalotz hirigoyen dans une rixe issue d une partie de jeu dit blanc et noir ou trinquet et un crime semblable fut commis vers 1526 apres une partie de galingot dans une garite hors la porte dite lo chepaillet la preparation d une chasse aux sangliers finit tout aussi mal bertrand de feriat sans doute hiriart argentier fraudait sur les metaux precieux jacmot d etcheverry et martin de guerre se livraient au trafic des devises entre bayonne et rouen le maintien de la monnaie a bayonne est justifie par le fait que bayonne recevait des lingots du perou et du portugal et que les rivieres du pays de basque charriaient des paillettes d or etc 143 pour le labourd la recolte est egalement riche apres 1451 confirmation des coutumes en 1462 erection de la baronnie d espelette la meme annee infeodation a gacien de luxe seigneur de saint pee de deux mines de fer a ainhoa troubles provoques par les difficultes conjugales de marie d ur tubie construction d un moulin a urrugne foires d urrugne administration de saint jean de luz etc pour avoir nous memes publie dans gure herria en 1964 et ceci grace a l amabilite de m ch samaran les lettres de remission accordees a pierre de haitze nous savons combien ces documents abondent en details precieux et pittoresques remarquons en passant que sorhouette designe ici non pas un quartier d irouleguy mais une maison d ustaritz et de jatxou l erection de la terre de sorhueta en caverie avec basse justice en 1566 est interessante il semble bien que la monarchie fran aise du moins au debut ait plutot encourage la petite feodalite jusque la presque inexistante en labourd ce cas est a rapprocher de ceux d espelette et d arbonne encore un document certainement tres curieux et que nous avons hate de connaitre integralement les lissardy de biriatou tuent involontairement johannes de sopite qui les avait injuries au cours d une dispute avec des filles qui jouant de petits tambourins au pied d un mai sur la place de hendaye avaient exige d eux de l argent venons en au pays de soule nombreux sont les documents sur les descendants en gascogne et en navarre des vicomtes de mauleon de meme nombreuses sont les preuves de tractations entre le roi de france et gaston de foix a propos de mauleon et de la soule certains documents apportent des precisions sur les interminables rivalites des luxe et des gramont quant aux nombreuses lettres de remission elles sont pour le moins interessantes pour l onomastique ancienne de la soule si pauvre jusqu a present et sans doute a bien d autres egards c est evidemment entre 1303 et 1328 que se situent les documents les plus nombreux et les plus importants interessant la navarre pour nous en tenir a la basse navarre ou aux personnages originaires du nord des pyrenees les ezpeleta et les mauleon reviennent tres souvent mais on trouve egalement les larramendy oilloqui alzu etc certains actes concernent labastide clairence en particulier le partage du bois de gal harregui avec l arberoue ou saint jean pied de port les documents sur ronceveaux ceux relatifs a son marche ou aux biens de l hopital sont egalement interessants pour notre region plus tard ce sont des lettres de naturalite pour des navar rais residant a bayonne des remissions pour des navarrais batailleurs tel ce palento de harichague de saint jean pied de port qui tua bertrand de sarres a l issue d une partie de cartes n oublions ni l institution de foires et de marches a peyre 144 horade et a capbreton ni certains basques emigres comme domingo d alienaguyn de tolosa a condom haracet et heriat a castelnau de medoc on pourrait multiplier les exemples l index tres complet tres soigne est de la plus grande utilite on nous permettra cependant quelques mises au point alzu est bien dans le canton de saint jean pied de port a saint michel le vieux il faut retablir althabe goity barraute goya gue harichague hiribeity irigaray loqui est sans doute oillo qui on s etonne de l absence de saint etienne d arribelabourd autrefois paroisse aujourd hui quartier de bayonne alors que saint esprit qui a la meme situation administrative figure saint martin en labourd est soit a villefranque soit a larres sore mais dans le canton d ustaritz et non dans celui de has parren ces quelques remarques n enlevent rien a la tres grande utilite de l ouvrage qui permet d avoir des vues nouvelles sur l histoire de tout le sud ouest et qui met a la disposition des historiens ces textes sans lesquels on ne fait pas l histoire e goyheneche le directeur gerant j haritschelhar imp s sordes bayonne le musee basque i rue marengo bayonne la tradition basque la tradition bayonnaise le musee de la pelote basque heures d ouverture juillet aout septembre 9 h 30 12 h 30 14 h 30 18 h 30 du ier octobre au 30 juin 10 h 12 h 14 h 30 17 h 30 ferme dimanche et jours feries
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